Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1863

DOI issue:
Nr. 45 (27 Décembre)
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.26562#0398
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
392 LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ.

LIBRAIRIE FONTAINE

LES BEAUX LIVRES, LES BELLES RELIURES. LES ÉDITIONS RARES, RECHERCHÉES

« Nous ne saurions trop recommander, au moment où le jour de l’an impose les cadeaux,
d’aller chercher à la LIBRAIRIE FONTAINE le prétexte à d'intelligentes libéralités. Les
reliures de cette maison ont aujourd'hui une renommée trop bien établie pour que nous
insistions davantage.

« Nous étonnerions certain ementun grand nombre de lecteurs en leur disant que l’industrie
des beaux livres et des belles reliures date en France à peine de vingt ans. Et cependant rien
n’est plus vrai. Avant cette époque, les libraires vendaient leurs livres brochés; les ache-
teurs, les bibliophiles eux-mêmes se contentaient d’un simple cartonnage, ou tout au plus
d’une reliure commune pour enchâsser les plus admirables créations de l’esprit humain.
Toutefois, en remontant au dix-huitième siècle, on retrouve le brillant souvenir d’une sorte
de culte voué aux beaux livres, aux éditions splendides, aux riches reliures. C’était le temps
où les libraires comptaient dans leurs rangs plusieurs savants distingués qui devenaient
relieurs, pour faire des œuvres d’art de leurs chefs-d’œuvre de typographie. Ce soin d’em-
bellir les plus nobles productions du génie de l’homme révélait un goût fin et délicat qui
sera l’éternel honneur de ce siècle. Mais ces chefs-d’œuvre avaient pour la plupart une des-
tination spéciale; la royauté et les grands en devenaient presque toujours les uniques pos-
sesseurs; en sorte que ce culte voué aux œuvres du génie ne se généralisa pas, et finit par
disparaître entièrement au milieu des troubles qui suivirent.

« Mais, en France, le goût des belles choses n’éprouve jamais qu’un temps d’arrêt ; il revient
vite et prend de rapides accroissements. En voici la preuve : un homme actif et intelligent
fonda, il y a trente ans, une librairie passage des Panoramas. Cette librairie qui n’eut, comme
toutes les choses durables, que de modestes commencements, est devenue la plus importante
de la France et de l’Europe. C’est en grande partie à la courageuse initiative de son fonda-
teur, Auguste Fontaine, qu’est due la résurrection de ce goût des beaux livres, qui n’est plus
le partage de quelques privilégiés de la fortune, mais qui s’est fait sentir dans toutes les
classes de la société. Le croirait-on? l’industrie des beaux livres qui, il y a vingt ans, faisait
à peine cent mille francs de recettes à l’époque du premier jour de l’an, ce qui constituait à
peu près ses recettes annuelles, encaisse maintenant vingt millions au moins chaque année!
Grâce aux développements de la librairie et de la reliure, on en est venu à répandre dans
toutes les familles le goût des livres de luxe, des belles reliures, et surtout des éditions choi-
sies et richement reliées. Il n’est pas rare aujourd’hui de voir une dame acheter un livre
mille francs, somme qui suffisait autrefois à l’achat de la bibliothèque de plusieurs familles.

« Donc àtout seigneurtout honneur. Notre première visite d’étrennes était due à la librairie
des Panoramas, ce riche musée des plus nobles créations de l’intelligence et du génie. Mal-
heureusement il faudrait plusieurs jours pour jeter seulement un coup d’œil rapide sur tous
les trésors qui s’y trouvent accumulés. En y passant quelques heures, on se sent captivé à la
vue de ces merveilles de l’esprit humain qui donnent une sorte de vertige. Les regards s’ar-
rêtent avec admiration sur de magnifiques ouvrages spécialement consacrés à la noblesse,
sur les éditions les plus rares et les plus curieuses, sur les belles éditions du Dauphin, les
grandes éditions dites du Louvre, imprimées et publiées par Pierre Didot l’aîné, le prince de
la typographie, rehaussées par leurs riches enveloppes, ces splendides reliures sorties des
mains des Pasdeloup, des Thouvenin, des Simier, des Derôme et autres ; admiration bien
légitime qu’on reporte bientôt plus loin sur les ouvrages anciens, sur les grandes publica-
tions modernes, dont toutes les reliures sont autant de chefs-d’œuvre artistiques exécutés
par Capé.

« Ici vous avez sous les yeux la Touraine avec ses belles illustrations, les Gloires de la France
livre incomparable édité par Fontaine, comprenant cent gravures d’après autant de tableaux
du Musée de Versailles avec texte explicatif; là, vous trouvez un Dante dont la reliure est
du prix de 1,000 francs, un La Fontaine, u.n Boileau, édition du Louvre, chacun avec reliure du
même prix ; plus loin un Molière du Dauphin, 6 volumes d’uue valeur de plus de 1,000 francs ;
un antre Molière de J. Taschereau sur papier de Hollande, chef-d’œuvre d’impression; un
Victor Hugo, également sur papier de Hollande, exemplaire unique, véritable monument
d’élégance et de bon goût. Terminons cette trop courte nomenclature par un Missale Pioma-
num, volume in-folio illustré d’admirables gravures, et par les Evangiles, volume du même
format, exposé à Londres en 1862, chef-d’œuvre de l’imprimerie impériale.

« Pour donner une juste idée de l’importance de la librairie du passage desPanoramas, bor-
nons-nous à dire que trois cents ouvriers suffisent à peine à confectionner les belles reliures
qu’on y voit entassées, surtout à l’époque du premier jour de l’an. Ajoutons, en finissant, que,
près des mille chefs-d’œuvre de typographie et de reliure qui éblouissent les regards, et dont
le prix n’est pas accessible à toutes les fortunes, il se trouve des quantités innombrables
d’ouvrages de tons les prix : livres religieux, livres classiques, livres scientifiques, livres
amusants, etc., mais qui sont irréprochables soit pour la forme, soit pour le fond. Tout, en
un mot, dans cette maison, porte ce cachet artistique de distinction, de bon goût, d’élégance,
qui a porté si haut la renommée de la librairie du passage des Panoramas, et qui la maintien-
nent au premier rang quelle a conquis dès ses premières années, » Stéph. De Lag-ardel.

PARI#.— 1MPÏUMJ! CEBZ BOKÀTEHTBR1 SX BBCMeOIS, 55, QUAI BS« »RÀHM~ÀO«HJSÏINS.
 
Annotationen