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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Baschet, Armand: Négociation d'oeuvres de tapisserie de Flandre et de France: par la nonce Guido Bentivoglio pour le Cardinal Borghese (1610 - 1621)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0038

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NÉGOCIATION D'OEUVRES DE TAPISSERIE.

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notre pays. Mais ce qu'il nous appartient de faire, c'est de chercher à le
rencontrer de nouveau en quête de beaux ouvrages de tapisseries pour
nourrir et entretenir les insatiables beaux désirs du cardinal patron. Toute
une correspondance est engagée entre Bentivoglio et Borghôse à ce sujet, et,
par elle, nous apprenons où se voyaient alors les tentures les plus riches,
les plus nobles de façon, les mieux conservées, enfin les plus en renom.
Il a été publié à Turin, en 1852, chez Pomba, par les soins de M. Luciano
Scarabelli, deux volumes très-intéressants, ayant pour titre : Lettere
diplomatichc di Guido Bentivoglio1. C'est à ce recueil que j'emprunte les
détails sur les grandes tapisseries négociées en France parBentivoglio pour
Borghèse; on reconnaîtra que si, d'un côté, les vivantes et curieuses in-
trigues d'une cour où se trouvaient un maréchal d'Ancre et sa femme à leur
chute, un Luynes en son triomphe, un Bichelieu à son aube, une Marie de
Médicis jouet de la fortune la plus diverse, un roi d'une nature et d'un
tempérament des plus bizarres, avaient de quoi fournir à l'humeur narra-
tive d'un ministre bon observateur, d'un autre côté, la volonté du ser-
viteur pour bien capter la faveur du maître, en faisant mille bons offices
pour satisfaire celui-ci dans son faible, ne donnait réellement pas moins de
peine et n'avait non plus moins de quoi donner longue et vive matière
à une plume empressée. Cette fois, la chose se passa autrement qu'en
Flandre : le cardinal désirait plus particulièrement quelque belle chose
de grande maison, plutôt que de faire une commande, étant fort bien
informé des bonnes sources et des bons endroits. Sous prétexte de prier
le nonce Bentivoglio de se bien enquérir, c'était, à bien parler, lui qui le
mettait sur la voie; de son côté, le nonce mettait un haut prix à trouver,
dans cette occasion, un heureux à-propos de bon office : sachant que c'était
l'usage à la cour d'entretenir par de beaux présents l'humeur des cardi-
naux ministres, aussi accessibles que Borghèse, il tentait tout au monde,
— non cependant sans prudence,—pour que l'un de ces présents fût une
œuvre de tapisseries royales. En cela est le secret de la comédie; par là
se fait jour ce petit élément dramatique : tout cela aussi est plein
de curiosité non-seulement par l'objet même, qui est tout à fait d'art,
mais aussi par les instincts d'une réciproque convoitise de la part de
gens de si haute et si sainte qualité : du côté du cardinal, convoitise de

1. On ne pont que savoir gré à M. Scarabelli d'une aussi importante publication; mais
M. Scarabelli est blâmable de n'avoir pas pris un soin plus grand de l'exactitude dos textes et
de la nécessite des notes. M. Scarabelli s'en est tenu à des copies manuscrites qui sont à
Gènes, tandis qu'il aurait dû aller au-devant du marquis Bentivoglio, possesseur actuel et légi-
time des textes authentiques. 11 aurait trouvé do la part du marquis le plus obligeant accueil,
et, par suite, il eût évité de nombreuses erreurs.

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