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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 2
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Blanc, Charles: Une peinture de Léonard de Vinci
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0071

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66 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

moins en ont été ravis, et pour répondre à cette admiration unanime,
nous avons fait graver l'estampe que nous offrons ici à nos lecteurs.
Mais pendant que M. Flameng reprenait au burin sa planche délicatement
préparée à l'eau-forte, d'après un excellent dessin de M. Haussoulier,
M. Moreau a vendu le Saint Sébastien à l'empereur de Russie, au prix de
soixante mille francs, de sorte qu'il ne nous est plus possible, à notre
grand regret, de soumettre à un nouveau contrôle des hommes compé-
tents notre opinion sur ce tableau.

Le premier sentiment qu'éveillent chez les amateurs les découvertes
en matière d'art, est un sentiment d'incrédulité. Les uns sont des esprits
chagrins qui seraient désolés de "croire à un bonheur; les autres ne
demanderaient pas mieux que d'être persuadés, mais de nombreuses
déceptions leur ont enseigné le cloute; l'expérience les a rendus circon-
spects. Puis viennent des raisonnements qui de prime abord semblent
décisifs. Est-il vraisemblable, dit-on, que l'on découvre encore des
œuvres de Léonard cle Yinci, de Michel-Ange, de Raphaël, du Gorrége,
alors que, durant trois siècles, la célébrité universelle de leurs grands
noms a dû faire rechercher partout, avec tant de zèle, tout ce qui était
connu pour émaner cle leur génie, et tout ce qu'on pouvait soupçonner
d'être sorti de leurs mains? A moins que tel morceau de ces maîtres n'ait
été enfoui sous les décombres d'un monument ruiné, ou qu'il n'ait été
abandonné par l'ignorance aux injures du temps et de l'oubli, est-il pos-
sible qu'un chef-d'œuvre ait échappé si longtemps aux regards des
habiles, et que personne n'ait été averti de ce qui vous paraît, à vous, si
probable?... A ces arguments, très-plausibles en apparence, les faits ont
répondu et les plus incrédules ont dû se rendre. Un seul homme, un
Anglais, a su trouver dans sa vie deux merveilles : Y Apollon et Marsyas
de Raphaël, et une Sainte Famille cle Michel-Ange. Que d'objections, tou-
tefois, ne faisait-on point aux trouvailles de M. Morris Moore, avant même
cle les avoir vues ! que d'ironiques félicitations ! Notre siècle est vraiment
privilégié, disait-on ; il lui était réservé de vérifier toutes les invraisem-
blances, cle réaliser l'impossible, d'inventer l'introuvable! G'est ainsi que
l'on raillait tous ceux qui, revenant de l'exhibition de Manchester, annon-
çaient avoir vu de leurs yeux, en plein soleil, une Vierge de Michel-Ange,
c'est-à-dire un morceau infiniment plus rare que ne l'est un tableau de
Léonard de Vinci. Nous-même, en allant visiter la grande exhibition,
nous étions dominé par une défiance bien naturelle, et cependant il a
fallu reconnaître, dans cette œuvre d'une grâce hautaine, le peintre des
Sibylles et des Prophètes; il a fallu convenir que pendant quelque trente
ans, chose incroyable ! une peinture oû la griffe du lion était si visible,
 
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