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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

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Nr. 5-6
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Yriarte, Charles: Maitre Hercule de Pesaro, [2]: orfèvre et graveure d'épées au XVe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0150

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MAITRE HERCULE DE PESARO

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Dans tout cet ensemble, où sont les œuvres antérieures à l’épée de César, son chef-
d’œuvre, et quelles sont celles qui lui sont postérieures? J’incline à croire qu’il a dû
débuter par son chef-d’œuvre, car, dès 1505, il est à Ferrare au service du duc Alphonse,
mari de Lucrèce Borgia. Comme il reproduit bien souvent sur ses œuvres les emblèmes,
les triomphes, les monuments, les dispositions générales de l’épée faite pour César Borgia,
nous sommes bien forcés de croire qu’il se souvient du jour où il a eu l’honneur de tra-
vailler pour le fils du Pape, circonstance mémorable dans sa vie. Les compositions que
nous avons mises sous les yeux des lecteurs, le Sacrifice au bœuf Borgia, le Triomphe
de César, etc., étant larges, bien équilibrées, claires dans leurs dispositions, et, au
contraire, la plupart de celles que nous leur opposons restant désordonnées et confuses :
nous sommes amenés à penser que le graveur, le jour où il s’affirmait avec sûreté et
maestria dans l’épée de César, avait quelqu’un derrière lui qui lui servait de guide et
dont il était simplement le traducteur. Pourquoi, s’il en était autrement, alors qu’il ne
s’agissait plus ni du Vatican (où le bœuf des Borgia se transformait en bœuf Apis sous
le pinceau du Pinturrichio,) ni de la tour de Pise, — (allusion à l'Université où l’on était
venu apporter à César la nouvelle de l’exaltation de son père,) — Hercule aurait-il repro-
duit ces divers symboles sans discernement, sans cause, sans mesure et sans nulle
application aux circonstances de la vie du personnage pour lequel il travaillait? L’épée
du Borgia est donc évidemment son coup de maître, le maximum de sa fortune; il
s’en est souvenu toute sa vie et même beaucoup trop pour sa gloire. Nous avions donc
raison, à l’époque où nous ignorions encore le nom de l’artiste, de le désigner sous le
nom « Le graveur de l’épée de Borgia ».

Parmi les nombreuses compositions dont il a orné les lames que nous attribuons au
maître Hercule, nous avons choisi pour les reproduire celles qui nous semblent les plus
caractéristiques de sa manière et celles dont les allusions, la forme et les éléments
décoratifs se confirment mutuellement leur autenthicité. Dans la planche hors texte,
nous avons rassemblé l’une des faces de chacune des quatre œuvres suivantes : la belle
épée vénitienne, de la collection Ressman, la cinque-dea du Musée d'armes de
Berlin, provenant de la collection du prince Frédéric-Charles, celle de la Tour de
Londres et l’une des cinq cinquedea du maître que.compte la collection d’Hertford-house
de Londres (à sir Richard Wallace).

Il est singulier que quelques-uns des plus grands collectionneurs de ce temps-ci, les
mieux informés au sujet des grands spécimens des dépôts de l’Europe, ayant tenu dans
la main l’épée de Borgia, n’aient jamais établi de comparaison entre cette dernière et le
caractère de l’ornementation de la lame de l’épée vénitienne de M. Ressman. L’attribu-
tion date d’hier, elle nous est personnelle; ceux-là mêmes qui ont possédé l’arme et le
collectionneur qui la possède aujourd’hui, ont pu regarder notre affirmation comme
gratuite ou aventurée; mais tout doute va s’effacer en face de la confrontation qu’il
nous est permis d’établir. Outre que les sujets allégoriques, les architectures, la forme
 
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