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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 3
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Galichon, Émile: Observations sur le recueil d'estampes du XVe siècle: improprement appele Giuoco di Tarocchi
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0150

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\kk GAZETTE DES BEAUX - ARTS.

au maniement des joueurs. Singer, dans son grand ouvrage sur les Cartes
à jouer, avait bien compris la difficulté d'assimiler ces gravures à
celles du jeu de tarots qui sont, d'ailleurs, différentes pour les sujets
représentés. Il exprima son doute, mais sans approfondir la ques-
tion et sans oser rompre avec la croyance générale. L'interprétation
que Zani a donnée des lettres distinguant les cinq séries de l'ouvrage,
pour en faire un jeu de cartes, n'est vraiment pas assez sérieuse, à notre
avis, pour contre-balancer les raisons que nous venons de donner. « J'ai
« trouvé, dit-il, les lettres ainsi interprétées : A. Tutto, B. Bastone,
a C. Coppe, D. Danari, E. Spade. Quel poids peut avoir cette explica-
« tion? c'est ce que nous examinerons dans un article sur les jeux de
a cartes, deuxième partie, classe Y (cet article n'a jamais été imprimé). Je
« dois dire aussi que dans les copies que nous avons de ce jeu, la pre-
« mière série porte, au lieu de la lettre E, un S, qui s'explique très-bien
<( par Spada. L'E du jeu original ne doit-il donc pas se lire Epée en
« français? Plus tard je déduirai mes autres raisons. » La difficulté
qu'éprouve Zani à donner un sens aux lettres, sens qu'il est obligé de
demander à plusieurs langues, le nombre des gravures en désaccord avec
celui des cartes du jeu de tarots, et qu'il n'ose point discuter, prouvent
assez la faiblesse de cette argumentation pour que nous n'insistions pas
davantage sur ce point.

Mais si nous ne croyons point que le recueil en question soit réellement
un jeu de tarots, il ne perd rien de sa valeur historique, bien au contraire,
car nous y voyons l'expression du système encyclopédique de Dante, une
spéculation astrologique tendant à assimiler les phases des .révolutions
célestes à celles de la vie terrestre, un livre d'emblèmes dans lequel la
pointe du graveur a remplacé la plume du philosophe pour raconter en
cinq chants les récompenses qui attendent l'homme laborieux, intelligent
et juste.

D'abord misérable, privé de vêtements qui le garantissent du froid,
poursuivi par les chiens qui déchirent ses chairs, l'homme est représenté
devenant, par son travail, artisan, puis marchand, gentilhomme, che-
valier, doge, roi, empereur, et pape. Cependant, peu satisfait des dignités
auxquelles il est parvenu, de la puissance qu'il a acquise sur ses sem-
blables, il rêve un autre bonheur : il comprend qu'il n'est point né pour
une vie grossière ou pour les plaisirs que donnent les honneurs, mais
pour connaître et pour aimer. Encore attaché aux biens de cette terre,
il demande aux muses païennes, conduites par Apollon, de charmer
ses sens et son esprit. Bientôt il a épuisé les jouissances que ces déesses
peuvent lui procurer, et il s'adresse aux arts chrétiens et plus sérieux,
 
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