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La chronique des arts et de la curiosité — 1912

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Nr. 25 (13 Juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19769#0212
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LA G [IRONIQUE DES ARTS

plaisir d'y trouver plus de rythme et plus de lu-
mière qu'en ses précédents ouvrages ; il faut lui
savoir gré d'avoir évité ce charme trop facile qui
lit le succès de ses premières mélodies ; et, quant
à l'exotisme, qui peut-être manquait un peu à Vile
du Rêve, il rappelle ici non sans agrément celui du
délicieux ballet de Lakmê. Que l'on ne voie en
cette phrase nulle critique ; bien au contraire : il
n'est pas donné à tout le monde de faire « du
Delibes », mais aux seuls très bons musiciens ; et
d'ailleurs, nul doute qu'il n'y ait ici de simples
rencontres, dues à la ressemblance des sujets.
*

**

Le titre de « Symphonie chorégraphique », est,
pour Daphis et Chloé, tout à fait juste. La musi-
que et la danse s'inspirent ici l'une de l'autre ;
elles s'unissent le plus harmonieusement du
monde. Et ce sont aussi bien des développements
symphoniques qu'a construits M. Ravel, plus am-
ples, plus solides, plus rythmés qu'en ses œuvres
antérieures. La manière du musicien s'élargit et
se fortifie : c'est le signe d'une heureuse maturité
de talent et d'inspiration. On l'apercevait déjà
dans les trois fragments exécutés aux Concerts
Colonne en 1911 (et dont j'ai parlé assez longue-
ment pour ne pas revenir ici sur les caractères
particuliers de l'art de M. Ravel). Il apparaît,
mieux visible encore, en maint autre passage :
tels la danse finale et le début de l'œuvre. Ces
premières pages, notamment, rendent à merveille
l'impression de panthéisme que l'artiste avait le
droit, presque le devoir, de traduire. C'est une
harmonie brillante d'accords réunissant des notes
extrêmement lointaines, où il semble que l'on en-
tende toutes les voix, que l'on perçoive les mille
petites vies de la nature ; sur le tout plane majes-
tueusement, impérieusement, superbement, un
thème que je suppose être celui du grand Pan. A
coup sûr, voilà ce que je connais de plus puissant
chez M. Ravel; mais ce n'est jamais emphatique
ni boursouflé ; et, ce qui ne gâte rien, cela reste
toujours « du Ravel ».

A présent, que la symphonie entière ne m'appa-
raisse pas comme un bloc unique et sans défauts,
qu'on y puisse regretter quelques longueurs, ou
que l'auteur n'ait pas toujours exactement réalisé
l'effet voulu par lui, c'est fort possible. C'est
d'ailleurs le cas de nombre d'ouvrages que nous
aimons tout de même, et que nous ne nous lassons
pas d'admirer. Mais je ne serais pas surpris que
Daphnis et Chloé fût, avec les Valses nobles et
sentimentales, la plus mal comprise des œuvres
de M. Ravel, tout justement en raison de ce qu'elle
offre de nouveau et do supérieur. Car, si tout
artiste digne de ce nom n'arrête point de se re-
nouveler (1), il ne cesse non plus d'être méconnu
et incompris, ou, tout au moins, d'avoir à lutter
contre l'inertie de l'opinion. Je ne puis m'enrpê-
cher de rappeler ici la carrière totale de M. Albert
Besnard, et les reproches qu'il suscitait à chaque
changement de manière, à chaque trouvaille...
L'esprit du public est paresseux, comme celui des
critiques. Et c'est une œuvre dont il faut se mé-
fier, que celle que tout le monde immédiatement
applaudit.

Charles Kœchlin.

(1) Plutôt, d'ailleurs, en obéissant à son propre
instinct et à son goût du moment, que par un
effort de consciente préméditation.

REVUE DES REVUES

Les Musées de France (1912, n" 3). — Articles
de M. André Michel sur les bustes d'Helvétius
par Caffieri, et de Houdon par Malesherbes ré-
cemment acquis par le musée du Louvre (2 plan-
ches hors texte) : — de M. A. Pératé sur le Sauveur
bénissant de Giovanni Bcllini récemment entré au
Louvre (planche) ; — de M. G. Migeon sur les nou-
velles salles d'Extrême-Orient au même musée;

— de M. J.-J. Marquet do Vasselot sur le
marteau en bronze doré du cardinal Giovanni
Borgia, récente acquisition du Louvre (reprod.) ;

— do M. L. Deshairs sur l'exposition récente, au
Musée des Arts décoratifs, des dons et legs faits
par M. Maciet aux musées français (reprod. hors
texte d'une tapisserie du xv° siècle et d'un tapis
persan au Musée des Arts décoratifs, et du por-
trait, par M. A. Besnard, de M™0 Maciet mère,
légué au Musée du Luxembourg) : — de M. P. V.
sur les accroissements des musées de Lyon (4 fig.) ;

— Nouvelles des musées de Paris et de province.

BIBLIOGRAPHIE

La Peinture française. Les Primitifs, par

MM. Jean Guiffrey et Pierre Marcel. Paris,
Ch. Eggimann. Un album in-folio de 60 plan
ches avec 21 pages de texte.

Les livres jusqu'ici consacrés aux fondateurs de
l'école française étaient— si l'on excepte le volume
de M. Georges Lafenestre et celui de M. Louis
Dimier paru dans la collection des Grands ar-
tistes — des traités savants ; on y trouvait plus
de dissertations érudites que de reproductions con-
cluantes. Or, en matière d'histoire de l'art, c'est
l'image qui vaut, avant tout. MM. Jean Guitfrey
et Pierre Marcel ont voulu répondre à un vœu
maintes fois exprimé en divulguant les créations
de la primitive peinture française conservées dans
les églises, les palais, les galeries publiques et
privées. Leur choix se différencie, à un double
point de vue, de celui qui présida jadis à l'orga-
nisation de l'Exposition dos Primitifs : d'une part,
il admet les peintures murales, trop souvent négli-
gées et do capitale signilication pour l'intelligence
du sujet; de l'autre, il ne retient que les ti a vaux
qui n'ont pas encore subi l'influence des maîtres
italiens attirés chez nous par François I".

L'ordonnance de ce livre-album est la suivante :
il comprend soixante photoiypies groupant les
monuments de la peinture française au quinzième
et au seizième siècle. A chacune correspond une
notice historique et critique résumant tous les
renseignements utiles sur l'ouvrage reproduit.
Comme le but spécial des auteurs est de fournir
de bons éléments d'étude, ils ne se sont pas bor-
nés à donner une planche ou deux de chaque
peinture importante: ils ont fait exécuter un grand
nombre de photographies de détails ; elles repro-
duisent, parfois à la grandeur même dos originaux,
des fragments particulièrement intéressants, et
constituent des références d'exceptionnelle valeur
pour la connaissance approfondie de ces peintures
et pour leur comparaison avec d'autres œuvres
françaises et étrangères.

Il faut faire honneur à MM. Jean Guillrey et
 
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