La chronique des arts et de la curiosité (1913)

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tin une Ouessantine. D'autres se contentent pres-
que exclusivement de traits : ainsi M. Anders
Zorn ou M. Guiguet, dont les figures enfantines
ont toujours le même charme candide ; quelques-
uns, comme M. Gobs, égratignent en tous sens
leur vernis, ou comme M. Forain, jettent sur le
cuivre quelques grandes lignes qui suffisent à
exprimer un visage, à modeler un corps humain.
D'autres encore dessinent nettement des vieilles
rues : Us MM. Béjot et Leheutre. Enfin, nous ne
pouvons que citer la curieuse eau-forte de M. Nau-
din.qui représente Jeanne d'Arc devant Charles VII
et des moines et guerriers ; les scènes vendéennes
de M. Lepère, les paysages de M. Herscher, les
bois de M. Beltrand ou les vues lorraines de
M. G.-E. Colin qui, par un métier tout classique,
avec des tailles parallèles, donne une exacte valeur
aux collines qui ondulent, aux toits de Bar le-Duc
qui se pressent.

Quelques Dessixs
(Galerie Le Chevalier)
Sur aucun des exposants les ballets russes n'eu-
rent plus heureuse influence que sur M. Lepape.
Le xviii* siècle de M. Brunelleschi est agréable-
ment conventionnel ; les gouaches de M. Doll,
les croquis de bar de M. José, les paysages de M.
Nevoli ont tous leurs mérites.

Exposition F. Pelk/.
(Atelier de l'artiste)
Après la décision du Conseil municipal, qui
vient d'acheter pour soixante mille francs quatre
toiles de Pelez, cet artiste défunt fut exalté ou
abaissé plus peut-être qu'il ne convenait. La rai-
son de cette acquisition est évidemment plus
politico-littéraire qu'artistique. F. Pelez fut le
» peintre de la mi-ère » et les titres seuls de ses
œuvres devaient le désigner à la Commission mu-
nicipale : La Bouchée de pain, Les Saltimbanques,
L'Ouvrière poitrinaire, VAsphyxie, Sans asile,
La Misère à l'Opéra. Mais si l'on excepte son
Humanité ou le Christ dans un square, dont le
symbolisme est un peu gros, ces œuvres sont moins
déclamatoires qu'on le pourrait craindre. Pelez se
refuse aux grands effets ; il se contente d'une
technique modeste, d'une pâte sans épaisseur,
d'un dessin tout uni. Parfois, lorsqu'il s'agit de
visages enfantins, avec ces couleurs anémiées et ce
trait simple, il obtient des effets assez délicats.
L'impression que nous rapportons de cette visite
n'est peut-être pis celle que Pelez nous aurait
voulu donner : en regardant ces danseuses qui
vêtent leur nudité, U nous a semblé que Pelez
avait un sens affiné des jeunes corps féminins et
aussi qu'il aurait pu peindre, comme Boutet de
Monvel en dessinait, de gracieuses scènes enfan-
tines.

Exposition F.-S. Cordey
(Galerie Choiseul)
Cordey connut Sisley, Pissarro et fut l'ami de
Renoir : ses œuvres nous le disent. Ce portrait de
femme daté de 1878, cette tête d'enfant, rappellent
Renoir, comme cette vue de l'Oise débordée rap-
pelle Sisley ou ce portrait de Renoir au travail, Pis-
sarro. Cordey, néanmoins, a peint des paysages
agréables de couleur et plus> personnels de ma-
nière. Un homme qui savait, sur la vieille route
d'Auvers, faire ainsi vibrer la lumière, avait des
dons indéniables.

Louis Hautecœur.

Académie des Beaux-Arts

Séance du 13 décembre

Election. — L'Académie procède à l'élection
d'un membre titulaire dans la section de peinture,
en remplacement de M. Aimé Morot, décédé. La
section compétente avait retenu les noms de MM.
Dawant, Priant, Gervex, Henri Martin etWencker.
A ces noms, l'Académie avait ajouté ceux de MM.
Chabas et Comerre.

L'élection donne lieu à deux tours de scrutin.
Au deuxième tour, M. Gervex est élu par 24 voix,
contre 5 à M. Friant, 3 à M. Davvant, 3 à M. Co-
merre, 1 à M. Wenckor et 1 à M. Henry Martin.

Né à Paris en 1852 et élève de Cabauel, M. Gervex
débuta au Salon, à l'âge de vingt-deux ans, par
une œuvre des plus remarquables, Satyre jouant
avec une bacchante, qui est, aujourd'hui, avec son
portrait de MD" Valtesse de La Bigne, au Musée
du Luxembourg. On lui doit également des pan-
neaux décoratifs à la mairie de Belleville, La
Distribution des récompenses de l'Exposition
Universelle de 1900, et l'on n'a pas oublié son
tableau de Rolla, surtout sa Clinique du S' Péati,
ses portraits du Prince Napoléon, de Waldeck-
Rousseau, etc.

Commission. — M. Henry Roujon, secrétaire
perpétuel, donne lecture d'une lettre par laquelle
le ministre de l'Agriculture prie la Compagnie de
désigner deux de ses membres pour faire partie
de la commission consultative des séries artisti-
ques dans les forêts domaniales, commission qui,
en vertu du décret du 19 juillet 1913, sera appelée
à donner son avis sur la création et l'extension de
parties artistiques dans les forêts de l'Etat.

Legs. — L'Académie est avisée que M"* Besch,
veuve de Paul-Victor-Alfred Cellier, artiste pein-
tre, lui lègue sa fortune se montant à 25.000 francs
à l'effet de créer une pension en faveur de la veuve
d'un artiste dans le besoin.

Académie des Inscriptions

Séance du 12 décembre

Les Travaux de l'Ecole française d'Athènes. —
M. Fougères, directeur de l'Ecole française d'Athè-
nes, commence la lecture de son rapport sur les
travaux effectués cette année par les membres de
notre grand établissement archéologique. Après
avoir rendu hommage aux heureux résultats des
recherches de tout ordre entreprises sous la direc-
tion de MM. Holleaux et Homolle ses prédéces-
seurs, M. Fougères a exposé le résultat des fouilles
exécutées pendant la campagne de 1913, fouilles
qui n'ont pas porté sur moins de sept chantiers
différents. L'effort principal a porté sur les deux
grands chantiers classiques de Délos et de Delphes.

A Délos, M. Avezou a achevé le déblaiement du
palestre de granit où, en 1912, il avait trouvé une
tête de bronze d'un travail admirable. Cette année,
l'avancement des travaux a permis surtout d'avoir
une idée très précise du plan architectural de l'édi-
fice déblayé et des diverses décorations qui l'or-
naient; mais, en outre, on a découvert dans les
substructions déblayées de curieux objets en bois
et, notamment, une sorte de caisse à l'intérieur de
laquelle se trouvaient des roues à crémaillères; il