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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

DOI issue:
Nr. 3-4
DOI article:
Podschiwalow, A. M.: Anse d'amphore en bronze avec la figure de Méduse
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0095

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ANSE D’AMPHORE EN BRONZE AVEC LA FIGURE DE MÉDUSE

petites ailes qui se voient encore sur les tempes. Alors, le mythe de Méduse est intime-
ment lié à celui de Poséidon, de Chrysaor et de Pégase. Nous voyons ainsi que la tête de
cet être mythique, qui était à l’origine l’emblème de l’horreur et de la crainte (souvent
indépendamment de l’ensemble du corps), finit par être envisagée exclusivement au
point de vue de la beauté plastique. Et si, à l’origine du mythe. Méduse est destinée à tout
obscurcir dans la nature, par contre elle apparaît dans la suite comme la protectrice des
vivants et des morts. Comme preuve à l’appui de cette théorie, nous pouvons mention-
ner les tombeaux de Kertch et de la presqu’île de Taman, sur lesquels sont représentés
les masques de Méduse, qui figuraient dans les funérailles'.

En comparant l’image de Méduse figurée sur l’anse de bronze du musée de l’Ermitage
avec celles des tombeaux que je viens de citer, je trouve que, par son mouvement, sa
puissante musculature et ses jambes de longueur inégale, elle se rapproche sensiblement
des monuments de l’art grec du vi° siècle. Toutefois la bouche entr’ouverte, les vêtements
et la perfection relative du travail semblent indiquer un style de transition. On pourrait
donc rapporter cette œuvre remarquable à la fin du vie ou au commencement du ve siècle.
C’est aussi vers cette époque que je placerais la tête de Méduse de l’anse d’amphore du
Musée du Louvre publiée par M. Héron deVillefosse, ainsi que la Méduse courant de la
collection de M. Louis de Glercq dont parle le même savant2.

Il est permis de supposer que l’amphore en bronze, dont nous publions l’anse, fut
apportée de la Grèce propre, sinon de la Grande Grèce, dans l’une des colonies grecques
de la Sarmatie, de la Chersonèse Tauride ou du Bosphore Cimmérien, d’où elle passa
chez les Scythes, si toutefois le kourgane où elle a été trouvée peut bien positivement être
considéré comme scythique : les objets qui y ont été découverts (marmite, flèches,
amphore) et la localité même militent, devons-nous dire, en faveur de cette hypothèse.

Moscou, janvier 1888.

* A. PODSCHIWALOW.

I. Voir les Antiquités du Bosphore Cimmérien. | 2. Gazette archéologique, 1887, p. 265.

Gazette archéologique, — Année 1888,

il
 
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