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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Recherches sur l'histoire de l'orfèvrerie française, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0028

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2k GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Les grands ouvrages ne faisaient pas peur aux orfèvres de cette
époque de rajeunissement, où le style italien s'accusait tous les jours
davantage. Lors de l'entrée solennelle de François Ier à Paris, après son
sacre, le prévôt et les échevins lui firent, au nom de la ville, un présent
splendide. C'était « une image de saint François, assis sur un pied double
à quatre pilliers, entre lesquels pilliers, estoit une salamandre couronnée,
tenant en sa gueule un écriteau émaillé de rouge et blanc, et, au-dessous
d'icelle couronne, un petit ange tenant une cordelière, en laquelle estoit
assise une grande table d'émeraude carrée : icelui image portant de haut,
compris ledit pied et le chérubin, deux pieds et demi ou environ, le tout
d'or pesant h3 marcs... 1 » Si sommaire qu'elle soit, cette description
nous donne l'idée d'un petit monument où l'orfèvrerie avait épuisé toutes
les ressources dont elle disposait alors. Des figurines hardiment mode-
lées en ronde bosse, un agencement architectural dans le goût de la re-
naissance, formaient un ensemble élégant, dont l'éclat se rehaussait en-
core par la polychromie des matières employées, l'or, l'émeraude, l'émail
rouge et blanc, cet émail qui, nous aurons bien des occasions de le re-
marquer, va devenir l'élément essentiel du bijou au xvie siècle.

François Ier mit quelque lenteur à s'occuper sérieusement de l'orfè-
vrerie et des merveilles qu'elle promettait. Mais les gardes de la commu-
nauté veillaient avec un soin extrême sur tout ce qui intéressait l'honneur
de la corporation et le progrès de leur industrie; ils s'occupèrent
d'améliorer le titre de l'or qu'ils employaient et, en 1519, ils exercèrent
des poursuites contre Jean de Russange, orfèvre sur le pont Notre-Dame,
qui avait contrevenu aux règlements rendus à ce sujet. Russange avait
été garde du métier en 1503 et en 1508, et en agissant ainsi à l'égard
d'un collègue de la veille, les maîtres de la communauté prouvaient
que les souvenirs d'une confraternité récente ne leur fermaient pas les
yeux sur les nécessités de la discipline. Les gens de justice et notamment
le prévôt de Paris, à qui appartenait l'examen de ces difficultés, secon-
dèrent leur zèle. Quant à François Ier, qui devait plus tard s'occuper
avec soin des intérêts de l'orfèvrerie et de sa police, il se contentait de
confier à son orfèvre, Pierre Mangot, des travaux d'un ordre bien secon-
daire. Les comptes nous le montrent, en 1528, «refaisant cle neuf une
lanterne» et ressoudant quatre grands bassins; l'année suivante, il reçoit
15 livres et quelques sous pour le « racoustement delà brocleure d'un
touret à femme, » sorte de coiffure qui fut longtemps à la mode et qui,
dans son ornementation capricieuse, admettait les ors ciselés, les perles,

I. Godetïoy, Cérémonial françoiSj 1,266 et suiv.
 
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