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LA CHRONIQUE DES ARTS
des trois Dupin, avocat au Parlement de Paris
en 1779, et membre de l'Assemblée législative.
*** Sous le litre : « Les Amis des Cathé-
drales », une société vient de se former pour
« faire aimer, connaître, honorer la cathé-
drale ». A cet effet, elle voudrait faire étudier
et goûter les œuvres d'inspiration religieuse
dans le cadre architectural pour lequel elles
furent primitivement conçues ; elle se pro-
pose donc de donner successivement, dans
chaque cathédrale, avec des conférences qui
rappelleront son histoire et commenteront
son architecture, ses sculptures et ses vitraux,
des auditions de musique religieuse. Une pu-
blication, illustrée de gravures sur bois, con-
tiendra le texte des conférences et des études
se rapportant au but de la Société. La pre-
mière réunion aura lieu à Chartres le 30 avril
prochain; la visite de la cathédrale aura lieu
sous la direction de M. E. Lefèvre-Pontalis et
une conférence sera donnée par M. l'abbé
Sertillanges. Les adhésions sont reçues par
M. Henri Heuzé, secrétaire, 110, rue de Paris,
à Vincennes.
#** Vendredi prochain, 1er mars, aura lieu
à la Société des Conférences (salle de la So-
ciété de Géographie, 184, boulevard Saint-
Germain) une conférence, accompagnée de
projections, sur Carpeaux, par M. André
Michel.
*** M. Joseph Le Blanc de la Caudrie, dé-
cédé récemment à Paris, a laissé au musée de
Cosne, sa ville natale, sa collection, compre-
nant des étains, tabatières, pièces d'orfè-
vrerie, faïences anciennes, etc.
--■
Le Budget des Beaux-Arts au Sénat
Le 19 février a eu lieu au Sénat la discussion
du budget des Beaux-Arts.
Dans la discussion générale, M. Maurice Colin
a critique la mise sous glace des tableaux du
Louvre. Cotte mesure gêne le public sans assurer
une protection efficace des chefs-d'œuvre : exemple
le vol de la Joconde. La vigilance des gardiens
peut seule prévenir les attentats. Si l'administra-
tion n'a pas assez de gardiens, qu'elle demande
les crédits nécessaires, le Parlement ne les lui
refusera pas.
M. Albert Gérard, rapporteur, a signalé l'insuffi-
sance dos crédits attribués à la manufacture des
Gobelins.
M. Léon Bérard, sous-secrétaire d'Etat des Beaux-
Arts, a répondu qu'il avait « le souci de contribuer
au développement de nos richesses artistiques et
de justifier los augmentations de crédits par leur
emploi judicieux.
« Je ne suis pas éloigné d'être de l'avis de M.
Colin et, comme lui, je pense qu'il no suffit pas
d'avoir de beaux tableaux, il faut encore qu'on
puisse les voir. »
M. Lintilhac a demandé le rétablissement d'un
crédit, voté par la Chambre, pour la création au
Conservatoire d'une classe de chefs d'orchestre et
le maintien d'une classe de harpe chromatique.
M- Albert Gérard a répondu que ces deux choses ont
été repousséos par le Conseil supérieur du Conser-
vatoire. L'amendement de M. Lintilhac n'a pas été
adopté.
M. Gaudin de Vilaine a demandé où en est la
question de l'ouverture de la digue du Mont-Saint-
Michel. M. Bérard a répondu qu'il était saisi d'un
projet dressé par le service des Ponts et Chaussées.
Il reste à résoudre une difficulté. Le département
des Travaux publics propose la construction d'une
passerelle en ciment armé qui relierait l'extrémité
de la digue, après sa coupure, au Mont lui-même.
L'administration des Beaux-Arts est hostile à ce
dispositif. Les négociations se poursuivent entre
les deux administrations.
Les chapitres du budget ont été ensuite adoptés.
PETITES EXPOSITIONS
Société internationale de la Peinture a l'eau
(Galerie Chaîne et Simonson)
Cette intéressante petite société, fondée « pour
donner plus d'essor et plus de liberté à l'aquarelle
et pour s'intéresser à tous les procédés de peinture
à l'eau », on est à sa septième exposition. Il serait
oiseux de rechercher si elle a atteint, et de quelle
façon, la première partie du but qu'elle se propose:
il suffit de constater que si d'aucunspeuvent discuter
la valeur artistique de ses membres, depuis M. Albert
Besnard jusqu'à M. Simon en passant par MM.
