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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 5
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Lagrange, Léon: Des Sociétés des Amis des Arts en France, [1]: leur origine, leur état actuel, leur avenir
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0301

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292

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

nos sculpteurs, force les esprits les plus rebelles à subir, bon gré mal gré,
l'influence pénétrante du beau, et, par ce dévouement à une cause sans
cesse perdue et sans cesse en appel, mérite de plus en plus le titre de
Société des amis des arts que se dispute chacun de ses groupes.

Gomment se sont formées les sociétés des amis des arts, quel esprit a
présidé à leur organisation, quels services elles ont rendus et quels plus
grands elles peuvent rendre : c'est ce qu'il nous a paru intéressant de
rechercher. Si les documents que nous avons recueillis depuis plus d'une
année ne nous permettent pas de pénétrer dans la vie intime de chacune
de ces sociétés, nous en savons assez sur les plus importantes d'entre
elles pour essayer l'histoire générale de l'institution et pour nous rendre
compte du rôle qu'elle remplit en France. Sans abuser de la statistique,
il nous sera facile d'apprécier les résultats. Alors, nous élevant de ce qui
est à ce qui doit être, et comparant ce qui a été fait avec ce qui reste à
faire, nous tâcherons de formuler les principes d'organisation les plus
propres à assurer l'avenir des sociétés et à servir les véritables inté-
rêts de l'art.

Tel est le double objet de cette étude.

La première société établie en France pour la protection de l'art et
des artistes a été créée par des artistes vers le milieu du xvrT siècle. La
maîtrise des peintres, qui seule avait eu jusqu'alors le privilège de les
protéger, était devenue, sous l'influence de l'esprit de boutique, un corps
tyrannique et hostile aux intérêts de l'art. Les vrais artistes, las de se voir
confondus avec les manœuvres, sentirent la nécessité de se défendre, et,
comme ils savaient que l'union fait la force, ils s'unirent contre l'ennemi
commun. De cette résistance naquit l'Académie. Grâce aux documents
récemment mis en lumière par M. de Montaiglon, d'une part, et par
M. Paul Lacroix, on peut suivre jour par jour le long enfantement de ce
corps vénérable dont les ruines ont servi de base à l'Institut. Le fait le
plus curieux de cette curieuse histoire, c'est que l'instigateur de la levée
de boucliers des artistes contre la maîtrise fut un amateur, M. de Char-
mois. Il provoqua l'association nouvelle, il s'en constitua le président, il
en dirigea l'organisation. Il fit de l'Académie une sorte de compagnie
d'assurance des artistes entre eux, en même temps qu'une école chargée
de propager, par l'étude et par l'exemple, le goût des beaux-arts. L'Aca-
 
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