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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Champfleury: Essai sur la comique et la caricature dans l'antiquité, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0068

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LE COMIQUE ET LA CARICATURE. 63

l'antiquité se plaisent à raconter ces subtilités de peintres. Jamais on ne
vit de gens aussi fertiles en à-propos et en malices que les artistes grecs
et romains. Rien ne les embarrasse; avec leurs pinceaux ils accomplis-
sent des miracles en un clin d'œil, et ils trouvent des plumes complai-
santes pour transmettre à la postérité ces légendes d'atelier. Combien Pline
en a-t-il conté!

Mais cette histoire du cheval à l'envers de Pauson, citée sérieusement
par Lucien, par lîlien et par Plutarque, n'est qu'une boutade d'artiste
irrité des exigences d'un amateur qui ne comprend pas son talent. Je
veux bien que Pauson ait retourné son tableau; le cheval est à l'envers :
ce n'est plus un tableau. Le cheval n'a pas été peint pour être vu les
quatre fers en l'air, mais debout. On peut citer l'anecdote comme un
trait de présence d'esprit de Pauson, sans y trouver les motifs de la
réprobation que montre Aristote et la cause des injures d'Aristophane.

Cherchons quels sont les écrivains qui ont parlé de Pauson, et les
dates qui les rapprochent du peintre.

Aristophane fait jouer ses comédies à Athènes vers l'an Zi27 avant
Jésus-Christ.

Aristote se fit connaître dans la même ville par ses écrits, vers l'an
348 avant Jésus-Christ.

Lucien publie ses écrits vers l'an 1(30 avant Jésus-Christ.

La célébrité de Plutarque remonte à l'an 70 ou 80 de Jésus-Christ.

Élien est un écrivain du ni" siècle.

Selon M. Egger, Pauson était un artiste du siècle de Périclès, c'est-à-
dire qu'il peignait, en prenant la moyenne de l'âge du célèbre Athénien,
vers Z|30 avant Jésus-Christ. Il était contemporain d'Aristophane ; Aris-
tote a vu ses tableaux, qui étaient célèbres encore un siècle plus tard,
puisqu'ils excitent son indignation rien que par la tradition. Lucien, Plu-
tarque et Elien n'ont pu recueillir l'historiette citée plus haut; cepen-
dant, tous les commentateurs, Sillig, Wieland, le comte de Clarac, etc.,
sont d'accord que le Pauson cité par ces divers écrivains est bien le
même peintre.

Quelle conclusion faut-il tirer de ces divers témoignages? Que Pau-
son était un peintre satyrique célèbre, et que sa célébrité a attiré sur son
œuvre l'attention, plus irritée que sympathique, des grands esprits de
l'antiquité.

Cil A MPFLEUn V.

[La fin prochainement.)
 
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