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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

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Nr. 5-6
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Mély, Fernand de: La Crosse dite de Ragenfroid
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https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0128

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LA CROSSE DITE DE RAGENFROID

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Ses pérégrinations n’ont pas été nombreuses. Du cabinet de M. Crochard, de Chartres,
qui la possédait depuis sa découverte, en 1793, elle passa par des intermédiaires dans
la collection Mevrick en Angleterre. On l’y croyait toujours, alors que, depuis longtemps,
après avoir quitté l’Angleterre, elle se trouvait dans la collection de M. Carrand, à Pise,
d’où, l’an dernier, il la transporta à Florence. C’est là que son propriétaire a bien voulu
làire exécuter, pour les lecteurs de la Gazette archéologique, les belles photographies
qui nous permettent d’en avoir une idée aussi exacte que possible.

Jusqu’à présent c’est au dessin de Willemin qu’en étaient réduits, pour étudier la
crosse dite de Ragenfroid, les érudits qui se sont occupés de ce monument; il était
difficile de juger sur une gravure une pièce d’émail dont tous les détails ont leur
importance, mais on ne connaissait plus le propriétaire de la crosse. Cette ignorance de
l’original a forcément produit plusieurs erreurs, notamment dans les inscriptions
que Willemin avait mal lues et que, depuis lui, personne n’a rectifiées.

André Pottier, auquel nous devons le texte qui accompagne les planches de Willemin,
nous dit que cette crosse, qui, lorsqu’il l’étudiait, appartenait à M. Crochard, de Chartres,
fut trouvée dans l’église de l’abbaye de Saint-Père-en-Vallée, en 1793, dans le tombeau
de Ragenfroid, quarante-neuvième évêque de Chartres. Mais de ces deux affirmations
une seule est certaine, sa provenance de l’église de Saint-Père. Quant à savoir si elle a
été découverte dans le tombeau de Ragenfroid, il y a là un doute absolu, qui nous com-
mande une certaine réserve. Comme Ragenfroid, d’après le nécrologe 1 de Saint-Père,
était le constructeur de l’abbaye, il était naturel, jusqu’à un certain point, que ce fût à
lui qu’on attribuât immédiatement une aussi belle pièce que la crosse qui venait d’être
découverte.

Nous devons ici faire remarquer que le tombeau de Ragenfroid, d’abord au milieu de
l’église, fut, comme le dit le Gallia2, reporté en 1531 devant le grand autel. Or, du côté
de la place Saint-Pierre, à Chartres, l’église de l’abbaye est aujourd’hui en contrebas de
plus de deux mètres. Les travaux mêmes de Paul Durand, quand on restaura la chapelle
de la Vierge qui se trouve à l’extrémité de l’abside, indiquent qu’au Moyen-Age, le niveau
était plus bas d’un mètre encore. La chaussée de la Gourtille n’était pas encore construite,
et le monastère était exposé à de fréquentes inondations, que les moines essayèrent de
combattre par des travaux de canalisation dont on retrouve encore aujourd’hui les traces
dans les anciennes cours de l’abbaye, transformée en quartier de cavalerie. Le dallage
de l’église de l’abbaye fut plusieurs fois recouvert par l’eau, qui dut certainement péné-
trer tous les sarcophages et détériorer ce qu’ils contenaient. Si l’un d’eux fut exposé aux
atteintes de l'eau, c’est incontestablement le tombeau de Ragenfroid; l’admirable conser-
vation de la crosse, qui ne semble avoir jamais été atteinte par l’humidité, nous ferait
croire que, loin de se trouver dans un tombeau placé sous le pavage, elle dut, au con-

1. Mély(F.de), Inventaires de l'abbaye de Saint-Père-en- I 2. Callia christiana, VIII, 1110 D

Valide, Paris, Picard, 1887, gr. in-8°, p. 15.
 
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