La Touche, Cassiers, Luigini, etc., dont la plu-
part n'ont guère d'autre lien avec les autres que
celui d'un métier usant dos mêmes matières, il n'est
pas possible de les ignorer ou de les dédaigner. Une
simple étude : une tête femme aux joues roses sous
lesquelles circule à larges Ilots la vie, poème de
santé robuste, représente ici M. Albert Besnard.
M. Gaston La Touche a envoyé quelques-unes do
ses fantaisies chères aux foules ; M. Luigini, quel-
ques paysages retracés avec acuité et pénétration ;
M. Henry Cassiers est puissant et un peu lourd
dans l'évocation des sites flamands; M. Charles-W.
Bartlett use de colorations fortes, colorées, et
sourdement vibrantes, et sir Alfred East relate, en
montrant Westminster à travers les feuillages,
toute l'accablante torpeur de certains jours d'été.Un
sentiment décoratif large et joyeux anime les œu-
vres de M"0 Florence Esté ; M. Augustin Hanicotte
s'affirme, dans La Criée, plus caricatural et véridi-
que, plus truculent que jamais, plus près, s'il se
peut, de ses ancêtres flamands.
MM. Alfred Delaunois, Alexandre Marcotte et
F. Smissaert ont une commune tendance à consi-
dérer le ciel comme la partie la plus importante
du paysage qui les attire ; pour eux, pour M.
Smissaert surtout, le spectacle est dans le ciel
nuageux et mouvant qui enveloppe la terre et se
dresse comme le décor splendide de la scène qu'est
le sol. M. Fernand Truffaut, plus prosaïque et
plus précis, reste délicat et ému dans ses impres-
sions de Provence et de Normandie; M. E.-Louis
Gillot, en des taches rapides et amusantes dans
leur impression voulue, s'égare parmi les rues de
Londres, et M. Guillaume-Bogor, avec des gris qui
atteignent à la délicate préciosité do ceux de
Whistler, s'est, lui aussi, après tant d'autres, at-
tardé pour notre joie au bord des canaux de Ve-
nise. On retrouve les pages où M. J.-Francis
LA CHRONIQUE DES ARTS
des trois Dupin, avocat au Parlement de Paris
en 1779, et membre de l'Assemblée législative.
*** Sous le litre : « Les Amis des Cathé-
drales », une société vient de se former pour
« faire aimer, connaître, honorer la cathé-
drale ». A cet effet, elle voudrait faire étudier
et goûter les œuvres d'inspiration religieuse
dans le cadre architectural pour lequel elles
furent primitivement conçues ; elle se pro-
pose donc de donner successivement, dans
chaque cathédrale, avec des conférences qui
rappelleront son histoire et commenteront
son architecture, ses sculptures et ses vitraux,
des auditions de musique religieuse. Une pu-
blication, illustrée de gravures sur bois, con-
tiendra le texte des conférences et des études
se rapportant au but de la Société. La pre-
mière réunion aura lieu à Chartres le 30 avril
prochain; la visite de la cathédrale aura lieu
sous la direction de M. E. Lefèvre-Pontalis et
une conférence sera donnée par M. l'abbé
Sertillanges. Les adhésions sont reçues par
M. Henri Heuzé, secrétaire, 110, rue de Paris,
à Vincennes.
#** Vendredi prochain, 1er mars, aura lieu
à la Société des Conférences (salle de la So-
ciété de Géographie, 184, boulevard Saint-
Germain) une conférence, accompagnée de
projections, sur Carpeaux, par M. André
Michel.
*** M. Joseph Le Blanc de la Caudrie, dé-
cédé récemment à Paris, a laissé au musée de
Cosne, sa ville natale, sa collection, compre-
nant des étains, tabatières, pièces d'orfè-
vrerie, faïences anciennes, etc.
--■
Le Budget des Beaux-Arts au Sénat
Le 19 février a eu lieu au Sénat la discussion
du budget des Beaux-Arts.
Dans la discussion générale, M. Maurice Colin
a critique la mise sous glace des tableaux du
Louvre. Cotte mesure gêne le public sans assurer
une protection efficace des chefs-d'œuvre : exemple
le vol de la Joconde. La vigilance des gardiens
peut seule prévenir les attentats. Si l'administra-
tion n'a pas assez de gardiens, qu'elle demande
les crédits nécessaires, le Parlement ne les lui
refusera pas.
