Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Emiliani-Giudici, Paolo: De l'art en Sicile
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0218

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
210 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

soit l'école à laquelle ils appartiennent. S'il n'y en a pas qui atteignent à la
hauteur de Michel-Ange, de Léonard de Yinci, de Raphaël, cle Titien, du
Gorrége, il est des ouvrages du xve siècle qu'on peut opposer à ceux des
artistes les plus célèbres du Campo santo de Pise; il y en a du xvie siècle
qui soutiennent la comparaison avec le Pinturicchio, Jules Romain, Peiïn
del Vaga, André del Sarto, Luini, en un mot avec les meilleurs peintres
de l'école de Léonard ou de Raphaël ; enfin on en trouve au xvne siècle
qui ne seraient pas éclipsés par le Dominiquin, le Guerchin, le Garavage,
Ribera et, qui plus est, par Yan-Dyck et par Murillo. En fait de sculpture
du grand siècle, les Siciliens ont eu un statuaire dont les autres provinces
italiennes auraient de la peine à désigner le rival, à moins de le chercher
parmi les deux ou trois maîtres hors de ligne, c'est-à-dire parmi ceux qui
ne peuvent craindre la rivalité, ou plutôt qui n'ont pas de rivaux.

Lorsque tout jeune encore, en dépit de la volonté de ma famille, je
voulais devenir artiste et que je faisais de l'art en cachette, comme les
premiers chrétiens se vouaient à leur culte dans les Catacombes pour
échapper à la persécution des empereurs romains, je m'attachai à réu-
nir les mémoires et les documents pour servir à une histoire de l'art en
Sicile. La plupart de ces documents, pour ne pas dire la totalité, furent
égarés ou dispersés à l'époque des vicissitudes politiques qui me for-
cèrent à quitter le sol natal, si bien qu'il ne m'en reste aujourd'hui que
le souvenir. Mais ce souvenir est si vif et si fidèle, qu'il me permet de
donner aux lecteurs de la Gazette une appréciation de deux ou trois
grands maîtres siciliens, à savoir de deux peintres et d'un statuaire. Yous
aurez ainsi un aperçu des deux écoles principales de peinture et de sculp-
ture à Palerme.

Tous les historiens, qu'ils aient écrit en Italie ou ailleurs, s'accordent
à reconnaître cette vérité : que pendant que les communes, ou les répu-
bliques italiennes, ainsi qu'ils les appellent avec moins de justesse, lut-
taient pour conquérir et consolider leur liberté, l'Italie méridionale, la
Sicile notamment, débuta dans l'histoire de la civilisation moderne avec
une rapidité et un succès prodigieux. Les Normands fondaient presque
en même temps deux dynasties, l'une en Angleterre, l'autre en Sicile.
Sous les rayons ardents du soleil et sur un sol d'où l'élément grec n'avait
pas disparu, sur un sol qui gardait si heureusement aussi l'élément arabe,
le nouvel arbre jeta de puissantes racines et prospéra bien mieux qu'il
n'eût fait dans le Nord.

...Et maintenant, en mettant de côté la question politique, je ferai
remarquer que les monuments du premier siècle de la monarchie sici-
lienne, monuments si précieusement conservés, établissent un fait artis-
 
Annotationen