La chronique des arts et de la curiosité (1914(1916))

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LA CHRONIQUE DES ARTS

d’enlèvement, de transport et de réinstalla-
tion des objets légués.

*** Par un autre décret est acceptée la do-
nation, que nous avons annoncée l’an der-
nier, faite à la France par M. Bompard,
ambassadeur à Constantinople, de 1’ « Auberge
de France » à Rhodes, la plus belle des
demeures des anciens chevaliers de Rhodes,
qui date de 1480 et porte au centre de sa façade
l’écusson de Pierre d’Aubusson avec la de-
vise : « Montjoie Saint-Denis ».

*** Par arrêté du ministre de l’Instruction
publique et des Beaux-Arts en date du 17
mars 1914, M. Girault, architecte, membre de
l’Institut, inspecteur général des bâtiments
civils, a été nommé membre du Conseil su-
périeur de l’enseignement des Beaux-Arts, en
remplacement de M. Vaudremer, décédé.

*** Après l’exposition, actuellement ou-
verte au pavillon de Marsan, de la Société
des Artistes décorateurs, l’Union centrale des
Arts décoratifs organisera avec le concours
du gouvernement anglais une Exposition
d’art décoratif anglais moderne, qui sera
inaugurée pendant ie séjour du roi Georges Y
à Paris et qui restera ouverte tout l’été. Elle
comprendra tout le mouvement d’art déco-
ratif, depuis l’initiateur William Morris jus-
qu’à nos jours, dans toutes ses manifesta-
tions : tapisseries, vitraux, livres, meubles,
bibelots, etc.

*** Le général Lyautey, qui, comme on sait,
commande au Maroc, vient de créer, à l’exem-
ple des gouverneurs de l’Indo-Chine, de l’A-
frique occidentale, de Madagascar, de la
Réunion et, tout récemment, le gouverneur
de l’Afrique équatoriale, une bourse de voyage
destinée aux peintres ou sculpteurs orienta-
listes qui désireraient aller passer quelques
mois d’études au Maroc. Cette bourse de
voyage sera attribuée dès le mois de mai à la
suite des deux Salons du Gfrand-Palais.

*** Après avoir refait à leur manière la
tour Saint-Nicolas qui se dresse à l’entrée du
port de La Rochelle, puis reconstitué « dans
le style » la tour de la Lanterne, les archi-
tectes des Monuments historiques vont s’exer-
cer sur la tour de la Chaîne, qui fait face à la
tour Saint-Nicolas, et la reconstruire. Cepen-
dant, tandis qu’on se livre à ces coûteuses et
inutiles réfections, on démolit dans la même
ville les beaux ouvrages de Vauban, qui ren-
daient si pittoresques les dehors de la place
forte.

*** D’après le Bulletin de la Société archéo-
logique champenoise, on vient de découvrir à
Méry-Sogny (Marne) un cimetière gaulois
considérable. On y a mis à jour 270 tombes,
dont 48 étaient intactes. Ces tombes, creu-
sées dans la craie du sol, à 80 centimètres de
profondeur, toutes orientées dans la direc-
tion de l’ouest, remontent à l’époque néoli-
thique. Dans quatorze d’entre elles, le guer-
rier était enterré avec son char et ses
armes. Auprès des ossements on a trouvé des
vases, des épées, des lances, des javelots, des
poignards, clés bijoux en fer et en bronze en

assez grand nombre, ce qui confirme cette
idée, que l’on avait déjà, qu’une importante
agglomération gauloise exista jadis dans le
voisinage de cette nécropole, dont on soup-
çonnait l’existence, et qu’on recherchait de-
puis longtemps.

On a également fouillé une autre nécro-
pole, celle des grottes de Villenard, creusées
pour servir de sépulture aux habitants du
village lacustre de Saint-Cloud. Ces grottes
sépulcrales étaient précédées do vestibules
dans lesquels on a retrouvé des débris de
squelettes, des dents d’animaux, des parures
en coquillages, des haches en silex polies, des
outils en corne de cerf et en os. Sur des ta-
blettes creusées dans la paroi étaient posées
les offrandes. Une énorme pierre fermait
l’entréo do cette nécropole. En raison de l’in-
térêt scientifique que présentent ces grottes
préhistoriques, le département de la Marne a
acquis le terrain qui les contient, afin qu’il
soit possible de les étudier à loisir.

*** Le musée de Bâle vient de s’enrichir
d’une importante collection de près de 300
tableaux anciens qui provient de la suc-
cession de feu le professeur Bachofen-
Burchhardt. Cette collection comprend quel-
ques pièces de tout premier ordre. A côté de
quelques beaux Primitifs allemands, un
Crucifiement de l’école d’Avignon, remar-
quable par la franchise de son coloris.
L’école llamande est représentée par un
Saint Jérôme de Memling, une Vierge à
l'Enfant que l’on croit pouvoir attribuer à
Quentin Matsys, et doux Rubens. Quelques
Italiens des xv° et xvic siècles, entre autres
un Portrait de l’Arétin par Sébastien deï
Piombo, rivalisent avec une belle série de
Hollandais du xvn° siècle, un Rembrandt,
un F. Bol, un N. Maes, un van Goyen, etc.
Parmi les maîtres français du dix-huitième
siècle, on signale un Liotard et un Boilly.

Mme Bachofen-Burchhardt, qui a fait don à
la ville de Bâle de la galerie de tableaux de
son mari, la conservera encore jusqu’à l’achè-
vement du nouveau musée dont la construc-
tion va commencer.

*** La Ville de Bruxelles vient d’acquérir
au prix de 350.000 francs pour y loger les
services de la comptabilité communale, la
Maison des Brasseurs, une des maisons his-
toriques les plus belles de la Grand’Place.

*** La ville de Tolède s’apprête à célébrer,
pendant la Semaine Sainte, le troisième cen-
tenaire du Greco. Une exposition de tableaux
et de photographies a été organisée au Musée
du Greco et sera ouverte le dimanche 5 avril.
Des conférences sur l’œuvre de l’artiste au-
ront lieu le même jour, ainsi qu’une récep-
tion à l’IIôtel de ville de Tolède. Il y aura
séance académique, service funèbre au cou-
vent de Santo Domingo el Antiguo et concert
le lundi G avril. Le mardi 7, une messe de
Requiem sera dite à la cathédrale ; on inau-
gurera un monument du Greco, et une fête
littéraire au théâtre de Rojas couronnera les
cérémonies; divers orateurs s’y feront en-
tendre ainsi que les artistes Maria Guerrero
et Fernando Diaz. de Mendoza.