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La chronique des arts et de la curiosité — 1863

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Nr. 39 (10 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26562#0337
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LA CHRONIQUE DES ARTS

« Les dessins qui sont mis en vente ont été
exécutés pour mettre à la portée des graveurs
les originaux du musée de Versailles, et
forment comme un second musée, réduction
du premier ; on peut regretter qu’ils ne de-
meurent pas réunis, mais la collection suc-
combe sous son importance même.

« Très-peu d’artistes ont été appelés à
concourir à ce grand travail,qui s’est accompli
de 1835 à 1850 ; les uns y ont apporté, comme
MM. Steuben, Calamatta et Mercuri , des
noms déjà européens; d’autres, plus jeunes,
MM. Hébert, Sandoz, Girardet, Massard et
Lambinet, y sont venus conquérir les premiers
titres à leur réputation. Ces artistes ont été
dirigés d'abord par M. Steuben, ensuite par
MM. Mercuri et Calamatta, qui ont contre-si-
gné chaque dessin.

« La partie iconographique occupe une
place importante dans la collection; on y
compte plus de 1,400 portraits. Quelques-uns
d’abord sans nom d’auteurs, avec la seule
indication des collections de famille d’où ils
ont été tirés, puis les noms des artistes appa-
raissent avec Porbus , Cranach , Holbein,
Vélasquez.Van Dyck,Philippe de Champagne,
Rigaud, Vanloo, Vouet, Largillière, Le Nain,
Nattier, Greuze, Lawrence, et la liste se ter-
mine par tous les portraitistes contemporains.
Les tableaux du temps ont été traités avec
toute la considération qu’ils méritent; nous
n’en citerons pour exemple que les deux
portraits de Montmorency et dTsabeau de
Bavière, dessinés par Calamatta.

« C’est à M. Hébert que l’on doit la repro-
duction de la plupart des statues de Versailles.
Chaque époque est fortement caractérisée
dans cette intéressante galerie. Le talent de
M. Hébert s’est prêté à toutes les expressions
que l’art a revêtues à travers cette suite de
siècles. La statue de Jeanne d’Arc, d’après
la princesse Marie d’Orléans, termine son
œuvre.

« La suite des portraits de la famille d'Or-
léans , d’après Winterhalter , dessinés par
M. Sandoz, au crayon rehaussé, avec des
procédés qui lui sont particuliers, forment
un ensemble remarquable.

« Horace Vernet, le peintre de l’armée fran-
çaise, se trouve tout entier à Versailles, dans
la galerie desbatailles, les salles de Constan-
tine, de la Smala et de l’Isly. Ces compositions
n’ont rien perdu de leur vie et de leur verve
sous le crayon de MM. Massard et Girardet ;
peut-être même qu’en les réduisant ils ont pu
faire mieux ressortir l'ensemble et l’harmonie

de ces pages, que l’œil ne peut embrasser
d’un seul regard sur l’original.

« Nous devons faire remarquer, en termi-
nant, que la plupart des dessins de la collec-
tion de M. Gavard doivent au talent de ceux
qui les ont exécutés une valeur intrinsèque
indépendante de l’œuvre qu’ils reproduisent;
c’est à ce titre que les portraits de M.Sandoz,
les dessins rehaussés de la Smala ou d’Isly,
par MM. Massard, Girardet, etc., ont été
admis aux expositions annuelles des beaux-
arts de 1836 à 1850. »

Nous avons visité, chez M. Francis Petit,
les vingt ou trente volumes cartonnés qui
renferment ces dessins. Nous pouvons affir-
mer que nombre d’entre eux offrent un intérêt
particulier d'art; que tous offrent celui plus
général de l’histoire. Nous nous étonnons
qu’il ne se soit point rencontré de gouverne-
ment étranger pour acheter en bloc cette
collection, dont la valeur est indiscutable.
Mais, après tout, les villes, les familles même
qui y retrouveront les portraits de leurs en-
fants illustres ou de leurs ancêtres n’auront
qu’à se féliciter que ce Versailles au petit
pied n’ait point quitté la France.

Ph. Burty.

EUGÈNE DESJOBERT.

La mort vient de ravir un peintre plein de
talent, auquel des efforts continuels avaient
mérité, à la suite du dernier Salon, la plus
haute récompense que puisse ambitionner
un artiste.

Louis-Remi Eugène Desjobert, né à Château-
roux, en 1817, avait étudié la peinture chez
MM.Jolivard et Aligny; il s’était montré disci-
ple intelligent et studieux, etlorsqu’il seirouva
livré à lui-même, il eut quelque peine à s'af-
franchir de l’influence qu’il avait naturelle-
ment subie. Ses premiers essais, exposés en
1842, furent suivis en 1845, des Saules inondés,
en 1846, d’Une mutinée d’automne, qui témoi-
gnent une religieuse attention à pratiquer les
enseignements reçus à l’atelier, et qui sontpar
cela même dépourvus de cette originalité que
l’étude directe de la nature peut seule déve-
lopper.

Desjobert sentit, mieux que personne, ce
qui manquait à ses tableaux, et il alla cher-
cher à la campagne ce qu’aucun maître ne
peut remplacer, la vie et le soleil. Il se livra
alors avec ardeur à l’étude, et, après avoir
envoyé à chaque Salon quelques toiles qui
accusaient toujours un progrès, il exposa en
1855, Un herbage au bord de la mer et l'Habita-
tion normande, tableaux qui attirèrent les
 
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