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LES FOUILLES RÉCENTES DE l’aCROPOLE D’ATHÈNES
découvertes de M. Karapanos à Dodone : ces yeux en pierre calcaire calcinée, avec pru-
nelles mobiles en cristal de roche et qui proviennent probablement d’une grande statue
en bois1.
La structure de ces statues présente un intérêt qu’ont signalé les éditeurs des a Musées
d Athènes ». D’après eux, elles se composent de plusieurs morceaux, « pour éviter sans
doute les difficultés du transport et de la taille de grands blocs de marbre. Les pièces
rapportées sont en particulier les pieds jusqu’à, mi-jambe, l’avant-bras, quelquefois
la tête. Les diverses parties sont ajustées d’une manière étrange et toute nouvelle,
qui diffère complètement de celle des chevilles de bronze. Ici le morceau rapporté se
termine par une saillie qui fait cheville, et qui, revêtue d’une matière agglutinante de
couleur blanche, s’emboîte dans un trou d’égale grandeur pratiqué dans la partie
correspondante. Cette matière n’est point du plâtre, comme il paraîtrait de prime
abord : c’est de la chaux, ainsi que l’a affirmé un professeur d’oryktologie ». Ajoutons à
ces remarques que la saillie qui fait cheville est percée d’un trou rond, lequel correspond
avec deux trous analogues dont est percée la partie correspondante du bloc de marbre,
quelquefois avec un seul trou. On peut même remarquer, sur deux statues, une rigole
assez profonde qui correspond à ces trous et qui semble destinée soit à y introduire
une tige de métal, soit à y couler quelque matière en fusion.
Quelques-unes ont la forme d’un xoanon. Le premier qu’on ait connu autrement que
par la lecture des textes anciens, c’est l’Artémis dédiée par une Naxienne, érigée à Délos,
probablement sculptée par des maîtres de la plus vieille école de l’Archipel, celle de Chios.
Retroqvée et publiée par M. Homolle2, elle est pus grande que nature; elle avait un
aspect de colonne aplatie; les pieds y sont à peine indiqués; deux montants, appliqués
le long du corps, tiennent lieu de bras; on admet volontiers que les yeux n’étaient point
ouverts. M. Homolle publiait en même temps des débris, trouvés tout auprès, qui indi-
quaient des xoana d’un art meilleur. Dans le premier, la poitrine est moins plate, la gaine
des jambes moins carrée; le contour en est presque suivi; le bras droit seul pend; le
bras gauche est plié et la main venait en avant. Dans le second fragment de Délos, les
cheveux sont mieux arrangés, le sein modelé plus attentivement. Le xoanon deM. Homolle,
avec ses bras collés aux côtés, sa chevelure laide, son corps plat et serré dans une robe
trop étroite, ses yeux probablement clos, ne nous dirait presque rien, si l’inscription de
la base ne nous avertissait de respecter cet ouvrage informe, offrande de la pieuse
Nicandra, et d’y voir l’image de « la déesse qui atteint de loin et qui aime à darder ses
traits ». Le xoanon de M. Paul Girard3 plaît davantage, avec sa longue tunique de fine
étoffe, qui est soigneusement rayée et qui drape d’une manière stricte.
1. Karapanos. Fouilles à Dodone.
2. Homolle (B. C. II. 111, 1879, p. 3 et 39, pl. i. — De
antiquissimis Dianæ simulacris deliacis, 1885). Cf. Kavva-
dias, Calai, du Musée central n° 1.
3. Paul Girard, B. C. H., IV, 1880, p. 483. Cf. le xoa-
non d’Eleusis, trouvé en 1882, probablement lait en
marbre de Paros (Philios, E<f. ap'/.-, 1884, p. 179, pl. 8,
n°s ,| et t» ; Kavvadias, Catal. du Musée central, n° 5), et
aussi les trois xoana du sanctuaire d’Apollon Ptoos, trou-
vés en1885et1886, taillés dans unesortede tuf (Holleaux,
B. C. H., 1886, X, pl. 7; Kavvadias, loc. cit., n°s 2 à 4.
LES FOUILLES RÉCENTES DE l’aCROPOLE D’ATHÈNES
découvertes de M. Karapanos à Dodone : ces yeux en pierre calcaire calcinée, avec pru-
nelles mobiles en cristal de roche et qui proviennent probablement d’une grande statue
en bois1.
