Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

DOI Heft:
Nr. 3-4
DOI Artikel:
Yriarte, Charles: Maitre hercule de Pesaro, [1]: orfèvre et graveur d'épées au XVe siècle
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0081

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
MAITRE HERCULE DE PESARO

67

ORIGINES DU MONUMENT. — DESCRIPTION.

Cancelieri, dans un ouvrage intitulé « Spade Celebri », est le premier qui, en 1754,
ait fait allusion à l’épée de César Borgia; elle était alors à Naples, et le célèbre abbé
Galiani, l’ami de Diderot et de Grimm, archéologue passionné, qui la convoitait, l’acheta
en 1773. Il en cacha l’origine, mais dès qu’il l’eut en mains, il fit beaucoup de bruit
autour de cette pièce de sa collection. Galiani était surtout numismate, sa collection est
entrée au Museo Borbonico; il résolut bientôt d’interpréter les emblèmes et les composi-
tions gravés sur la lame de son épée, entama à ce sujet une correspondance avec Diderot
et Mmo d’Epinay, et se trouva arrêté dès les premières lignes de la monographie qu’il
prétendait écrire, parce qu’il ne savait pas la date de la naissance de Borgia. L’abbé
eut alors recours à ses doctes amis de France, qui, à leur tour, en appelèrent au sieur
Caperonier, helléniste, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Galiani
mourut enfin en octobre 1787, sans avoir commencé la rédaction de la dissertation
qu’il méditait, mais laissant, cependant, au milieu de vingt caisses de manuscrits,
une correspondance du plus haut intérêt et un dossier sur lequel on lit : « L’épée de César
Borgia. »

Du vivant de Galiani, un Monsignor de cette illustre famille des Gaetani, qui a donné
à l’Eglise le pape Boniface VIII, avait ambitionné la possession de l’arme pour la
remettre aux mains du duc de Sermoneta, chef des Gaetani, ruinés par les Borgia, et
dont Alexandre VI avait usurpé le titre et proscrit la famille, donnant même à l’enfant,
de sa fille Lucrèce Borgia et d’Alphonse de Bisceglie d’Aragon, le duché de Sermoneta
avec la Rocca du même nom. Galiani, qui ne s’était jamais décidé à se défaire de l’arme
précieuse, par son testament retrouvé aux archives de Naples par M. Ademolio, l’auteur
de « La Famiglia et VErédita dell abbate Galiani », prescrivit de l’offrir aux Gaetani
pour la somme de 300 ducats napolitains (un peu plus de douze mille francs d’aujour-
d’hui); et, en cas de refus, à S. M. la Grande Catherine, dont il avait été l’assidu correspon-
dant, et reçu une pension qu’il toucha jusqu’à la fin de sa vie. Le duc de Sermoneta
réclama le droit de préemption et, malgré les efforts de la Grande Catherine, qui,
enflammée à l’idée de brandir l’épée du Fléau de l’Italie, avait à plusieurs reprises
poussé son ambassadeur à doubler la somme, ce droit fut reconnu. L’épée est encore
aujourd'hui dans les mêmes mains; le dessin que nous reproduisons ici nous évite de la
décrire; c’est le Stocco italien, l’épée de parement, arme d’apparat et de juridiction.
Si l’on regarde attentivement les fresques du Pinturicchio à Rome et à Sienne, on
constatera dans les compositions la présence d’un porte-épée, bel éphèbe à longs
cheveux, à la jaquette courte, au maillot mi-partie rayé de vives couleurs, qui porte en
avant du chef ce Stocco symbolique.

La poignée est en argent doré, décorée d’émaux sertis par un filigrane formant cloison
d’or en relief : d’un côté, à la fusée, on lit : CES. BORG. CAR. VALEN. César Borgia,
cardinal d,e Valence; l’autre porte l’écusson des Borgia, à leurs couleurs, avec le
 
Annotationen