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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 6
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Mantz, Paul: Exposition de Lyon
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0343

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334 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

expérience la Société peut, en pareille circonstance, mettre au service de
son zèle ; vingt-cinq années de travaux menés à bien, souvent en des
temps difficiles, ont mûri l'institution et ont appris aux membres qui la
composent Fart, plus difficile qu'on ne croit, de faire une exposition.

Toutefois nous avons à cœur de dire, en parlant ici d'une manière
générale, que les solennités auxquelles nous convient chaque année les
Sociétés des Amis des Arts de province demeurent bien au-dessous de
ce qu'elles pourraient, de ce qu'elles devraient être. Ces expositions sau-
vegardent évidemment les intérêts financiers des artistes; elles créent à
leur profit des amateurs, ou tout au moins des acheteurs; elles se résol-
vent en pluie d'or, et, à ce point de vue, nous ne pouvons qu'applaudir
au résultat qu'elles produisent. Mais ce rôle doit-il leur suffire? Que font
les expositions départementales pour l'éducation de leurs visiteurs, pour
l'éclosion des talents nouveaux? Peu de chose assurément. Depuis tant
d'années que ces institutions fonctionnent en province, croit-on que le
goût du public ait fait des progrès bien appréciables?... Il est navrant
de voir sur quels tableaux les amateurs livrés à eux-mêmes portent leurs
préférences et leur argent. Le succès appartient presque toujours à la
petite peinture niaisement sentimentale, au paysage de ,trumeau, à la
plus vulgaire imagerie. Il ne se dégage donc des expositions provinciales
presque aucun enseignement. Beaucoup sont inutiles, quelques-unes sont
nuisibles. Nous aimerions que les bons esprits qui s'affligent de cette
situation fâcheuse voulussent bien associer leurs efforts pour y porter re-
mède. C'est évidemment une question à mettre à l'étude. Peut-être, en
un temps oû les tableaux voyagent si aisément, pourrait-on s'arranger
de manière à envoyer en province quelques œuvres d'une valeur réelle
qui neutraliseraient le mauvais effet que peuvent produire les pauvretés
du mercantilisme, et qui seraient pour le curieux une consolation, pour
l'ignorant une leçon et un modèle. L'art sérieux, qui d'ordinaire est si
tristement représenté dans ces fêtes,monotones, trouverait, dans la mise
en pratique de ce système, un moyen de se faire connaître et de se faire
aimer. Les religions, toujours ardentes à étendre leurs conquêtes, n'ont
jamais manqué d'expédier des prédicateurs aux lointains rivages où l'on
ne connaît pas leur Dieu. N'est-ce pas là un exemple à suivre, et ne de-
vrions-nous pas, nous aussi, envoyer des missionnaires au pays des infi-
dèles?

PAUL MANTZ.
 
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