La structure de ces statues présente un intérêt qu’ont signalé les éditeurs des a Musées
d Athènes ». D’après eux, elles se composent de plusieurs morceaux, « pour éviter sans
doute les difficultés du transport et de la taille de grands blocs de marbre. Les pièces
rapportées sont en particulier les pieds jusqu’à, mi-jambe, l’avant-bras, quelquefois
la tête. Les diverses parties sont ajustées d’une manière étrange et toute nouvelle,
qui diffère complètement de celle des chevilles de bronze. Ici le morceau rapporté se
termine par une saillie qui fait cheville, et qui, revêtue d’une matière agglutinante de
couleur blanche, s’emboîte dans un trou d’égale grandeur pratiqué dans la partie
correspondante. Cette matière n’est point du plâtre, comme il paraîtrait de prime
abord : c’est de la chaux, ainsi que l’a affirmé un professeur d’oryktologie ». Ajoutons à
ces remarques que la saillie qui fait cheville est percée d’un trou rond, lequel correspond
avec deux trous analogues dont est percée la partie correspondante du bloc de marbre,
quelquefois avec un seul trou. On peut même remarquer, sur deux statues, une rigole
assez profonde qui correspond à ces trous et qui semble destinée soit à y introduire
une tige de métal, soit à y couler quelque matière en fusion.
Quelques-unes ont la forme d’un xoanon. Le premier qu’on ait connu autrement que
par la lecture des textes anciens, c’est l’Artémis dédiée par une Naxienne, érigée à Délos,
probablement sculptée par des maîtres de la plus vieille école de l’Archipel, celle de Chios.
Retroqvée et publiée par M. Homolle2, elle est pus grande que nature; elle avait un
aspect de colonne aplatie; les pieds y sont à peine indiqués; deux montants, appliqués
le long du corps, tiennent lieu de bras; on admet volontiers que les yeux n’étaient point
ouverts. M. Homolle publiait en même temps des débris, trouvés tout auprès, qui indi-
quaient des xoana d’un art meilleur. Dans le premier, la poitrine est moins plate, la gaine
des jambes moins carrée; le contour en est presque suivi; le bras droit seul pend; le
bras gauche est plié et la main venait en avant. Dans le second fragment de Délos, les
cheveux sont mieux arrangés, le sein modelé plus attentivement. Le xoanon deM. Homolle,
avec ses bras collés aux côtés, sa chevelure laide, son corps plat et serré dans une robe
trop étroite, ses yeux probablement clos, ne nous dirait presque rien, si l’inscription de
la base ne nous avertissait de respecter cet ouvrage informe, offrande de la pieuse
Nicandra, et d’y voir l’image de « la déesse qui atteint de loin et qui aime à darder ses
traits ». Le xoanon de M. Paul Girard3 plaît davantage, avec sa longue tunique de fine
étoffe, qui est soigneusement rayée et qui drape d’une manière stricte.
1. Karapanos. Fouilles à Dodone.
2. Homolle (B. C. II. 111, 1879, p. 3 et 39, pl. i. — De
antiquissimis Dianæ simulacris deliacis, 1885). Cf. Kavva-
dias, Calai, du Musée central n° 1.
3. Paul Girard, B. C. H., IV, 1880, p. 483. Cf. le xoa-
non d’Eleusis, trouvé en 1882, probablement lait en
marbre de Paros (Philios, E<f. ap'/.-, 1884, p. 179, pl. 8,
n°s ,| et t» ; Kavvadias, Catal. du Musée central, n° 5), et
aussi les trois xoana du sanctuaire d’Apollon Ptoos, trou-
vés en1885et1886, taillés dans unesortede tuf (Holleaux,
B. C. H., 1886, X, pl. 7; Kavvadias, loc. cit., n°s 2 à 4.