DOI Heft:
Nr. 9-10
DOI Artikel:Champeaux, Alfred de; Gauchery, Paul: Les travaux d'architecture et de sculpture: exécutés pour Jean de France, Duc de Berry
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LES TRAVAUX D’ARCHITECTURE ET DE SCULPTURE
EXÉCUTÉS POUR JEAN DE FRANCE, DUC DE BERRY
{Suite1).
(Planche 34.)
VII. — LE TOMBEAU DU DUC DE BERRY.
Comme de tous les princes du Moyen-Age, le duc de Berry s’était préoccupé longtemps
de la construction du tombeau sous lequel il devait reposer après sa mort. Il avait
tout d’abord désigné la cathédrale de Poitiers pour recevoir un monument funéraire dont
il avait fait commencer les travaux; mais il y renonça, car on trouve dans le compte
de ses dépenses, en 13831 2, la mention des sommes payées « aux tailleurs de pierre,
étant aux journées de Mgr, pour charger les grandes pierres ouvrées en ouvrage de
une sépulture qui avoit été faite pour Mgr en l’ostel de feu maistre Pierre Quentin3 ».
Ce transport était occasionné par l’acquisition de la maison de Quentin par le sénéchal
du Poitou. Les maçons, Jehan Gessart, Jehan Girart, aidés de leurs manœuvres et du
voiturier Guillaume Patron, conduisirent ces pièces à l’hôtel de Vivonne, qui, nous
l’avons d'éjà vu, servait d’atelier aux artistes employés à la décoration du palais de
Poitiers. Les sculptures transportées à l’hôtel de Vivonne ont disparu sans laisser
aucune trace. On ignore môme si elles ont jamais servi pour un autre monument.
Le duc de Berry avait abandonné le projet de faire établir sa sépulture à Poitiers,
dans la pensée qu’elle figurerait mieux dans la ville capitale de ses possessions.
Divers travaux qu'il lit exécuter dans la cathédrale de Bourges semblent avoir été
commandés sous cette influence. En attendant qu’un monument définitif fût construit,
il avait fait déposer le corps de Catherine de France, comtesse de Montpensier, dans
les caveaux de la cathédrale. Enfin, il obtint du pape Clément VII, en 1391, une bulle
favorable au chapitre de Saint-Etienne, dans laquelle il est dit ({lie le duc avait choisi
cette église pour la sépulture4. Il eût désiré que son mausolée fût placé au milieu
du chœur, ce qui eût permis de lui donner de vastes proportions, mais les chanoines,
redoutant qu’un monument aussi important ne gênât les cérémonies religieuses, en
1. Voyez Gazette archéologique, 1887, page 203.
i. Archives nationales, K K. 256 et 257 f. 42.
3. D’après une communication que nous devons à
M Richard, archiviste de la Vienne, Pierre Quentin
était lieutenant de Guillard d’Ars, sénéchal du Poitou
en 1359.
4. Raynal, Histoire du Berry, t. U, p. 14-38.
EXÉCUTÉS POUR JEAN DE FRANCE, DUC DE BERRY
{Suite1).
(Planche 34.)
VII. — LE TOMBEAU DU DUC DE BERRY.
Comme de tous les princes du Moyen-Age, le duc de Berry s’était préoccupé longtemps
de la construction du tombeau sous lequel il devait reposer après sa mort. Il avait
tout d’abord désigné la cathédrale de Poitiers pour recevoir un monument funéraire dont
il avait fait commencer les travaux; mais il y renonça, car on trouve dans le compte
de ses dépenses, en 13831 2, la mention des sommes payées « aux tailleurs de pierre,
étant aux journées de Mgr, pour charger les grandes pierres ouvrées en ouvrage de
une sépulture qui avoit été faite pour Mgr en l’ostel de feu maistre Pierre Quentin3 ».
Ce transport était occasionné par l’acquisition de la maison de Quentin par le sénéchal
du Poitou. Les maçons, Jehan Gessart, Jehan Girart, aidés de leurs manœuvres et du
voiturier Guillaume Patron, conduisirent ces pièces à l’hôtel de Vivonne, qui, nous
l’avons d'éjà vu, servait d’atelier aux artistes employés à la décoration du palais de
Poitiers. Les sculptures transportées à l’hôtel de Vivonne ont disparu sans laisser
aucune trace. On ignore môme si elles ont jamais servi pour un autre monument.
Le duc de Berry avait abandonné le projet de faire établir sa sépulture à Poitiers,
dans la pensée qu’elle figurerait mieux dans la ville capitale de ses possessions.
Divers travaux qu'il lit exécuter dans la cathédrale de Bourges semblent avoir été
commandés sous cette influence. En attendant qu’un monument définitif fût construit,
il avait fait déposer le corps de Catherine de France, comtesse de Montpensier, dans
les caveaux de la cathédrale. Enfin, il obtint du pape Clément VII, en 1391, une bulle
favorable au chapitre de Saint-Etienne, dans laquelle il est dit ({lie le duc avait choisi
cette église pour la sépulture4. Il eût désiré que son mausolée fût placé au milieu
du chœur, ce qui eût permis de lui donner de vastes proportions, mais les chanoines,
redoutant qu’un monument aussi important ne gênât les cérémonies religieuses, en
1. Voyez Gazette archéologique, 1887, page 203.
i. Archives nationales, K K. 256 et 257 f. 42.
3. D’après une communication que nous devons à
M Richard, archiviste de la Vienne, Pierre Quentin
était lieutenant de Guillard d’Ars, sénéchal du Poitou
en 1359.
4. Raynal, Histoire du Berry, t. U, p. 14-38.