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LA VÉNUS DU LIBAN.
(Planche 26.)
Un célèbre passage de Macrobe (i) dit : Adonin quoque solem esse
non dubitatur, inspecta religione Assyriorum, apud quos Veneris Architidis
(ou Archaiüdis) et Adonidis maxima olim veneratio fuit, quam nunc Phoe-
nices tenent. Les phrases qui suivent ne laissent pas de doute sur ce
fait, que la Venus Archaitis ne soit la Vénus du Liban. On a beaucoup
disserté sur son surnom, et Selden propose de corriger Venus Apha-
citis. La qualification me paraît pourtant très-claire et ne réclamer au-
cune correction. Venus Archaitis est la Vénus spéciale d’une des plus
antiques cités chananéennes de l’intérieur du Liban, dont la Genèse (2)
appelle le peuple et dont les écrivains classiques rendent le nom
en Âçx.a, Âp/.ai, Area, Archae (3). Sous l’empire romain, cette ville de-
vint une colonie, où naquit Alexandre Sévère, et reçut alors le nom
d'Area Caesarea ou Caesarea ad Libanum, ou Caesarea Libani (4). Mais
alors même, et malgré la célébrité de son temple dédié à Alexandre
le Grand, elle demeura un des centres les plus importants du culte de
Vénus dans la région libanienne, et la tête de la déesse tourelée (5),
en divinité poliade, décore presque toutes ses monnaies coloniales (6).
Sur d’autres pièces , nous voyons dans un temple la même déesse,
tourelée comme la Baaltis des monnaies de Byblos et l’Astarté de
celles de Sidon, que couronne Alexandre vêtu de la cuirasse (j). Beau-
coup plus intéressantes sont celles aux têtes de Caracalla, de Macrin
et d’Elagabale (8), qui montrent au revers, sous un de ces tabernacles
si bien expliqués architecturalement par M. Donaldson (g), la pierre
conique sous la forme de laquelle on adorait la Vénus d’Arca. Elle est
surmontée d’une tète de femme, couverte d’un long voile qui enve-
loppe en descendant tout le bétyle, et penchée du côté gauche, dans
l’attitude de deuil que Macrobe donne pour caractéristique de la Vénus
du Liban ou Venus Archaitis : Simulacrum hujus deae in monte Libani
fingitur capite obnupto, specie tristi, faciem manu laeva intra amictum su-
stinens, laehrymae visione circumspicientium manare creduntur.
(1) Saturn., I, 21.
(2) X, 17.
(3) Knobel, Die Vœlkertafel der Genesis, p. 327.
(4) Voy. BellsV; Mém. de l’Acad. des Inscript.,
t. XXXII, p. 683 et s.
(3) La tète de l’Aphrodite de Cypre elle-même
est quelquefois tourelée: Archæol. Zeit., 1863,
pl. CLXxxvni, n° 1, 1 a et 1 b.
(6) Eckhel, Doctr. num. vet., t. III, p. 361.
(7) Mionnet, Descr. de méd. mit., t. V, p. 338,
n° 146 ; Suppl., t. VIII, p. 237, n° 91.
(8) Mionnet, t. V, p. 338, n° 144; Suppl., t. VIII,
p. 236, n1 2 3 4 05 8 8 et 89.
(9) Architectura numismatica, p. 76 et s.
LA VÉNUS DU LIBAN.
(Planche 26.)
Un célèbre passage de Macrobe (i) dit : Adonin quoque solem esse
non dubitatur, inspecta religione Assyriorum, apud quos Veneris Architidis
(ou Archaiüdis) et Adonidis maxima olim veneratio fuit, quam nunc Phoe-
nices tenent. Les phrases qui suivent ne laissent pas de doute sur ce
fait, que la Venus Archaitis ne soit la Vénus du Liban. On a beaucoup
disserté sur son surnom, et Selden propose de corriger Venus Apha-
citis. La qualification me paraît pourtant très-claire et ne réclamer au-
cune correction. Venus Archaitis est la Vénus spéciale d’une des plus
antiques cités chananéennes de l’intérieur du Liban, dont la Genèse (2)
appelle le peuple et dont les écrivains classiques rendent le nom
en Âçx.a, Âp/.ai, Area, Archae (3). Sous l’empire romain, cette ville de-
vint une colonie, où naquit Alexandre Sévère, et reçut alors le nom
d'Area Caesarea ou Caesarea ad Libanum, ou Caesarea Libani (4). Mais
alors même, et malgré la célébrité de son temple dédié à Alexandre
le Grand, elle demeura un des centres les plus importants du culte de
Vénus dans la région libanienne, et la tête de la déesse tourelée (5),
en divinité poliade, décore presque toutes ses monnaies coloniales (6).
Sur d’autres pièces , nous voyons dans un temple la même déesse,
tourelée comme la Baaltis des monnaies de Byblos et l’Astarté de
celles de Sidon, que couronne Alexandre vêtu de la cuirasse (j). Beau-
coup plus intéressantes sont celles aux têtes de Caracalla, de Macrin
et d’Elagabale (8), qui montrent au revers, sous un de ces tabernacles
si bien expliqués architecturalement par M. Donaldson (g), la pierre
conique sous la forme de laquelle on adorait la Vénus d’Arca. Elle est
surmontée d’une tète de femme, couverte d’un long voile qui enve-
loppe en descendant tout le bétyle, et penchée du côté gauche, dans
l’attitude de deuil que Macrobe donne pour caractéristique de la Vénus
du Liban ou Venus Archaitis : Simulacrum hujus deae in monte Libani
fingitur capite obnupto, specie tristi, faciem manu laeva intra amictum su-
stinens, laehrymae visione circumspicientium manare creduntur.
(1) Saturn., I, 21.
(2) X, 17.
(3) Knobel, Die Vœlkertafel der Genesis, p. 327.
(4) Voy. BellsV; Mém. de l’Acad. des Inscript.,
t. XXXII, p. 683 et s.
(3) La tète de l’Aphrodite de Cypre elle-même
est quelquefois tourelée: Archæol. Zeit., 1863,
pl. CLXxxvni, n° 1, 1 a et 1 b.
(6) Eckhel, Doctr. num. vet., t. III, p. 361.
(7) Mionnet, Descr. de méd. mit., t. V, p. 338,
n° 146 ; Suppl., t. VIII, p. 237, n° 91.
(8) Mionnet, t. V, p. 338, n° 144; Suppl., t. VIII,
p. 236, n1 2 3 4 05 8 8 et 89.
(9) Architectura numismatica, p. 76 et s.