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tiques que virent les siècles postérieurs à celui d’Homère , troubler
la sérénité des consciences et les ouvrir aux terreurs religieuses, ils
n’avaient pas connu le culte des morts, avec les rites expiatoires cjui
y furent liés (i). C’est d’ailleurs le penchant de ce savant de rappor-
ter pour la plus grande partie à l’influence de l’Asie et de l’Égypte
l’origine de ce culte étranger, selon lui, au véritable génie grec. D’autres
érudits (2) ont abondé dans le sens de Lobeck plus que Lobeck lui-
même, etaffirmé des Grecs, sans distinction d’époques, que, contents de
l’existence terrestre, ils avaient écarté des monuments cpi’ils érigeaient
pour leurs morts toute représentation qui, en occupant d’une autre
vie, eût été de nature à troubler ce contentement.
C’est là une théorie qui, bien qu’en faveur aujourd’hui, doit faire
place, si je ne me trompe, à une théorie bien différente.
La vérité est, à mon sens, que de même qu’en rabaissant la mytho-
logie à une sorte de physique, on s’est laissé égarer par des explica-
tions au moyen desquelles une secte philosophique très en crédit
dans l’antiquité (la secte stoïcienne) s’efforça de l’accommoder à son
système, de même, en supposant aux Grecs une manière de voir ex-
clusive de tout souci d’une vie à venir, on substitue aux croyances
générales les idées d’une autre secte (la secte épicurienne), en révolte
contre ces croyances.
Dès le temps qu’Homère a dépeint, quoi qu’en dise l’auteur de l’A-
glaophamm, les Grecs montrent un grand souci de ce qui suivra le
trépas, et une forte persuasion non-seulement que les âmes survivent
au corps, mais qu’il leur est réservé une existence comparable, du
moins à certains égards, à l’existence divine. La preuve en est dans
l’opinion où ils sont et du devoir qui leur est imposé de rendre certains
honneurs aux morts et de la destination de ces honneurs, opinion que
met en évidence la description que renferme l’Iliade des funérailles
des héros; la preuve en est également dans la peinture qui se trouve
dans l’Odyssée du séjour infernal, où les morts mènent, à la vérité,
pour la plupart, une existence peu enviable, mais où ils vivent du
(J) Aglaophamus, p. 312 et pas sim.
(2) Friedlânder, Weleker, Friedrichs, MM. Per-
vanoglu , Curtius et beaucoup d’autres de nos
contemporains.
tiques que virent les siècles postérieurs à celui d’Homère , troubler
la sérénité des consciences et les ouvrir aux terreurs religieuses, ils
n’avaient pas connu le culte des morts, avec les rites expiatoires cjui
y furent liés (i). C’est d’ailleurs le penchant de ce savant de rappor-
ter pour la plus grande partie à l’influence de l’Asie et de l’Égypte
l’origine de ce culte étranger, selon lui, au véritable génie grec. D’autres
érudits (2) ont abondé dans le sens de Lobeck plus que Lobeck lui-
même, etaffirmé des Grecs, sans distinction d’époques, que, contents de
l’existence terrestre, ils avaient écarté des monuments cpi’ils érigeaient
pour leurs morts toute représentation qui, en occupant d’une autre
vie, eût été de nature à troubler ce contentement.
C’est là une théorie qui, bien qu’en faveur aujourd’hui, doit faire
place, si je ne me trompe, à une théorie bien différente.
La vérité est, à mon sens, que de même qu’en rabaissant la mytho-
logie à une sorte de physique, on s’est laissé égarer par des explica-
tions au moyen desquelles une secte philosophique très en crédit
dans l’antiquité (la secte stoïcienne) s’efforça de l’accommoder à son
système, de même, en supposant aux Grecs une manière de voir ex-
clusive de tout souci d’une vie à venir, on substitue aux croyances
générales les idées d’une autre secte (la secte épicurienne), en révolte
contre ces croyances.
Dès le temps qu’Homère a dépeint, quoi qu’en dise l’auteur de l’A-
glaophamm, les Grecs montrent un grand souci de ce qui suivra le
trépas, et une forte persuasion non-seulement que les âmes survivent
au corps, mais qu’il leur est réservé une existence comparable, du
moins à certains égards, à l’existence divine. La preuve en est dans
l’opinion où ils sont et du devoir qui leur est imposé de rendre certains
honneurs aux morts et de la destination de ces honneurs, opinion que
met en évidence la description que renferme l’Iliade des funérailles
des héros; la preuve en est également dans la peinture qui se trouve
dans l’Odyssée du séjour infernal, où les morts mènent, à la vérité,
pour la plupart, une existence peu enviable, mais où ils vivent du
(J) Aglaophamus, p. 312 et pas sim.
(2) Friedlânder, Weleker, Friedrichs, MM. Per-
vanoglu , Curtius et beaucoup d’autres de nos
contemporains.