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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

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Nr. 7-8
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Courajod, Louis: Une sculpture de l'église de la Chaise-Dieu
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https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0186

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UNE SCULPTURE DE L’EGLISE DE LA CHAISE-DIEU

(Planche 24.)

L’église de la Chaise-Dieu est un monument curieux et digne du plus sérieux intérêt.
La vue de l’intérieur présente plusieurs des caractères communs à l’art gothique
international, tel qu’il fut pratiqué par l’Europe occidentale pendant la seconde moitié
du xiv" siècle. A part le système des pénétrations de toutes les moulures, qui est ici
affecté et qui, au moment de la construction, me paraît avoir été un procédé particu-
lier de l’architecture française, on éprouve en entrant le sentiment que pourrait
également produire le style gothique allemand ou le style gothique italien. On pense
à la fois à la cathédrale de Francfort, à certaines parties de Saint-Etienne de Vienne,
à la cathédrale de Milan, à la Frauenkirke de Munich et à certaines églises en briques
des bords de la Baltique. En somme, ce qu’on y remarque ce sont purement et
simplement les doctrines caractéristiques de l’architecture générale contemporaine,
telles qu’elles furent professées chez nous, comme ailleurs, par une école locale bien
facile à déterminer et dont on rencontre d’autres manifestations dans l’Auvergne, le
Velayi le Quercy et le Rouergue. L’église de la Chaise-Dieu est sans transsept et
munie d’un chœur autour duquel on ne tourne pas et sur lequel s’ouvrent directement
des chapelles.

Mais si certaines parties de la construction de cette église offrent de l’analogie avec
les édifices de plusieurs nations voisines et rappellent certains principes communs à
l’art international du xiv" siècle, il y a d’autres parties, au contraire, qui sont bien
exclusivement françaises d’esprit et d’exécution, et qu’on ne retrouverait pas ailleurs.
Je veux parler de l’abside et de la façade.

L’abside, par la beauté de ses aplombs, par la netteté de ses profils, par le franc
et sincère développement extérieur de son plan, par l’harmonie et l’élégante simplicité
de ses aspects, par son ossature et ses jambes de force, non pas dissimulées, mais
utilisées pour la décoration, appartient exclusivement à notre art national. Il en est de
même de la façade avec sa silhouette traditionnelle des deux tours, avec ses fenêtres
encore garnies de leurs moulures, yeux gigantesques bordés de leurs paupières, avec
la dentelle de pierre des baies fermées par des meneaux délicats. Enfin, de tous les
éléments bien indiscutablement nationaux qu’on peut remarquer dans l’élévation de
cette façade, il n’y en a pas qui affecte plus profondément le caractère français que
la porte.
 
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