N» 13. - 1912. BUREAUX : 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6°)
30 Mars.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI MATIN
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Pris de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Etranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fr.
Le ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
)N crédit de deux cent cinquante
mille francs a été récemment voté
pour meubler la nouvelle Cour
des Comptes. Aucune décision n'a
encore été prise touchant la manière dont ce
crédit sera employé ; aucun projet n'a encore
été étudié en vue de l'aménagement du bâti-
ment nouveau. L'Administration intéressée,
qui est en l'espèce le ministère des Finances,
a donc toute liberté pour montrer ce qu'elle
sait faire.
On voudrait espérer qu'elle tiendra à mon-
trer qu'elle a de l'initiative et du goût. Il y a
pour les administrations de l'Etat une ma-
nière courante de dépenser les crédits : on
achète généralement des copies de mobiliers
anciens, on remplit les ambassades et les
légations de salons Louis XVI, de cabinets
Empire et de fumoirs anglais. Cette méthode
a un avantage : c'est qu'elle ne laisse pas de
place à l'imprévu. On peut prédire, sans
grande chance d'erreurs, ce que sera dans ces
conditions un édifice nouvellement meublé ;
on peut dire quel sera son fort et son faible ;
on sait que l'ensemble répondra à une cer-
taine mode moyenne, qu'il ne soulèvera pas
d'enthousiasme et qu'il ne choquera pas.
Mais peut-être pourrait-on parfois faire un
effort pour être plus original et pour montrer
qu'il existe chez nos contemporains des ar-
tistes qui s'occupent de l'ameublement.
Les excès de l'art nouveau ont jadis éveillé
-des défiances souvent justifiées, mais qui sur-
vivent à leur cause. La récente Exposition
du Pavillon de Marsan a montré que dans
les tentatives de renouvellement de nos ar-
tistes, il en était d'heureuses, et qui méritent
d'être prises en considération. Puisque la
Cour des Comptes doit être prochainement
meublée entièrement à neuf, n'y a-t-il pas là
une occasion excellente pour l'administration
de faire appel à nos artistes, de leur témoi-
gner de l'intérêt, d'encourager leur talent? Si
l'on craint pour un édifice austère et qui a
ses traditions trop de libre fantaisie chez les
maîtres de l'ameublement moderne, rien
n'empêche de fixer un programme très pré-
cis, de dire nettement ce que l'on souhaite,
de rappeler quel est l'usage de l'aménagement
que l'on installe. Jamais ces programmes
n'ont gêné les artistes, et ils peuvent être
même une sorte de guide utile. Mais ce qu'il
faut souhaiter, c'est que le ministère des Fi-
nances songe à eux et ne laisse point passer
sans la saisir une occasion d'encourager notre
art décoratif national.
NOUVELLES
*** pans sa séance du 21 mars, le Sénat a
adopté, après déclaration d'urgence, une pro-
position de loi de M. Cachet, tendant à mo-
difier la loi du 30 mars 1887, concernant la
conservation des monuments et objets d'art
ayant un intérêt historique et artistique, pro-
position ainsi conçue :
« Art. 1er. _ L'article 11 de la loi du 30
mars 1887 est complété ainsi qu'il suit :
« Art. 11.— Les objets classés appartenant
aux départements, aux communes ou autres
établissements publics, sont imprescripti-
bles. Ils ne pourront être restaurés, réparés
ni aliénés par vente, don ou échange, qu'avec
l'autorisation du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts.
« Art. 2. — Le deuxième paragraphe de
l'article 13 de la même loi est modifié ainsi
qu'il suit :
« Art. 13.—...............
« § 2. — La revendication pourra être exer-
cée par les propriétaires et, à leur défaut, par
le ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts. »
30 Mars.
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Le ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
)N crédit de deux cent cinquante
mille francs a été récemment voté
pour meubler la nouvelle Cour
des Comptes. Aucune décision n'a
encore été prise touchant la manière dont ce
crédit sera employé ; aucun projet n'a encore
été étudié en vue de l'aménagement du bâti-
ment nouveau. L'Administration intéressée,
qui est en l'espèce le ministère des Finances,
a donc toute liberté pour montrer ce qu'elle
sait faire.
On voudrait espérer qu'elle tiendra à mon-
trer qu'elle a de l'initiative et du goût. Il y a
pour les administrations de l'Etat une ma-
nière courante de dépenser les crédits : on
achète généralement des copies de mobiliers
anciens, on remplit les ambassades et les
légations de salons Louis XVI, de cabinets
Empire et de fumoirs anglais. Cette méthode
a un avantage : c'est qu'elle ne laisse pas de
place à l'imprévu. On peut prédire, sans
grande chance d'erreurs, ce que sera dans ces
conditions un édifice nouvellement meublé ;
on peut dire quel sera son fort et son faible ;
on sait que l'ensemble répondra à une cer-
taine mode moyenne, qu'il ne soulèvera pas
d'enthousiasme et qu'il ne choquera pas.
Mais peut-être pourrait-on parfois faire un
effort pour être plus original et pour montrer
qu'il existe chez nos contemporains des ar-
tistes qui s'occupent de l'ameublement.
Les excès de l'art nouveau ont jadis éveillé
-des défiances souvent justifiées, mais qui sur-
vivent à leur cause. La récente Exposition
du Pavillon de Marsan a montré que dans
les tentatives de renouvellement de nos ar-
tistes, il en était d'heureuses, et qui méritent
d'être prises en considération. Puisque la
Cour des Comptes doit être prochainement
meublée entièrement à neuf, n'y a-t-il pas là
une occasion excellente pour l'administration
de faire appel à nos artistes, de leur témoi-
gner de l'intérêt, d'encourager leur talent? Si
l'on craint pour un édifice austère et qui a
ses traditions trop de libre fantaisie chez les
maîtres de l'ameublement moderne, rien
n'empêche de fixer un programme très pré-
cis, de dire nettement ce que l'on souhaite,
de rappeler quel est l'usage de l'aménagement
que l'on installe. Jamais ces programmes
n'ont gêné les artistes, et ils peuvent être
même une sorte de guide utile. Mais ce qu'il
faut souhaiter, c'est que le ministère des Fi-
nances songe à eux et ne laisse point passer
sans la saisir une occasion d'encourager notre
art décoratif national.
NOUVELLES
*** pans sa séance du 21 mars, le Sénat a
adopté, après déclaration d'urgence, une pro-
position de loi de M. Cachet, tendant à mo-
difier la loi du 30 mars 1887, concernant la
conservation des monuments et objets d'art
ayant un intérêt historique et artistique, pro-
position ainsi conçue :
« Art. 1er. _ L'article 11 de la loi du 30
mars 1887 est complété ainsi qu'il suit :
« Art. 11.— Les objets classés appartenant
aux départements, aux communes ou autres
établissements publics, sont imprescripti-
bles. Ils ne pourront être restaurés, réparés
ni aliénés par vente, don ou échange, qu'avec
l'autorisation du ministre de l'Instruction
publique et des Beaux-Arts.
« Art. 2. — Le deuxième paragraphe de
l'article 13 de la même loi est modifié ainsi
qu'il suit :
« Art. 13.—...............
« § 2. — La revendication pourra être exer-
cée par les propriétaires et, à leur défaut, par
le ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts. »