L'ORFÈVRE IMF. FRANÇAISE. 83
poterie d'étain semblait clone de plus en plus en faveur; il ne lui man-
quait que de devenir un art.
Ainsi que nous le rappelions tout à l'heure, c'est sous Henri II que cet
avènement se produisit, et le promoteur de cette conquête, ce fut Fran-
çois Briot, habile maître dont le nom même nous serait inconnu s'il
n'avait pas pris soin de signer ses pièces. Les livres se taisent sur son
compte, et nous ne croyons pas que l'érudition des chercheurs ait encore
trouvé aucune date précise qui permette d'entreprendre sa biographie.
Mais le caractère de ses œuvres nous autorise à le rattacher à la période
comprise entre la fin du règne de Henri II et celui de Henri III. François
Briot ne paraît pas avoir été orfèvre (son nom ne se rencontre pas sur les
listes connues); mais il eût été digne de l'être, bien moins, il est vrai,
pour le goût qu'il montra dans l'invention des formes que par son habi-
leté dans la ciselure. Lui-même il se considérait comme sculpteur ou
graveur en relief : Scalpebal Francisais Briot, telle est l'inscription qui
figure le plus souvent au revers des plats ou des bassins qui supportent
ses aiguières, et il y gravait volontiers son portrait, signant ainsi deux
fois ses productions les mieux venues. Pourquoi n'y a-t-il pas ajouté
une date?
Les ouvrages du potier d'étain ne sont pas très-rares : lorsque l'ar-
tiste avait obtenu un modèle de cire qui lui plaisait, il le reproduisait à
plusieurs exemplaires. Pour nous, nous avons déjà rencontré plus d'un
surmoulage du même type. Une des plus belles aiguières de François
Briot est conservée au musée de l'hôtel de Gluny. La panse du vase, dont
la forme ovoïde est toute fleurie des plus riches arabesques, est divisée en
trois zones. Celle du milieu est décorée de trois médaillons qui repré-
sentent la Foi, l'Espérance et la Charité. Des figures de fantaisie, des
mascarons, des chevaux ailés ornent les deux autres zones. Deux têtes
en demi-relief enrichissent le col du vase; un buste de femme, se termi-
nant en gaine, forme l'anse; enfin deux bordures à godrons donnent au
pied de l'aiguière autant de solidité que d'élégance.
La décoration du bassin est plus riche encore. Le fond se compose
d'un médaillon circulaire où est représentée la figure allégorique de la
Tempérance, et qu'entourent quatre autres médaillons ovales qui symbo-
lisent les Éléments. Sur les bords du plat sont les Sciences et les Arts, au
nombre de sept, et Minerve qui résume, en elle toutes les forces de l'es-
prit. Des oiseaux fantastiques, des fleurs, des trophées, encadrent ces
divers cartouches. Enfin au revers du bassin se trouvent l'inscription
dont nous rappelions tout à l'heure le texte, et le portrait de François
Briot, qui porte le costume du temps de Charles IX, et qui se révèle sous
poterie d'étain semblait clone de plus en plus en faveur; il ne lui man-
quait que de devenir un art.
Ainsi que nous le rappelions tout à l'heure, c'est sous Henri II que cet
avènement se produisit, et le promoteur de cette conquête, ce fut Fran-
çois Briot, habile maître dont le nom même nous serait inconnu s'il
n'avait pas pris soin de signer ses pièces. Les livres se taisent sur son
compte, et nous ne croyons pas que l'érudition des chercheurs ait encore
trouvé aucune date précise qui permette d'entreprendre sa biographie.
Mais le caractère de ses œuvres nous autorise à le rattacher à la période
comprise entre la fin du règne de Henri II et celui de Henri III. François
Briot ne paraît pas avoir été orfèvre (son nom ne se rencontre pas sur les
listes connues); mais il eût été digne de l'être, bien moins, il est vrai,
pour le goût qu'il montra dans l'invention des formes que par son habi-
leté dans la ciselure. Lui-même il se considérait comme sculpteur ou
graveur en relief : Scalpebal Francisais Briot, telle est l'inscription qui
figure le plus souvent au revers des plats ou des bassins qui supportent
ses aiguières, et il y gravait volontiers son portrait, signant ainsi deux
fois ses productions les mieux venues. Pourquoi n'y a-t-il pas ajouté
une date?
Les ouvrages du potier d'étain ne sont pas très-rares : lorsque l'ar-
tiste avait obtenu un modèle de cire qui lui plaisait, il le reproduisait à
plusieurs exemplaires. Pour nous, nous avons déjà rencontré plus d'un
surmoulage du même type. Une des plus belles aiguières de François
Briot est conservée au musée de l'hôtel de Gluny. La panse du vase, dont
la forme ovoïde est toute fleurie des plus riches arabesques, est divisée en
trois zones. Celle du milieu est décorée de trois médaillons qui repré-
sentent la Foi, l'Espérance et la Charité. Des figures de fantaisie, des
mascarons, des chevaux ailés ornent les deux autres zones. Deux têtes
en demi-relief enrichissent le col du vase; un buste de femme, se termi-
nant en gaine, forme l'anse; enfin deux bordures à godrons donnent au
pied de l'aiguière autant de solidité que d'élégance.
La décoration du bassin est plus riche encore. Le fond se compose
d'un médaillon circulaire où est représentée la figure allégorique de la
Tempérance, et qu'entourent quatre autres médaillons ovales qui symbo-
lisent les Éléments. Sur les bords du plat sont les Sciences et les Arts, au
nombre de sept, et Minerve qui résume, en elle toutes les forces de l'es-
prit. Des oiseaux fantastiques, des fleurs, des trophées, encadrent ces
divers cartouches. Enfin au revers du bassin se trouvent l'inscription
dont nous rappelions tout à l'heure le texte, et le portrait de François
Briot, qui porte le costume du temps de Charles IX, et qui se révèle sous