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G’est un des plus magnifiques spécimens du style sévère des écoles
dorienncs participant encore de l’archaïsme, et l’idéal de l’artiste y a
été le même que dans les sculptures des frontons d’Égine. Le dessin
est serré, ferme, précis, un peu austère et dur, mais plein de gran-
deur; en même temps que la silhouette des contours extérieurs est
arrêtée avec énergie, l’anatomie est rendue par quelques traits so-
bres et magistraux, d’un accent puissant, qui font ressortir la forte
musculature des athlètes dans leur nature plutôt sèche, comme celle
des personnages de la sculpture éginétique. Il est peu de parties de
la Grèce où les phases successives du développement de l’art soient
aussi bien connues, avec des dates précises, qu’elles le sont pour la
Sicile, grâce aux belles études du duc de Luynes (i), et plus récem-
ment de M. Barclay Hcad (2) sur le classement chronologique des sé-
ries monétaires de Syracuse. Que les lecteurs veuillent bien se reporter
aux planches si parfaites qui accompagnent le livre du savant anglais,
et ils seront frappés de l’étroite connexité de style entre les gravures
du disque que M. Woodhouse avait reçu de Sicile et les monnaies
syracusaines d’argent, ingénieusement assignées au règne de Iliéron IC1
(479-4^6 av. J.-G.) par M. Head, d’après la pistrix qui se remarque
toujours à leur exergue : ce monstre marin y fait allusion à la défaite
des pirates tyrrhéniens, comme le lion de l’exergue des monnaies
frappées sous Gélon Ier fait allusion à la victoire remportée à Himéra
sur les Carthaginois. Disque de bronze et monnaies sont des œuvres
du même art, du même pays et du même temps.
Le disque votif que nous publions a 21 centimètres de diamètre. Il
est, comme en général tous ceux de même nature, très-inférieur en
dimensions et en poids au véritable disque de stade en bronze, sans
ornements, qui, trouvé en Grèce, est entré au Musée Britannique, après
avoir également fait partie de la collection Woodhouse (3). Ce dernier
pèse 12 livres anglaises et 9 onces (4 kil. 768 gr.).
François LENORMANT.
(1) Dans la Revue numismatique de 1843. i Syracusæ, Londres, 1874.
(2) On the chronological sequence of the coins of | (3) Newton, Guide to the bronze room, p. 18.
G’est un des plus magnifiques spécimens du style sévère des écoles
dorienncs participant encore de l’archaïsme, et l’idéal de l’artiste y a
été le même que dans les sculptures des frontons d’Égine. Le dessin
est serré, ferme, précis, un peu austère et dur, mais plein de gran-
deur; en même temps que la silhouette des contours extérieurs est
arrêtée avec énergie, l’anatomie est rendue par quelques traits so-
bres et magistraux, d’un accent puissant, qui font ressortir la forte
musculature des athlètes dans leur nature plutôt sèche, comme celle
des personnages de la sculpture éginétique. Il est peu de parties de
la Grèce où les phases successives du développement de l’art soient
aussi bien connues, avec des dates précises, qu’elles le sont pour la
Sicile, grâce aux belles études du duc de Luynes (i), et plus récem-
ment de M. Barclay Hcad (2) sur le classement chronologique des sé-
ries monétaires de Syracuse. Que les lecteurs veuillent bien se reporter
aux planches si parfaites qui accompagnent le livre du savant anglais,
et ils seront frappés de l’étroite connexité de style entre les gravures
du disque que M. Woodhouse avait reçu de Sicile et les monnaies
syracusaines d’argent, ingénieusement assignées au règne de Iliéron IC1
(479-4^6 av. J.-G.) par M. Head, d’après la pistrix qui se remarque
toujours à leur exergue : ce monstre marin y fait allusion à la défaite
des pirates tyrrhéniens, comme le lion de l’exergue des monnaies
frappées sous Gélon Ier fait allusion à la victoire remportée à Himéra
sur les Carthaginois. Disque de bronze et monnaies sont des œuvres
du même art, du même pays et du même temps.
Le disque votif que nous publions a 21 centimètres de diamètre. Il
est, comme en général tous ceux de même nature, très-inférieur en
dimensions et en poids au véritable disque de stade en bronze, sans
ornements, qui, trouvé en Grèce, est entré au Musée Britannique, après
avoir également fait partie de la collection Woodhouse (3). Ce dernier
pèse 12 livres anglaises et 9 onces (4 kil. 768 gr.).
François LENORMANT.
(1) Dans la Revue numismatique de 1843. i Syracusæ, Londres, 1874.
(2) On the chronological sequence of the coins of | (3) Newton, Guide to the bronze room, p. 18.