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La chronique des arts et de la curiosité — 1863

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Nr. 35 (10 Septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26562#0305
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298

LA CHRONIQUE DES ARTS

viron, et celle des prêts dépasse 50,000,000.
Les achats se sont élevés à 1,500,000 fr. Le
musée contient 60,000 objets; il avait reçu,
en 1852, 45,000 visiteurs ; 605,000 y sont entrés
en 1861, et 2,800,000 dans les cinq dernières
années. On a envoyé successivement dans
trente-sept villes un musée d’art et d’indus-
trie, qui est renouvelé après chaque voyage
et qui est formé de matériaux empruntés au
musée central et appropriés à chaque cercle
manufacturier. 640,000 personnes, fabricants
et ouvriers pour la plupart, ont visité ce mu-
sée. De semblables musées ont été fondés
dans une quarantaine de villes. On commence
à ressentir à peu près partout l’influence d’un
plus grand nombre de professeurs de dessin
et de dessinateurs de fabrique. Des fabricants
de Nottingham, de Manchester, de Coventry,
de Sheffield, de Worcester et du Staffordshire,
reconnaissent que leurs meilleurs dessina-
teurs sortent des écoles d'art, et que, grâce à
eux, le caractère général du dessin et des
formes a été modifié de la façon la plus
heureuse.

Avant dix ans, l’industrie anglaise aura plus
d’un million de travailleurs qui auront acquis,
dans plusieurs années d'école, de saines no-
tions d’art et de science, et une pratique intel-
ligente du dessin; les musées et les collec-
tions ambulantes auront rendu familiers à
plusieurs millions de fabricants et d’ouvriers
les styles de tous les pays et de toutes les
grandes époques, les plus beaux types de
l’ornement et les modèles les plus réputés en
tous genres.

En Autriche, la Société industrielle de la
basse Autriche, des comités fondés à Prague,
les chambres de commerce -de Vienne, de
Brunn, etc,, se sont également mis à l’œuvre;
le dessin et les éléments des sciences sont
enseignés dans plusieurs milliers d’écoles, et
plusieurs musées d’art et d’industrie seront
bientôt ouverts à Vienne e't à Prague.

La Belgique , qui occupe une si grande
place dans 1 histoire de l’art, appliquera cer-
tainement sa puissance artiste à l’industrie,
comme elle l’a fait aux xv% xvie et, xvile siè-
cles avec tant d’éclat; plusieurs causes retar- j
dent ce progrès, mais la Belgique est prête.
Les rapports faits par M. Alvin, en 1853 et
en 1855, sont le point de départ de nouveaux
efforts. Une collection d’ouvrages sur l’art,
la décoration et l’architecture, a été formée
au musée de l’industrie belge ; l’association
pour l’encouragement et le développement
des arts industriels poursuit sa tâche avec
succès et, depuis 1853, a ouvert 5 expositions

et 33 concours; 8,000 jeunes gens suivent les
cours de 50 écoles des beaux-arts, fondées,
pour la plupart, sous le gouvernement de
Marie-Thérèse; 12 é coles d’industrie ont été
réorganisées ou créées de 1859 à 1862; l’en-
seignement du dessin, déjà très-répandu,'est
à la veille de l’être encore davantage.

Dans le Wurtemberg, il existe 4 écoles
supérieures d’industrie, des écoles d’arts et
métiers sont établies dans toutes les villes,
et le dessin est enseigné dans presque toutes
les écoles élémentaires. C’est l’œuvre de dix
années; une grande part de l’honneur de
l’avoir conçue et réalisée revient à notre
collègue, M. de Steinbeis, directeur général
de l’industrie du royaume. Une organisation
aussi complète est en cours d’exécution en
Prusse, en Bavière, en Saxe, dans les grands-
duchés de Bade et de Hesse, et a reçu dans
chacun de ces pays de très-intéressantes mo-
difications. Schinckel et Beuth ont tracé, à
Berlin, le meilleur plan de ces écoles et de
ces études. La Bavière a déjà 30 écoles d’arts
et métiers, dans lesquelles l’enseignement
du dessin occupe, comme dans les écoles
primaires et les écoles du dimanche, une
place importante.

La Russie, la Suède et le Portugal prépa-
rent l’organisation d’écoles et de musées, en
profitant de l'expérience et des exemples de
la France et de l’Angleterre.

Ces entreprises et ces efforts méritent qu’on
y prenne garde. Nous avons montré, dans
notre rapport sur l’Exposition universelle de
1851, combien ils sont menaçants pour notre
industrie, et M. le comte de Laborde avait
donné un semblable avertissement à la même
époque et avec plus d’autorité que nous.

La chambre de commerce de Lyon, seule,
s’est inquiétée des développements du dépar-
tement anglais de la science et de l’art, et
des progrès des fabriques anglaises; elle a
compris le sens pratique et sérieux du musée
de South-Kensington. Elle a fondé, en 1858 *,
un musée d’art et d’industrie dans les mêmes
vues, mais sur un plan qui est plus en rapport
avec les moyens dont elle dispose, et qui est
mieux approprié aux besoins des industries
lyonnaises. On a applaudi à son initiative, on
n’a pas suivi son exemple.

Les temps sont changés : la liberté du com-
merce, qui paraissait, il y a dix ans, si loin
de nous, donne aujourd’hui une force nou-
velle à notre industrie, et, tout en s’accordant
sur notre supériorité présente dans les arts

1 Délibération du 27 septembre 1858.—Le musée
sera ouvert en 1863.
 
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