Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux (13.1888)

226 PLAQUES FUNÉRAIRES DE TERRE CUITE PEINTE

du sarcophage; on aurait ainsi un nouvel exemple d’une disposition qui nous est
connue par le sarcophage de Clazomène conservé au British Muséum Des observations
faites sur place, au moment de la découverte, auraient sans doute permis de trancher
la difficulté ; malheureusement, il en est de cette fouille comme de tant d’autres : nous
en ignorons les détails.

L’intérêt de ces monuments est capital pour l’étude du rituel funéraire en Adtique ;
ils représentent, en effet, les différents actes de la cérémonie des funérailles avec un
développement qu’on chercherait en vain dans les peintures céramiques de la môme
époque connues jusqu’ici1 2. Voici, d’après la description de M. Furtwængler, dans quel ordre
se succèdent les sujets figurés : 1° L’exposition du corps (upofka-iç) et la lamentation
funèbre (n° 1811); 2° Suite de la lamentation (n° 1812); 3° Scène dans l’intérieur du
gynécée (n0 1813); 4° Le transport du corps (êxçopà) (n° 1814); 5° Le convoi funèbre,
comprenant des femmes et des hommes à pied (n08 1815-1818), des chars (n08 1819-
1823), des cavaliers (nos 1824-1826). Nous ne décrirons en détail que les morceaux dont
nous donnons le dessin.

I. Frag. a. b. c. (ci-contre). Ces quatre fragments proviennent de la plaque où était
figurée la irpoOeorç ; il n’y a de conservé que l’angle inférieur de gauche et une partie de
Fangle inférieur de droite. Mais on restitue sans trop de peine les lacunes, grâce aux
peintures d’ancien style attique où la môme scène est figurée3. Pour ne parler que
des plaques funéraires, on connaît celle du Louvre4 et celle beaucoup moins complète
du Musée de,Copenhague5. Ici, la composition paraît être la même que dans la plaque
du Louvre. Les potiers suivaient sans doute un type convenu pour ce genre de sujets,
et la seule exigence que pouvaient formuler les parents du mort portait, suivant toute
vraisemblance, sur la nature du sexe attribué à l’image du défunt. Conformément
aux prescriptions de la loi de Solon6, l’exposition du corps a lieu dans l’intérieur de la
maison; c’est ce qu’indiquent les deux colonnes à chapiteau dorique figurées à droite

1. Mon. ined. dell' Inst., t. XI, pl. 53. Baumeister,
Denkmœler des klass. Altertums, I, p. 853. Le Louvre et
le Musée de l’École évangélique de Smyrne possèdent des
fragments de sarcophages semblables. Si jusqu’ici aucun
exemplaire analogue n’a été trouvé en Attique, on connaît
tout au moins le rôle que jouait la terre cuite dans la
décoration des tombeaux attiques. Cf. sur les tuiles peintes
employées à cet usage, Studniczka, Jahrbuch des arch.
Inst., 1887, p. 69-72.

2. Il faut pour cela remonter jusqu’aux vases du style
du Dipylon. M. Kroker fait remarquer, à ce sujet, que
l’usage de représenter des scènes funéraires est bien
attique, et que les plaques de terre cuite offrant les
mêmes sujets dérivent d’une très ancienne tradition. Die
Dipylonvasen, Jarhb. des arch. Inst., I, 1886, p. 125.

3. Ces monuments ont été plusieurs fois énumérés :

Benndorf, Griech. und sicil. Vasenbilder, p. 6; —

A. Dumont, Peintures céramiques de la Grèce propre,
p. 33, note 1 ; — Catalogue des vases d’Athènes, p. 41. Il
faut y joindre une amphore du Musée de Berlin, du type
des loutrophores .- Furtwængler, Coll. Sabouroff, pl. lu, 4,
n° 3999 du catalogue de Berlin.

4. Benndorf, op. laud., pl. i. Cf. Dumont et Chaplaiu,
Céram. de la Grèce propre, p. 322, et notre Ilist. de la
Céramique, p. 142, fig. 64.

5. Benndorf, op. laud., pl. h. Cf. le nouveau fragment
de cette même plaque, reproduit à la fin de l’ouvrage,

p. 121.

6. Démosthène, c. Macartatos, § 62, p. 1071. vov
àicoOavovTa 7cpoTf0sa9a! ’ÉvSov. Pour le détail des cérémonies
funéraires, voir les ouvrages cités dans Hermann, Lehrbuch
der griech. Antiquitdten, IV,3e édition, par Hugo Blümner,
cf. Pottier, Étude sur les lécythes blancs attiques, p. 11 et
suivantes.