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LA MORT D’ALCESTE.
(Planche 27.)
Le sarcophage inédit dont la gravure est ci-jointe existe au château
de Saint-Aignan (Loir-et-Cher); il vient de Rome. Le duc de Sainl-
Aignan, ambassadeur de Louis XV auprès du Saint-Siège, de 1781 à
1741, et à Naples dans cette dernière année, ayant perdu sa femme en
Italie en 1734, acheta le sarcophage à Rome pour l’y faire enterrer
dans la chapelle de son château de Saint-Aignan. C’est ainsi qu’il fut
envoyé en France. Mais le corps delà duchesse n’y reposa jamais, et il
ne fut pas placé dans la chapelle. M. le prince de Chalais, propriétaire
actuel du château, ayant trouvé ce monument abandonné dans une des
cours, l’a fait placer honorablement dans une des salles du rez-de-
chaussée, et c’est à son obligeance que la Direction de la Gazette ar-
chéologique doit de pouvoir le publier.
Admète, roi de Phères en Thessalie, ayant été condamné à mourir,
victime de la vengeance de Diane, Apollon, son protecteur, obtint des
Parques qu’il conserverait la vie, si quelqu’un d’autre, son père, sa
mère, son épouse ou un ami consentait à descendre à sa place dans le
séjour des morts. Une seule personne s’offrit à se dévouer pour lui :
ce fut Alceste, sa femme, la mère de ses deux enfants. Suivant une
version rapportée par Apollodore (1), Proserpine, touchée de la belle
action d’Alceste, l’aurait renvoyée sur la terre; mais d’après une autre
tradition plus généralement suivie, Hercule, l’hôte d’Admète, alla
l’arracher aux enfers et la ramena à son époux. Cette fable a fait pro-
bablement le sujet de plusieurs tragédies ; mais la seule qui soit arrivée
jusqu’à nous est l’Alceste d’Euripide, et c’est à cette source que les
artistes ont surtout puisé leurs inspirations. Le sujet était éminem-
ment propre à être représenté sur les monuments funéraires; il a été
choisi pour orner notre sarcophage. On l’a rencontré déjà sur d’autres
(I) I, 9, 15,| avec les Observât, de Heyne, p. 69.
LA MORT D’ALCESTE.
(Planche 27.)
Le sarcophage inédit dont la gravure est ci-jointe existe au château
de Saint-Aignan (Loir-et-Cher); il vient de Rome. Le duc de Sainl-
Aignan, ambassadeur de Louis XV auprès du Saint-Siège, de 1781 à
1741, et à Naples dans cette dernière année, ayant perdu sa femme en
Italie en 1734, acheta le sarcophage à Rome pour l’y faire enterrer
dans la chapelle de son château de Saint-Aignan. C’est ainsi qu’il fut
envoyé en France. Mais le corps delà duchesse n’y reposa jamais, et il
ne fut pas placé dans la chapelle. M. le prince de Chalais, propriétaire
actuel du château, ayant trouvé ce monument abandonné dans une des
cours, l’a fait placer honorablement dans une des salles du rez-de-
chaussée, et c’est à son obligeance que la Direction de la Gazette ar-
chéologique doit de pouvoir le publier.
Admète, roi de Phères en Thessalie, ayant été condamné à mourir,
victime de la vengeance de Diane, Apollon, son protecteur, obtint des
Parques qu’il conserverait la vie, si quelqu’un d’autre, son père, sa
mère, son épouse ou un ami consentait à descendre à sa place dans le
séjour des morts. Une seule personne s’offrit à se dévouer pour lui :
ce fut Alceste, sa femme, la mère de ses deux enfants. Suivant une
version rapportée par Apollodore (1), Proserpine, touchée de la belle
action d’Alceste, l’aurait renvoyée sur la terre; mais d’après une autre
tradition plus généralement suivie, Hercule, l’hôte d’Admète, alla
l’arracher aux enfers et la ramena à son époux. Cette fable a fait pro-
bablement le sujet de plusieurs tragédies ; mais la seule qui soit arrivée
jusqu’à nous est l’Alceste d’Euripide, et c’est à cette source que les
artistes ont surtout puisé leurs inspirations. Le sujet était éminem-
ment propre à être représenté sur les monuments funéraires; il a été
choisi pour orner notre sarcophage. On l’a rencontré déjà sur d’autres
(I) I, 9, 15,| avec les Observât, de Heyne, p. 69.