Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

DOI Heft:
Nr. 11-12
DOI Artikel:
Babelon, Ernest: Figures d'applique en bronze: du Cabinet des Médailles
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0335

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
FIGURES D’APPLIQUE EN BRONZE 3()5

La seconde de nos statuettes a le même relief, la môme patine, les mômes dimensions.
C’est la figure d’une jeune fille par rapport à celle que nous venons de décrire, qui est
manifestement plus âgée. Dépourvue du stéphanos, elle a les cheveux relevés eu chignon
sur la nuque et retenus, semble-t-il, dans une sorte de cécryphalos, ou peut-être sim-
plement par un bandeau faisant le tour de la tète. Elle est sans voile; son diploïdion,
drapé d’une manière analogue à celui de l’autre statuette, est beaucoup plus court, ainsi
qu’il convient à une jeune fille. Pille a de môme une tunique talaire tuyautée, et elle
porte aussi l’œnochoé de la main gauche; sa main droite soutenait à la hauteur du visage
sans doute un plateau de fruits, qui a disparu par suite d’une cassure 1 ; les pieds sont
restaurés en cire. La jeune fille s’avance à droite et elle détourne la tète regardant sa
compagne comme pour l’inviter à la suivre. Remarquons le mouvement disgracieux
du cou et de la tête qui est comme retournée sens devant derrière : il est manifeste que
l'artiste a été impuissant à la faire regarder en arrière tout en évitant de lui imposer
cette horrible contorsion qu’on ne rencontre que dans les dessins des enfants ou des
barbares.

Malgré cet aspect archaïque dans le jeu et les ondulations des draperies, dans le main-
tien du corps et la gaucherie dans les gestes, une observation attentive ne permet pas
de s’y tromper; elle nous amène à reconnaître ici des œuvres d’une basse époque dans
lesquelles on a, conventionnellement et par imitation, simulé les formes qui caractérisent
les temps primitifs. Effectivement, si ces figures d’applique étaient véritablement
archaïques, est-ce que les traits du visage auraient cette physionomie particulière qui
trahit un art savant, entièrement débarrassé des procédés naïfs du vi° ou du commen-
cement du vc siècle? Les sculpteurs de la basse époque, quand ils copiaient ou imitaient
les œuvres archaïques, réussissaient assez bien à traduire les gestes, les draperies, les
mouvements du corps; mais ils ont toujours pitoyablement échoué dés qu’il s’est agi
pour eux de reproduire l’expression du visage et l’ensemble de la physionomie. Leur
ciseau n’a pas su s’affranchir des procédés scientifiques auxquels il était accoutumé, et
retrouver la naïveté enfantine des maîtres primitifs : leurs figures ont toujours une
physionomie moderne, si je puis me servir ici de cette expression. Voyez les statues et
les bas-reliefs archaïsants, nombreux dans les musées : si les gestes et le costume peuvent
parfois nous laisser hésitants, les traits du visage révèlent chez l’artiste une expérience
que n’avaient point encore les sculpteurs de l’époque archaïque : les yeux, le nez, la
bouche, les frisures de la barbe, les boucles des cheveux, le sourire béat si particulier
aux statues du commencement du vc siècle : tout cela est altéré et modernisé dans les
œuvres archaïsantes.

Ces particularités frappent dans les deux figures en relief que nous avons sous les
yeux : ces visages parlent et nous disent l’époque de la fabrication ; en voulant rendre

I. Caylus (op. cit.) l’a publiée tenant sur la main droite
un plateau, de restauration moderne, quoi) a fait dispa-

GaBETTE ARCHÉOLOGIQUE.— ANNÉE 1888-

paraître ultérieurement.

39
 
Annotationen