DOI Heft:
Nr. 5-6
DOI Artikel:Bouchot, Henri: Charles VIII et Anne de Bretagne: portraits peints inconnus a la Bibliothèque Nationale
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0121
CHARLES VIII ET ANNE DE BRETAGNE
PORTRAITS PEINTS INCONNUS A LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE
(Planche 17.)
Le département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale expose dans une vitrine
de la galerie Mazarine un curieux petit livre de prières du xve siècle sous la mention
suivante : « Petit recueil de prières de la fin du xvc siècle. Sur les plats intérieurs de la
« reliure sont des portraits (sans doute ceux des possesseurs du livre) ; à l’extérieur les
« plats sont recouverts d’une tapisserie (Latin 1190. Donné par Roger de Gaignières) »
(n° 292 de l’exposition).
Cette tapisserie avait paru la chose importante du manuscrit. C’est un ouvrage au
petit point de soie. Le brodeur malhabile, ou plutôt l’amateur, qui en a dessiné les per-
sonnages à l’aiguille ne mérite guère qu’on s’occupe de lui. Il a figuré d’un côté un
Christ en croix ayant la Vierge et saint Jean à ses pieds; dans le ciel deux anges aux
ailes écartées. Sur le bandeau en bordure du haut on ht à l’envers ce fragment
d’inscription [CHRISJTVS PASVS (sic) EST PRO NOBIS. Tout cela est enfantin. Les têtes
sont carrées, les yeux sont marqués par des points, les robes sont droites et sans plis
comme dans un tissu copte. On dirait l’essai de broderie d’une fillette. Sur le plat verso
on devine une Cène, un Jésus au Jardin des Oliviers, mais on ne les voit pas. On pour-
rait penser à un travail antérieur au xv° siècle, si le Christ en croix juponné de court ne
nous fixait cà peu près exactement l’époque, le règne de Louis XI au plus tôt.
M. Vallet de Viriville, qui avait examiné le livre, le décrit en ces termes : « A l’inté-
« rieur, le plat de gauche est recouvert d’un feuillet écrit et collé comme les ont les gardes.
« La tranche de ces ais forme un léger ressaut qui a été doré ainsi que les quelques
« feuillets du véritable texte, de manière à en continuer l’épaisseur pour l’œil, lorsque le
« livre est fermé et vu par l’une des tranches. Si maintenant, ce môme ais étant ouvert,
« vous exercez une légère pression de haut en bas en appuyant sur le feuillet de texte
« collé, le panneau cède, une planche à coulisse descend par des rainures, et vous voyez
« apparaître un gracieux portrait de femme en grande toilette de la fin du xve siècle et
« âgée d’environ vingt ans. Le plat de droite offre exactement la môme disposition et
« le portrait qu’on découvre par le môme procédé est celui d’un riche seigneur de
PORTRAITS PEINTS INCONNUS A LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE
(Planche 17.)
Le département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale expose dans une vitrine
de la galerie Mazarine un curieux petit livre de prières du xve siècle sous la mention
suivante : « Petit recueil de prières de la fin du xvc siècle. Sur les plats intérieurs de la
« reliure sont des portraits (sans doute ceux des possesseurs du livre) ; à l’extérieur les
« plats sont recouverts d’une tapisserie (Latin 1190. Donné par Roger de Gaignières) »
(n° 292 de l’exposition).
Cette tapisserie avait paru la chose importante du manuscrit. C’est un ouvrage au
petit point de soie. Le brodeur malhabile, ou plutôt l’amateur, qui en a dessiné les per-
sonnages à l’aiguille ne mérite guère qu’on s’occupe de lui. Il a figuré d’un côté un
Christ en croix ayant la Vierge et saint Jean à ses pieds; dans le ciel deux anges aux
ailes écartées. Sur le bandeau en bordure du haut on ht à l’envers ce fragment
d’inscription [CHRISJTVS PASVS (sic) EST PRO NOBIS. Tout cela est enfantin. Les têtes
sont carrées, les yeux sont marqués par des points, les robes sont droites et sans plis
comme dans un tissu copte. On dirait l’essai de broderie d’une fillette. Sur le plat verso
on devine une Cène, un Jésus au Jardin des Oliviers, mais on ne les voit pas. On pour-
rait penser à un travail antérieur au xv° siècle, si le Christ en croix juponné de court ne
nous fixait cà peu près exactement l’époque, le règne de Louis XI au plus tôt.
M. Vallet de Viriville, qui avait examiné le livre, le décrit en ces termes : « A l’inté-
« rieur, le plat de gauche est recouvert d’un feuillet écrit et collé comme les ont les gardes.
« La tranche de ces ais forme un léger ressaut qui a été doré ainsi que les quelques
« feuillets du véritable texte, de manière à en continuer l’épaisseur pour l’œil, lorsque le
« livre est fermé et vu par l’une des tranches. Si maintenant, ce môme ais étant ouvert,
« vous exercez une légère pression de haut en bas en appuyant sur le feuillet de texte
« collé, le panneau cède, une planche à coulisse descend par des rainures, et vous voyez
« apparaître un gracieux portrait de femme en grande toilette de la fin du xve siècle et
« âgée d’environ vingt ans. Le plat de droite offre exactement la môme disposition et
« le portrait qu’on découvre par le môme procédé est celui d’un riche seigneur de