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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 4
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Emiliani-Giudici, Paolo: De l'art en Sicile
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0222

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214 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

comprendre les raccourcis, ainsi que la différence des plans dans le des-
sin. Ses poses sont toujours heureuses, son coloris est plein de sentiment.
Toutefois il avait à lutter avec un rude rival. Il est probable que le
célèbre Antonello de Messine a fait une courte halte à Palerme avant son
voyage et son séjour dans les Flandres, séjour qui, selon l'opinion de
Vasari, contestée aujourd'hui, fut très-profitable à l'Italie, car il lui procura
le secret de la peinture à l'huile inventée par les frères Yan Eyck. On voit
à Palerme deux magnifiques tableaux que les connaisseurs attribuent à
Antonello, bien qu'ils ne soient pas signés. C'est aussi l'avis du chevalier
Puccini ; il l'a exprimé dans un opuscule où il est question du peintre
messinois, et qu'il écrivit au commencement de ce siècle, lorsqu'il trans-
porta en Sicile quelques-uns des chefs-d'œuvre des galeries florentines
pour les dérober aux conquérants.

Le premier cle ces tableaux est dans l'église de Santo Lita; il repré-
sente la Dispute de saint Thomas d'Aquin, composition large, grandiose,
digne de figurer dans les premières galeries cle l'Europe. La figure du saint
est admirable; elle domine toutes les autres. Les personnages assis des
deux côtés sont tous des portraits d'hommes illustres, contemporains du
peintre, selon l'usage de l'époque, usage si suivi par Ghirlandajo et par
Benozzo Gozzoli, qui couvrit de portraits les pages du Yieux Testament.

La figure du philosophe arabe Averrhoès, étendu aux pieds du saint
comme un homme vaincu avec d'autres docteurs hétérodoxes, est admi-
rable par son expression. De même que ses figures humaines brillent
dans cette œuvre par tant de vérité, de même l'on remarque dans les
figures des êtres célestes cette beauté idéale que les contemporains de
Fra Angelico ont toujours recherchée. Les anges d'Antonello sont l'idéal
le plus pur, et par cela même, quand on les compare aux autres figures,
on dirait qu'elles sont un peu maniérées, tant elles font un singulier
contraste avec ces dernières.

La peinture du même maître représentant VAdoration des Rois mages,
dans l'église du couvent du Chancelier, est sans contredit bien supérieure
à celle que je viens de mentio-nner. On y voit ce fini qui ferait croire à
une gigantesque miniature; et cependant la touche est franche, rien de
léché ni de trop recherché. Le dessin est d'une pureté irréprochable, les
plis sont jetés avec une largeur qui surprend quand on se rappelle
l'époque où le tableau a été exécuté, époque à laquelle les plus grands
artistes, même en Toscane, montraient un style roide et anguleux. Il faut
surtout remarquer la beauté de la couleur, qualité assez commune chez les
peintres siciliens, et que Ton doit au sentiment plutôt qu'au calcul, à l'in-
spiration plutôt qu'aux règles apprises à l'école.
 
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