M. Albert Gérard, rapporteur, a signalé l'insuffi-
sance dos crédits attribués à la manufacture des
Gobelins.
M. Léon Bérard, sous-secrétaire d'Etat des Beaux-
Arts, a répondu qu'il avait « le souci de contribuer
au développement de nos richesses artistiques et
de justifier los augmentations de crédits par leur
emploi judicieux.
« Je ne suis pas éloigné d'être de l'avis de M.
Colin et, comme lui, je pense qu'il no suffit pas
d'avoir de beaux tableaux, il faut encore qu'on
puisse les voir. »
M. Lintilhac a demandé le rétablissement d'un
crédit, voté par la Chambre, pour la création au
Conservatoire d'une classe de chefs d'orchestre et
le maintien d'une classe de harpe chromatique.
M- Albert Gérard a répondu que ces deux choses ont
été repousséos par le Conseil supérieur du Conser-
vatoire. L'amendement de M. Lintilhac n'a pas été
adopté.
M. Gaudin de Vilaine a demandé où en est la
question de l'ouverture de la digue du Mont-Saint-
Michel. M. Bérard a répondu qu'il était saisi d'un
projet dressé par le service des Ponts et Chaussées.
Il reste à résoudre une difficulté. Le département
des Travaux publics propose la construction d'une
passerelle en ciment armé qui relierait l'extrémité
de la digue, après sa coupure, au Mont lui-même.
L'administration des Beaux-Arts est hostile à ce
dispositif. Les négociations se poursuivent entre
les deux administrations.
Les chapitres du budget ont été ensuite adoptés.
PETITES EXPOSITIONS
Société internationale de la Peinture a l'eau
(Galerie Chaîne et Simonson)
Cette intéressante petite société, fondée « pour
donner plus d'essor et plus de liberté à l'aquarelle
et pour s'intéresser à tous les procédés de peinture
à l'eau », on est à sa septième exposition. Il serait
oiseux de rechercher si elle a atteint, et de quelle
façon, la première partie du but qu'elle se propose:
il suffit de constater que si d'aucunspeuvent discuter
la valeur artistique de ses membres, depuis M. Albert
Besnard jusqu'à M. Simon en passant par MM.
La Touche, Cassiers, Luigini, etc., dont la plu-
part n'ont guère d'autre lien avec les autres que
celui d'un métier usant dos mêmes matières, il n'est
pas possible de les ignorer ou de les dédaigner. Une
simple étude : une tête femme aux joues roses sous
lesquelles circule à larges Ilots la vie, poème de
santé robuste, représente ici M. Albert Besnard.
M. Gaston La Touche a envoyé quelques-unes do
ses fantaisies chères aux foules ; M. Luigini, quel-
ques paysages retracés avec acuité et pénétration ;
M. Henry Cassiers est puissant et un peu lourd
dans l'évocation des sites flamands; M. Charles-W.
Bartlett use de colorations fortes, colorées, et
sourdement vibrantes, et sir Alfred East relate, en
montrant Westminster à travers les feuillages,
toute l'accablante torpeur de certains jours d'été.Un
sentiment décoratif large et joyeux anime les œu-
vres de M"0 Florence Esté ; M. Augustin Hanicotte
s'affirme, dans La Criée, plus caricatural et véridi-
que, plus truculent que jamais, plus près, s'il se
peut, de ses ancêtres flamands.
MM. Alfred Delaunois, Alexandre Marcotte et
F. Smissaert ont une commune tendance à consi-
dérer le ciel comme la partie la plus importante
du paysage qui les attire ; pour eux, pour M.
Smissaert surtout, le spectacle est dans le ciel
nuageux et mouvant qui enveloppe la terre et se
dresse comme le décor splendide de la scène qu'est
le sol. M. Fernand Truffaut, plus prosaïque et
plus précis, reste délicat et ému dans ses impres-
sions de Provence et de Normandie; M. E.-Louis
Gillot, en des taches rapides et amusantes dans
leur impression voulue, s'égare parmi les rues de
Londres, et M. Guillaume-Bogor, avec des gris qui
atteignent à la délicate préciosité do ceux de
Whistler, s'est, lui aussi, après tant d'autres, at-
tardé pour notre joie au bord des canaux de Ve-
nise. On retrouve les pages où M. J.-Francis