Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

DOI issue:
Nr. 5-6
DOI article:
Bouchot, Henri: Charles VIII et Anne de Bretagne: portraits peints inconnus a la Bibliothèque Nationale
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0122

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
CHARLES VIII ET ANNE DE BRETAGNE

104

« l’époque, paraissant âgé de trente à quarante ans. Je tiens d’un ancien serviteur de la
« Bibliothèque qu’autrefois il y avait dans une de ces cachettes mystérieuses une hostie
« consacrée. Cette hostie, peut-être recueillie à part ou pulvérisée par le temps, ne s’y
« trouve plus aujourd’hui1. »

Et M. Lecoy de la Marche, qui mentionne aussi le manuscrit2, ajoute : « Les portraits
« en question sont-ils ceux de deux époux, comme le veut un catalogue? Leur habile
« agencement avait-il pour but de les dérober à un œil indiscret? C’est ce que le pro-
« priétaire seul aurait pu dire, et ce que les héritiers, s’ils l’ont su, se sont gardés
« d’apprendre à la postérité. »

La provenance de Gaignières pouvait mettre sur la voie et trancher l’incertitude.
Si les portraits de ce livre, autrefois conservés par lui, étaient ceux de personnages
connus, il n’aurait pas manqué de les faire copier par son dessinateur ordinaire pour les
joindre à la série iconographique de ses recueils. La plupart des panneaux transcrits ainsi
faisaient partie de son cabinet. Mais, après avoir examiné les deux peintures du manus-
crits, j’acquis la certitude que les personnages avaient été omis ou négligés par lui. En
se reportant au catalogue de ses collections dressé en 1711, on ht cette mention sous le
n° 6 : « Livres des évangiles et lettres gotiques sur vélin. Au commencement est le
« portrait d’un homme caché par une coulisse dans la couverture. A la ün celui
« d’une femme de mesme. 4°. Tapisserie de petit point qui représente la Passion. »

La sagacité du grand collectionneur s’était endormie pour une fois.

Lors de l’entrée des calques de M. de Bastard au Cabinet des estampes, j’avais beaucoup
remarqué deux portraits au trait simple, sans mention de provenance ni d’origine,
représentant Louis XII (sic) et Anne de Bretagne. Ce n’étaient point là des reproduc-
tions de miniatures, car les dimensions en eussent été extraordinaires. En les examinant
de plus près, j’eus la conviction que le prétendu Louis XII n’était autre que Charles VIII.
L’identité avec la médaille du prince était complète. Même nez énorme, mêmes yeux
saillants, même coiffure aussi. Quant à la reine Anne, il n’y avait aucun doute pour les
mêmes raisons. Mon confrère et ami, M. François Delaborde, qui imprimait alors une
histoire de Charles VIII, n’hésita point à retrouver le roi dans le croquis de M. de
Bastard.

En faisant glisser la planchette du manuscrit, décrit par M. Vallet de Viriville, je vis
apparaître l’original du calque. Aucun doute n’était possible ni pour la figure d’homme,
ni pour celle de femme, car si l’on applique le papier végétal de M. de Bastard sur la
peinture, les traits correspondent absolument. La rencontre n’est pas ordinaire. En effet, la
médaille et le buste mis à part, — la médaille de profil et partant incomplète au point de vue
iconographique, — on ne connaît guère qu’un portrait de Charles VIII, œuvre médiocre
appartenant à M. de Bonnaval et dont il existe une copie au Musée de Versailles. Toutes

\. Revue archéologique. Année 1850, page 355. j p. 340.

2. Les Manuscrits et la Miniature. Paris, Quantin,
 
Annotationen