DOI issue:
Nr. 1-2
DOI article:Baye, Joseph de: Croix Lombardes trouvées en Italie
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0030
CROIX LOMBARDES TROUVÉES EN ITALIE
*20
Celles de formes variées qui ont été trouvées dans les sépultures barbares de l’Italie
sont assez nombreuses pour affirmer leur usage répandu et une coutume bien établie.
Toutes les tombes ne contenaient pas des croix : loin de là, celles-ci sont rares, compa-
rativement au nombre des sépultures. L’or, par sa valeur vénale, ne pouvait être à la
disposition du plus grand nombre. Quelques archéologues prétendent que les croix
étaient une marque de distinction réservée à des individus privilégiés. Dans cette
hypothèse leur rareté s’expliquerait facilement. Dans les groupes de sépultures appar-
tenant aux premiers temps de l’établissement des Lombards en Italie, les croix ne
pouvaient pas être abondantes. Il n’est pas probable que les hordes de l’invasion ou que
les Lombards appelés de la Pannonie aient compté beaucoup de chrétiens parmi eux.
Quoi qu’il en soit, il est évident que ces croix démontrent que la population était sérieu-
sement pénétrée d’éléments chrétiens. La forme de ces croix ne permet pas de les faire
remonter au delà du ve siècle.
Les mœurs des Lombards étaient d’une grande rudesse. Elles s’adoucirent cependant
vers le vie siècle par leur contanct avec les populations de l’Italie et, dans la suite, sous
l’influence de la religion chrétienne. Longtemps auparavant ils avaient déjà subi les
effets civilisateurs de la fréquentation des armées romaines où ils avaient servi comme
auxiliaires. Us avaient été aussi témoins des progrès du Christianisme, au moins par les
rigueurs des persécutions dont il était l’objet. Cette situation suffit pour expliquer la
présence des croix qui ont été rencontrées dans les sépultures, que tout nous autorise à
regarder comme lombardes pour la plupart.
L’usage de ces croix d’or diversement ornées, et de dimensions variées, n’est pas
connu bien exactement. Ces croix étaient-elles des marques distinctives de dignité ou de
simples ornements? La rareté des croix à Testona, leur rareté encore plus grande en
Allemagne paraît s’opposer à ce qu’on les regarde comme une distinction militaire.
M. Campi estime qu’il convient de suspendre tout jugement en attendant de nouvelles
découvertes. Si l’on pouvait soupçonner l’autorité ou le grade de la personne par la
dimension de la croix dont elle était ornée, la croix de Givezzano, par exemple, indi-
querait que le personnage qui la portait avait la plus haute situation. La forme très
ordinaire et pauvre des armes contredit souvent le langage des croix qu’on trouve dans
les mômes tombeaux '.
D’autres essais de détermination de l’usage des croix ont été tentés, notamment par
M. Caire1 2; il en a été fait mention dans le cours de ce travail. Nous pensons que la
croix avait principalement chez les Lombards, comme chez les autres peuples, une desti-
nation religieuse : les auteurs qui ont traité des antiquités chrétiennes ne cherchent pas
une autre interprétation.
Baron J. de BAYE.
1. L. Campi, Le tombe barbariche di Civezzano, p. 18. j archeologia e belle arli, 1885, p. 815.
2. I)r Caire, Scoperle nel Novarese. Atti délia Socielà di I
*20
Celles de formes variées qui ont été trouvées dans les sépultures barbares de l’Italie
sont assez nombreuses pour affirmer leur usage répandu et une coutume bien établie.
Toutes les tombes ne contenaient pas des croix : loin de là, celles-ci sont rares, compa-
rativement au nombre des sépultures. L’or, par sa valeur vénale, ne pouvait être à la
disposition du plus grand nombre. Quelques archéologues prétendent que les croix
étaient une marque de distinction réservée à des individus privilégiés. Dans cette
hypothèse leur rareté s’expliquerait facilement. Dans les groupes de sépultures appar-
tenant aux premiers temps de l’établissement des Lombards en Italie, les croix ne
pouvaient pas être abondantes. Il n’est pas probable que les hordes de l’invasion ou que
les Lombards appelés de la Pannonie aient compté beaucoup de chrétiens parmi eux.
Quoi qu’il en soit, il est évident que ces croix démontrent que la population était sérieu-
sement pénétrée d’éléments chrétiens. La forme de ces croix ne permet pas de les faire
remonter au delà du ve siècle.
Les mœurs des Lombards étaient d’une grande rudesse. Elles s’adoucirent cependant
vers le vie siècle par leur contanct avec les populations de l’Italie et, dans la suite, sous
l’influence de la religion chrétienne. Longtemps auparavant ils avaient déjà subi les
effets civilisateurs de la fréquentation des armées romaines où ils avaient servi comme
auxiliaires. Us avaient été aussi témoins des progrès du Christianisme, au moins par les
rigueurs des persécutions dont il était l’objet. Cette situation suffit pour expliquer la
présence des croix qui ont été rencontrées dans les sépultures, que tout nous autorise à
regarder comme lombardes pour la plupart.
L’usage de ces croix d’or diversement ornées, et de dimensions variées, n’est pas
connu bien exactement. Ces croix étaient-elles des marques distinctives de dignité ou de
simples ornements? La rareté des croix à Testona, leur rareté encore plus grande en
Allemagne paraît s’opposer à ce qu’on les regarde comme une distinction militaire.
M. Campi estime qu’il convient de suspendre tout jugement en attendant de nouvelles
découvertes. Si l’on pouvait soupçonner l’autorité ou le grade de la personne par la
dimension de la croix dont elle était ornée, la croix de Givezzano, par exemple, indi-
querait que le personnage qui la portait avait la plus haute situation. La forme très
ordinaire et pauvre des armes contredit souvent le langage des croix qu’on trouve dans
les mômes tombeaux '.
D’autres essais de détermination de l’usage des croix ont été tentés, notamment par
M. Caire1 2; il en a été fait mention dans le cours de ce travail. Nous pensons que la
croix avait principalement chez les Lombards, comme chez les autres peuples, une desti-
nation religieuse : les auteurs qui ont traité des antiquités chrétiennes ne cherchent pas
une autre interprétation.
Baron J. de BAYE.
1. L. Campi, Le tombe barbariche di Civezzano, p. 18. j archeologia e belle arli, 1885, p. 815.
2. I)r Caire, Scoperle nel Novarese. Atti délia Socielà di I