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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 2
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Claudet, Antoine: La photographie dans ses relations avec les beaux-arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0108

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102 GAZETTE DES BEAUX - ARTS.



Laissons donc pour un moment les procédés et leur manipulation, les
instruments et leur application, pour ne considérer la photographie que
comme une nouvelle branche des beaux-arts.

En photographie, il n'est pas difficile de produire une belle épreuve,
mais il l'est de savoir si l'on a obtenu une épreuve réellement digne d'être
conservée. Le meilleur photographe est celui qui, toujours à l'ouvrage,
n'est jamais satisfait de ses productions, et qui, après avoir fait beaucoup
d'épreuves, en effacera le plus grand nombre et souvent les effacera
toutes. Voilà la seule condition de succès, car il recommencera et recom-
mencera encore jusqu'à ce qu'il ait obtenu des résultats irréprochables.

Il s'agit d'abord de choisir un beau sujet ou une belle scène; ensuite
de fixer le point de vue le plus favorable d'où il doit être pris, et de trou-
ver l'heure du jour, soit du matin, soit du soir, à laquelle il est le mieux
éclairé. Gela fait, le photographe ne doit lâcher prise que lorsque, après
des essais répétés dans les circonstances les plus propices, il aura produit
une épreuve réalisant toute la poésie de la nature.

Dans la nature, un paysage ne présente pas toujours le même aspect.
La saison, le temps, la position et la hauteur du soleil, la transparence
de l'atmosphère, un ciel plus ou moins chargé de nuages ou de vapeurs,
tout cela peut ajouter de la beauté au paysage ou lui en faire perdre; le
même site qui paraîtrait admirable à la lumière, soit du matin, soit du
soir, pourrait n'avoir rien de remarquable au milieu du jour ou lorsque
le ciel serait obscurci par les nuages. La lumière et les ombres qu'elle
produit donnent du contour et de la profondeur aux moindres sinuosités
de terrain; elle détache les arbres et les bâtiments du fond sur lequel ils
sont placés, elle rend toutes les teintes plus vives et les fait paraître
dans leur contraste harmonieux; la façon d'éclairer un site en forme donc
toute la beauté. Ces différences radicales dans les effets ne seraient-elles
pas la raison pour laquelle les voyageurs varient si souvent dans le juge-
ment qu'ils portent des mêmes localités?

L'appréciation de tant de conditions délicates n'est point à la portée
de tout travailleur en photographie; elle exige un véritable artiste doué
d'une perception rapide et fine jointe à un goût parfait. 11 ne peut saisir
les effets que comme ils se présentent, car il n'a pas comme le peintre,
pendant le cours de son travail, les moyens de modifier, de corriger
et d'améliorer son tableau par la couleur, par de nouvelles touches
et par une distribution mieux entendue des lumières et des ombres.
Le photographe artiste n'a donc qu'un moment favorable à saisir, et
trop souvent c'est en vain qu'il l'attend. Aussi, quand après des essais
répétés pendant une longue excursion, il peut à la fin de la saison rappor-
 
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