50 LES SITULES EN BRONZE DES MUSÉES d’eSTE ET DE BOLOGNE
D’après une tradition qui avait cours au ve siècle de notre ère, ce peuple, déjà fixé dans
la région qu’arrosent l’Adige et le Pô inférieurs, lors de l’arrivée des Yénètes (Veneti),
avait fondé la ville de Padoue (Patavium)'. Or, les Yénètes passaient eux-mêmes
pour une nation dont les origines se perdent dans la nuit des temps1 2. Il résulterait,
de cette tradition que le territoire des Euganéens avait, dans le principe, plus d’étendue
qu’il n’en offrait au commencement de l’empire romain. Le vieux Caton, cité par
Pline, leur attribuait trentre-trois oppida3.
Ptolémée4 ne nous fournit pas le nom d’Euganéens, mais il indique, sous le vocable
de (k/ouvof, un peuple qu’il place dans la région de la Vénétie répondant au pays
des Euganéens, et auquel il rapporte quatre villes. Il y a apparence que ce nom de
(kyouvof est une reproduction plus rapprochée que le mot Euganei, de l’appellation
nationale que se donnait la population ainsi désignée. Les Grecs et les Latins ont
vraisemblablement altéré le mot en question, de façon à l’assimiler à quelques-unes
des articulations familières à leur langue.
Quoi qu’il en soit, les Euganéens n’avaient déjà plus d’existence autonome vers la
fin du me siècle de notre ère; ils setaient fondus dans la masse des autres petites
nations qui les environnaient et dont le mélange constituait la population delà Vénétie,
lors de l’invasion des Barbares. Les Hérules, les Goths, les Lombards, apportèrent
encore du sang étranger à la race issue de ces croisements, et la trace de la nation
dont Caton énumérait les bourgades se perdit absolument. Faut-il croire qu’elle avait
seule antérieurement occupé le district que Pline lui assigne? Le fait est plus que
douteux. Divers témoignages nous donnent à croire que le territoire sur lequel les
Euganéens s’étendaient d’abord, avait reçu aussi des Yénètes, des Ombriens et des
Étrusques. Ces derniers, ont le sait formellement, avaient dominé dans la région que
baignent les cours inférieurs de l’Adige et du Pô5. Il n’y a, d’ailleurs, qu’à jeter les
yeux sur la carte, pour se convaincre que le pays des Euganéens se présentait comme
première grande étape aux tribus qui débouchaient du nord-est dans la péninsule
italique. L’emplacement de ce canton appelait en quelque sorte les envahisseurs à y
faire halte. L’Adige, qui formait là deux bras principaux, et plusieurs cours d’eau
de moindre importance fournissaient, pour pénétrer à l’entrée de cette région monta-
gneuse et l’approvisionner, des moyens faciles de transport et de communication.
Le littoral peu éloigné de la mer Adriatique, qui ne présente de ce côté ni falaises,
ni escarpements, se prêtait au débarquement des émigrés venus d’au delà du golfe.
Leurs embarcations pouvaient ensuite remonter aisément par les bouches du fleuve,
et, toute la contrée contiguë à la mer étant marécageuse et coupée de nombreux
1. Sidon. Apoll. Panegyr. Anlhem., v. 189; cf.
Tit.-Liv , I, 1.
2. Voy. Polyb., II, xvii.
9. Plin., Hist. nat., III, xxiv (xx). Voyez,- sur les
Euganéens, Diefenbach, Origines europaeae , p. 74
(Francfort, 1861 ).
4. Ptoléin., III, 1, § 32.
5. Voyez ce que dit Polybe, loc. cit.
D’après une tradition qui avait cours au ve siècle de notre ère, ce peuple, déjà fixé dans
la région qu’arrosent l’Adige et le Pô inférieurs, lors de l’arrivée des Yénètes (Veneti),
avait fondé la ville de Padoue (Patavium)'. Or, les Yénètes passaient eux-mêmes
pour une nation dont les origines se perdent dans la nuit des temps1 2. Il résulterait,
de cette tradition que le territoire des Euganéens avait, dans le principe, plus d’étendue
qu’il n’en offrait au commencement de l’empire romain. Le vieux Caton, cité par
Pline, leur attribuait trentre-trois oppida3.
Ptolémée4 ne nous fournit pas le nom d’Euganéens, mais il indique, sous le vocable
de (k/ouvof, un peuple qu’il place dans la région de la Vénétie répondant au pays
des Euganéens, et auquel il rapporte quatre villes. Il y a apparence que ce nom de
(kyouvof est une reproduction plus rapprochée que le mot Euganei, de l’appellation
nationale que se donnait la population ainsi désignée. Les Grecs et les Latins ont
vraisemblablement altéré le mot en question, de façon à l’assimiler à quelques-unes
des articulations familières à leur langue.
Quoi qu’il en soit, les Euganéens n’avaient déjà plus d’existence autonome vers la
fin du me siècle de notre ère; ils setaient fondus dans la masse des autres petites
nations qui les environnaient et dont le mélange constituait la population delà Vénétie,
lors de l’invasion des Barbares. Les Hérules, les Goths, les Lombards, apportèrent
encore du sang étranger à la race issue de ces croisements, et la trace de la nation
dont Caton énumérait les bourgades se perdit absolument. Faut-il croire qu’elle avait
seule antérieurement occupé le district que Pline lui assigne? Le fait est plus que
douteux. Divers témoignages nous donnent à croire que le territoire sur lequel les
Euganéens s’étendaient d’abord, avait reçu aussi des Yénètes, des Ombriens et des
Étrusques. Ces derniers, ont le sait formellement, avaient dominé dans la région que
baignent les cours inférieurs de l’Adige et du Pô5. Il n’y a, d’ailleurs, qu’à jeter les
yeux sur la carte, pour se convaincre que le pays des Euganéens se présentait comme
première grande étape aux tribus qui débouchaient du nord-est dans la péninsule
italique. L’emplacement de ce canton appelait en quelque sorte les envahisseurs à y
faire halte. L’Adige, qui formait là deux bras principaux, et plusieurs cours d’eau
de moindre importance fournissaient, pour pénétrer à l’entrée de cette région monta-
gneuse et l’approvisionner, des moyens faciles de transport et de communication.
Le littoral peu éloigné de la mer Adriatique, qui ne présente de ce côté ni falaises,
ni escarpements, se prêtait au débarquement des émigrés venus d’au delà du golfe.
Leurs embarcations pouvaient ensuite remonter aisément par les bouches du fleuve,
et, toute la contrée contiguë à la mer étant marécageuse et coupée de nombreux
1. Sidon. Apoll. Panegyr. Anlhem., v. 189; cf.
Tit.-Liv , I, 1.
2. Voy. Polyb., II, xvii.
9. Plin., Hist. nat., III, xxiv (xx). Voyez,- sur les
Euganéens, Diefenbach, Origines europaeae , p. 74
(Francfort, 1861 ).
4. Ptoléin., III, 1, § 32.
5. Voyez ce que dit Polybe, loc. cit.