La chronique des arts et de la curiosité (1914(1916))

114

LA CHRONIQUE DES ARTS

nie par la caisse autonome des musées natio-
naux.

Le Conseil des Musées nationaux, en outre,
a accepté le don qui lui était offert par
M. Couenon, membre de l’Institut, pour le
musée du Luxembourg ou le musée de Ver-
sailles, de son portrait de Paul Déroulède à
Champigny, exposé au Salon de l’an dernier.

*** Dans sa dernière séance, le Conseil mu-
nicipal de Paris a adopté entre autres propo-
sitions, l’acquisition du dessin de M. A.Grauk
en vue de sa planche d’après le Saint Vincent
de Paul rachetant les galériens, de M.Bonnat;
l’acquisition d’une série d’estampes sur bois
par M. Paul Bornet ; l’acceptation du don
d’un tableau de M. Danger, destiné aux col-
lections de la Ville ; la participation finan-
cière, pour une somme de 5.000 francs, à
l’organisation de l’exposition rétrospective du
paysage français de Poussin à Corot, prévue
pour le printemps de 1915 ; l’ouverture d’un
crédit de 40.000 francs pour l’aménagement
des collections de dessins et gravures léguées
par Dutuit au Petit Palais ; enfin l’ouverture
d’un crédit de 15.000 francs pour les travaux
de réfection du Musée Carnavalet.

*** Voici la composition du jury de sculp-
ture à la Société des Artistes français pour
le Salon de 1914 : Président, M. J. Coutan;
vice-présidents, MM. E. Boisseau et A. Cariés ;
secrétaires, MM. Auban, Carlus, Convers ;
membres, MM. Georges Bareau, Béguine,
Jean Boucher, Ed. Desca, Hannaux, Labatut,
Peynot, P. Roussel, Seysses, Sicard, sta-
tuaires ; M. Valton, animalier ; MM. Bottée
et Patriarche, graveurs en médailles; M.
Tonnellier, graveur sur pierres fines.

*** Le Congrès archéologique de France
(81e session) se tiendra cette année du 16 au
jj4 juin à Brest et Vannes, sous la direction
de M. Eugène Lefèvre-Pontalis, professeur à
l’Ecole des Chartes et directeur de la Société
française d’archéologie. Les congressistes
visiteront : Brest, Daoulas, Piougastel, Mor-
laix, Saint-Jean-du-Doigt, Saint-Pol-de-Léon,
Le Folgoet, Landerneau, Pencran, La Roche-
Maurice, Landivisiau, Sizun, Lampaul,Saint-
Thégonnec, Guimiliau, Plevben, Quimper,
Vannes, Carnac, Locmariaquer, Gavr’inis.
Elven, Ploermel, Josselin, Saint-Nicolas,
Saint-Nicodème, Guéméné-sur-Scorff, Saint-
Fiacre-du-Faouët, Saint-Gildas-de-Rhuys et
Sucinio. Les adhésions sont reçues parM. H.
Heuzè, secrétaire, 8 bis, rue Daumesnil, à
Vincenne-> (Seine) : 5 fr. pour les membres de
la Société française d’archéologie et 15 fr.
pour les personnes qui n’en font pas partie.

*** Mme Langweil vient de donner aux
musées de Strasbourg et de Colmar une im-
portante série d’œuvres d’art de l’Extrême-
Orient, dont elle n’avait jamais voulu jus-
qu’ici se séparer, malgré les offres qui lui
avaient été faites. Dans quelques jours, on
pourra visiter au Musée des Arts décoratifs
de Strasbourg ces pièces curieuses et rares.
Ce sont des peintures et des grès chinois des
quinzième et seizième siècles, des dessins et

des estampes du Japon, des étoffes, des armes,
des bagues, des bronzes, une série de gardes
de sabres et des inros.

*** D’après une loi promulguée le 4 avril
courant, il est ouvert, au ministère de l’Ins-
truction et des Beaux-Arts, un crédit extraor-
dinaire de 25.000 francs pour les dépenses
d’érection et d’inauguration, à Guernesey,
d’une statue de Victor Hugo. Cette statue, en
granit, que l’Etat français offre ainsi aux
Etats de Guernesey, est l’œuvre du statuaire
Jean Boucher qu’on a vue l’an dernier au
Salon des Artistes français.

*** Il y a trente ans disparut de l'Acropole
un fragment de plaque d’argile décorée d’un
Héraclès debout près d’un char : l’œuvre
tirait la plus grande partie de son intérêt du
fait qu’elle portait la signature d’un artiste
connu : Skythas. Le Messager d’Athènes an-
nonce qu’elle vient d’être retrouvée au musée
de Boston auquel un amateur américain
l’avait offerte après l’avoir achetée à Paris.
Elle va revenir à Athènes, le musée de Bos-
ton en ayant gracieusement proposé la resti-
tution au gouvernement hellénique.

*** La maison de Rubens à Anvers étant
depuis quelque temps l’objet de tentatives
d’acquisition de la part de riches Américains
qui se proposaient de la transporter en Amé-
rique, la municipalité d’Anvers, pour empê-
cher ce déplacement, vient de passer avec les
propriétaires actuels de l’immeuble un con-
trat aux termes duquel ces derniers s’inter-
disent de vendre à qui que ce soit la maison
de Rubens pendant une durée de vingt-cinq
ans.

PETITES EXPOSITIONS

Collection Riabouchinsky

L’ensemble que M. Nicolas Riabouchinsky pré-
sente à la curiosité des amateurs parisiens, dans son
appartement privé des Champs-Elysées mérite à
plusieurs égards de retenir l’attention. Formé depuis
quelques années par un connaisseur de Moscou, it
nous donne une idée précise de ce qui, dans l’an-
cienne capitale russe, attire et séduit le collection-
neur. Il n’y manque que l’art moderne; en revanche,
de vieilles icônes superbes, placées çà et là, parmi
des fauteuils dorés, des dessins du quattrocento et
des sanguines offrent l’intérêt de l’inédit et du
rare.

Depuis qu’on commence, en Russie, à envisager
l'icone comme une œuvre d’art et à en former des
collections qui en retracent l’histoire, les images
religieuses de haute époque deviennent à peu près
introuvables. On a beau explorer les monastères
lointains et les églises oubliées, dont la blancheur
archaïque se dissimule derrière le rideau séculaire
des sapins noirs, la moisson est pauvre et décou-
rageante. Ce sont les fondations artistiques de
l’Etat et quelques collectionneurs privilégiés qui
détiennent les icônes. Le Musée Alexandre III en
possède des exemples magnifiques ; une autre
série, exposée naguère au pavillon de Marsan par
la princesse Ténicheff, se trouve actuellement à