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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Recherches sur l'histoire de l'orfèvrerie française, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0029

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L'ORFEVRERIE FRANÇAISE. 25

les diamants et surtout l'émail. Mais c'étaient là de tristes travaux pour
un orfèvre du roi; nous voyons, en outre, que François Ier employa
quelquefois d'autres artistes, et qu'il avait recours à divers mar-
chands selon les hasards de sa vie voyageuse ou les caprices de sa
curiosité éveillée. Ainsi c'est à un orfèvre de Tours, Robin Rousseau,
qu'il achète, en 1516, pour le service de la princesse Charlotte, un
a tranchoir à queue, » c'est-à-dire un de ces plateaux d'or ou d'argent,
sur lesquels l'écuyer tranchant servait les viandes découpées. C'est
une nouvelle preuve de l'importance qu'avaient acquise à cette époque les
ateliers d'orfèvrerie de la ïouraine. Indépendamment de Robin Rous-
seau, plusieurs noms d'artistes tourangeaux pourraient être mention-
nés ; nous nous bornerons à rappeler ici celui de Gatien Boucault, qu'un
document, daté de 1523, nous désigne comme le beau-père du peintre
Jean Glouet, deuxième du nom.

D'autres maîtres travaillaient pour le roi. Un orfèvre de Paris,
Renault Damet, recevait en 1528 la somme, considérable pour l'époque,
de 328 livres tournois pour « un petit coffre d'argent doré, taillé en
esmaille de basse taille. » En 1532, Jacques Polin ou Poullain, mar-
chand orfèvre, demeurant sur le pont au Change, fournissait 13,650 bou-
tons d'or, qui furent employés « à semer une robbe de velloux noir
pour le roy. » Deux ans après, ce même Poullain vendait à François Ier
« neuf douzaines de gros fers esmaillez et faicts à boulleaulx, pour servir
à garnir trois bonnets de veloux noir » pour les jeunes ducs d'Orléans
et d'Angoulême. Nous demandons pardon au lecteur de descendre avec
lui jusqu'à d'aussi minces détails; mais dans un travail comme celui qui
nous occupe, il faut bien tenir compte des faits particuliers, surtout lors-
que, dans leur intime naïveté, ils jettent quelque lumière sur les habi-
tudes et sur les modes du temps.

Les églises et les riches municipalités eurent leur part dans les
progrès de l'orfèvrerie française. Dès 1521, le chapitre de la cathédrale
de Chartres s'occupait de l'exécution de la châsse de saint Piat, travail
considérable qui devait absorber tant d'années, et qui ne fut même
jamais fini. Jacques Le Vasseur, orfèvre de Chartres, et Jehan Siguerre,
orfèvre de Rouen, entreprirent cette châsse, véritable monument, puis-
qu'elle avait la longueur d'un corps humain. Mais, hélas ! saint Piat pro-
tégea mal la maison d'argent où dormaient ses reliques; tout fut vendu
en 1562 pour venir en aide au royaume empêché. Combien d'autres
merveilles eurent un sort pareil ! Que sont devenus les joyaux splendides
que les villes présentaient aux rois et aux reines à tout propos et hors
de propos? Nous ne savons guère qu'une chose de la vaisselle d'argent

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