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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

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Nr. 11-12
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Prou, Maurice: Inscriptions carolingiennes: des cryptes de Saint-Germain d'Auxerre
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https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0333

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INSCRIPTIONS CAROLINGIENNES

303

Quel est l’âge des inscriptions qui précèdent, abstraction faite de l’épitaphe de saint
Fraterne dont il ne sera plus question jusqu’à la fin de cette notice? Il est difficile de
dater avec certitude une écriture capitale à la seule inspection de la forme des lettres.
Toutefois les caractères paléographiques de nos inscriptions auxerroises nous paraissent
devoir les faire rapporter au ixe siècle. Les abréviations sont rares, les lettres enclavées
peu nombreuses ; les mots ne sont pas séparés les uns des autres.

Les épitaphes dont parle Raoul ne pouvaient être antérieures à l’an 859, année où,
les cryptes étant achevées, Ton y transporta le corps de saint Germain. Mais,
pour que des inscriptions exécutées au plus tôt en 859 fussent devenues illisibles au
commencement du xT siècle, il fallait que des inscriptions eussent été peintes, comme
sont les nôtres, et non gravées. Voilà déjà lin premier motif de croire que nous sommes
en présence des épitaphes que nous recherchons.

En second lieu, Raoul Glaber dit que les tituii des autels étaient en vers hexamètres.
Il est bien probable qu’il en était de même des épitaphes, quoique notre auteur n’en
dise rien.

Enfin, les inscriptions que Raoul remit en état avaient été faites par des viri
scolastici. Or, c’est à l’époque carolingienne, surtout au milieu du ixe siècle, que les
écoles de Saint-Germain atteignirent leur apogée. Et si môme nous cherchons lequel de
ces maîtres auxerrois a composé les tituii des autels et les épitaphes des saints, le nom
d’Héric nous viendra naturellement à l’esprit. Ce moine, l’un des écrivains les plus
distingués de son temps, assez célèbre pour que Charles le Chauve lui confiât l’éducation
de son fils Lothaire, devait tout à saint Germain à qui ses parents l’avaient offert dès
l’âge de sept ans. Aussi, pour payer sa dette de reconnaissance à ce saint vénéré, il
écrivit deux grands ouvrages, l’un en vers héroïques, l’autre en prose, où il racontait
la vie et les miracles de son bienfaiteur. Il nous a laissé dans le second de ces livres le
récit de la translation du corps de saint Germain dans les cryptes qu’avait fait construire
le comte Conrad. Est-il téméraire de lui attribuer la composition des inscriptions dont on
a dù tout d’abord orner les « saintes grottes », de celles, au moins, qui entouraient le
tombeau principal? Nul n’était plus que lui capable de célébrer les mérites du saint.

Quant au travail de Raoul Glaber sur les épitaphes de la crypte, je crois qu’il fut
bien minime. Il n’a consisté qu’à rafraîchir la couleur des épitaphes. C’était peu de chose.
Mais encore fallait-il que ce travail assez simple fût exécuté par un moine qui sût la
prosodie latine. Au reste, Raoul n’a pas insisté sur la réparation des épitaphes. Il ne la
mentionne qu’en passant.

Il est à souhaiter qu’un épigraphiste achève de relever les inscriptions dont je viens
de donner des fragments. Après quoi il serait désirable qu’on cherchât un moyen d’en
assurer la conservation.

Maurice PROU.
 
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