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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 1
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Blanc, Charles: De Paris à Athènes, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0010

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6 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

il se fera conduire dans la plaine de Marathon ; marin, il ira vérifier
comment les flottes du roi de Perse furent vaincues à Salamine; philo-
sophe, il s'informera du Lycée d'Aristote et de l'Académie de Platon, et,
promenant ses rêveries entre ces deux écoles, il rencontrera chemin fai-
sant tous les sages de la Grèce, c'est-à-dire tous les aïeux de l'intelli-
gence. S'il est poëte, osera-t-il se croire au-dessus de Pindare ou à la
hauteur d'Homère? Songera-t-il à surpasser les drames d'Eschyle, les
tragédies de Sophocle et d'Euripide, ou les comédies d'Aristophane?
S'il aspire aux triomphes de l'orateur, aura-t-il l'ambition d'être plus
disert qu'Isocrate, plus mâle que Phocion, plus entraînant que Démos-
thènes? Est-il destiné au commandement d'une république, le gouverne-
ment de Périclès lui fournira d'illustres leçons, et l'exemple de ce grand
homme lui enseignera comment, sous l'éclat de l'administrateur, on cache
le maître. S'il a voué sa vie au culte du plaisir et de la beauté, il ne sau-
rait espérer, j'imagine, d'être aussi élégant qu'Alcibiade ou de posséder
une plus belle femme qu'Aspasie. Que si, au contraire, il veut apprendre
à mourir, il ira visiter le défilé des Thermopyles et la prison de Socrate...
Pour moi, madame, qui ne suis ni philosophe, ni poëte, ni orateur, ni
guerrier, ni géomètre, mais qui me contente d'être un simple confesseur
de la divinité de l'art, je me trouve encore le mieux partagé de tous les
voyageurs, car je vais admirer, sans sortir de l'Acropole d'Athènes, des
artistes dont la grandeur a été sans modèle et restera sans égale : Ictinus,
Gallicrate, Mnésiclès, Alcamène et Phidias.

Si l'on en juge par les vestiges qui se voient encore sur la colline
des Nymphes et dans le voisinage du Pnyx, les maisons de l'an-
tique Athènes étaient fort petites et très-simples. Une ou deux cham-
bres taillées dans le roc et adossées à la colline constituaient la demeure
du citoyen. A part une citerne qui s'élargissait sous la terre en
forme de jarre, pour recevoir l'eau de pluie, ou qui servait à la con-
servation de l'huile d'olive, il ne reste là aucune trace de civilisation
privée ou de confort domestique. La vie des Athéniens était complè-
tement extérieure. La place publique était leur appartement, les fêtes
étaient leur plaisir et les monuments leur propriété la plus chère. Tout
se réunissait donc pour faire de l'Acropole la ville par excellence, la cité
sainte, la véritable patrie de l'Athénien. Rien n'était trop beau pour la
décorer, puisqu'elle devait à elle seule résumer le luxe de la nation,
renfermer ses trésors, ses reliques, ses temples et ses dieux. Pour la
rendre plus vénérable aux citoyens, les fables les plus poétiques avaient
été inventées et l'imagination du peuple le plus artiste du monde avait
brodé avec grâce sur les trames de la mythologie sacerdotale, de sorte
 
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