La chronique des arts et de la curiosité (1913)

ET DE LA CURIOSITÉ

107

par quels gros moyens, M. Haye, M. Moriss ? C'est
peu. Les autres sont tristes ou leur rire ne fait pas
écho. Quant à des artistes, on en trouve un bon nom-
bre sur ces murs, avec leurs qualités coutumières :
M. Synave, Laboureur, Jean Guiet qui fait du De-
thomas timide, Louis Morin et tout son charme,
J. Veber, Ghéret aussi juvénile que toujours,
Widhoplî, le sculpteur Sandoz, d'autres, connus et
tout pareils à eux-mêmes. Mais ceux-là ne sont,
•en cette assemblée, humoristes que de nom. Les
humoristes ne rient bien qu'à table.

Expositions Henri Le Riche
Alexandre Jacor et Pierre Vional
(Galerie Georges Petit)

M. Henri Le Riche fut en Chine et au Japon,
pour une glane importante. Son effort vient à
propos se joindre à celui des sinologues qui jamais
ne furent plus assidus à démasquer les mystères
de l'Extrême-Orient. Ces soixante toiles, dessins
et croquis sont, ensemble, du bon document et
des pages d'artiste sincère. Il faut souhaiter que
d'autres peintres suivent l'exemple donné par
M. Le Riche. « Voilà, dit M. Pascal Forthuny,
préfacier, une belle intention réalisée et qui ajoute
fort utilement à cette enquête générale qui in-
cline désormais, et de plus en plus, l'esprit des
hommes de l'Ouest vers les terres du Dragon. »

Les aquarelles de M. P. Vignal, signées aux
quatre coins de l'Europe, sont d'une note calme et
blonde ; la valeur est parfois un peu creuse, mais
les motifs sont bien agencés et on goûtera parti-
culièrement tels effets gris tendre qui sont d'une
jolie vision.

B. Billotto et Gazin n'ont pas été sans influencer
M. A. Jacob devant la nature. Tonalités et sujets
appellent souvent l'évocation de ces deux noms.
Mais il est juste d'ajouter que, dans ses paysages
variés, l'artiste met aussi un accent qui, venu du
fond de lui-même, est fait de recueillement, de
poésie mélancolique et d'émotion. Et c'est déjà un
mérite assez rare...

Exposition Camillo Innocenti
(Galerie Bernheim jeune)

C'est un charmeur et un sensuel raffiné. Sa cou-
leur s'affine dans la nuance délicate, sans s'égarer
dans l'étrange et l'irréel. Il dessine bien, met bien
■en pages. Sa technique n'est pas intransigeante.
Il en change. Il en a plusieurs. Elles sont toutes
agréables. Sa nature reparaît derrière elles. Nous
devons remercier ce Romain de ne nous apporter
de Rome ni la furie futuriste ni la froide sagesse
■d'un classicisme davidien. A souhait, dans des
motifs souvent très réalistes, — Après le bain,
Restaurant de nuit, La Toilette, — il met une
pointe de rêve fin, un charme irisé, une fraîcheur
•de touche que l'on peut dire à la fois sensuelle et
candide.

Exposition Albert Marquet
(Galerie Druet)

C'est, bien entendu, toujours son parti de claires
notations, définies d'un coup, sa recherche du
limpide par le minimum de moyens et, semble-
t-il, d'efforts. Cependant, rien n'est ici improvisé.
M. Marquet a vécu de longs jours à Tanger. Il on
rapporte trois minuscules Kasbalis. C'est, au
l'esté, le moins franc de son exposition. Il veut
retourner à-bas : le premier voyage n'était que de

prospection. Ses Rouen sont dans la vraie lumière
du lieu. Sur le même toit où se jucha Camille
Pissarro, en 1893, pour peindre les horizons de
Saint-Sover, M. Marquet s'est campé. Si l'on ac-
cepte son système de soulignement du contour par
un trait fort, qui est évidemment conventionnel, on
aimera sans réserve son exposition et son œuvre
entière. De toutes façons, il faut le trouver en
progrès cette fois encore. Il continue à étonner par
sa simplicité technique et par tout ce qu'il met
d'air pur et de clarté heureuse dans une mosaïque
de tons juxtaposés sans modelé. Ces quarante-
sept tableaux sont l'œuvre de trois ans.

Exposition Suzanne Frémont
(Galerie Grandhomme)
Tous les vieux étudiants avaient vu avec mélan-
colie détruire le passage du Pont-Neuf, rue de
Seine. Mlle Frémont l'a conservé pour nous en une
preste série d'aquarelles, touchées avec une fer-
meté masculine. Carnavalet n'a plus qu'à choisir.
Non moins résolues de facture, les aquarelles de
Châtillon, de Dieppe, de Langres, de l'île cl'Yeu.
Un métier sans contrainte ni timidité, une sténo-
graphie qui écrit juste ce qu'il faut.

Intérim.

Académie des Beaux-Arts

Séance du 29 mars
Prix. — L'Académie des Beaux-Arts a rendu
son jugement sur le concours pour le prix Achille
Leclère (architecture) de la valeur de 1.000 francs.
Le sujet imposé était : « Une sépulture royale».
Lo prix a été décerné à M. Lucien-Jules-Victor
Astruc. Deux mentions honorables ont été attri-
buées ex-sequo à M. Kœmptgen et à M. Robida,
élève de M. Pascal.

Direction de l'Académie de France à Rome. —
Lecture est donnée d'une lettre par laquelle le
sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts demande à
l'Académie de lui adresser une liste de trois can-
didats à la direction de la villa Médicis vacante
parla démission de M. Carolus-Duran.

L'Académie nommera samedi prochain une
commission chargée de dresser une liste des can-
didats à ce poste parmi lesquels elle désignera,
par ordre de préférence, ceux qu'elle présente au
choix du ministre.

Concours de Rome. — Sont admis au deuxième
concours d'essai pour le grand-prix de Rome
(peinture) :

MM. Beaume (élève de M. Cormon) ; Wintz
(élève de MM. Humbert, Gabriel Ferrier et Collin);
Cadre (élève de M. Ferrier); Lagarrigue (élève de
M. Schommer); Heran (élève de MM. F. Flameng
et Déchenaud) ; Ilillemacher (élève de MM. Bas-
chet et Schommer); Lagrange, Finez et Simon
(tous trois élèves de M. Cormon^; Darbefeuille
(élève de M. Ferrier); Charrière (élève de M. Cor-
mon); M"» Vosy (élève de M. Humbert); MM.
Bieunier (élève de M. Cormon) ; Ferand (élève de
MM. Humbert, Collin et Ferrier); Couderc (élève
de M. Raphaël Collin); W Cormier (élève de
M. Humbert) ; M11» Pichot (élève de M. Humbert) ;
MM. Hugues, Félix et Ramond (tous trois élèves
de M. Cormon).