GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Gîtes et Ruines Américaines , recueillies cl photographiées
par M. D. Charnay. — Paris, Gide. 1861.
Une publication d'un grand intirètso prépare on ce moment. Un jeune Français,
M. Charnay, parti de France en 1837, vient de rapporter d'Amérique un album de pré-
cieuses photographies où le public pourra voir l'exacte reproduction des curieux monu-
ments qui s'élèvent encore, dans l'Amérique centrale, comme des témoins incompris de
civilisations depuis longtemps disparues. Nous avons vu ces belles épreuves qui repré-
sentent des édifices d'un caractère tout à fait original, dont les précédentes publica-
tions sur ce sujet ne nous avaient donné que des idées incomplôles ou fausses.
Aujourd'hui nous ne voulons que dire un mot du voyageur intrépide qui, au péril de
sa vie, au prix d'incroyables fatigues, est allé conquérir pour nous ces uniques docu-
ments de l'histoire d'un peuple dont le passage sur notre globe n'a pas laissé d'autres
traces, et dont le nom mémo est un problème pour nous.
Après avoir visité lo Canada, M. Charnay se rendit d'abord à Mexico, où il séjourna
huit mois pour y étudier la langue espagnole, et où il publia un album de photogra-
phies mexicaines. C'est de là qu'il a fait successivement trois voyages dans l'Yucatan
pour y prendre des photographies des ruines d'Uxmal, d'Izamal, de Chichen-Itza ; do
là qu'il a visité les ruines fameuses de Palenque, dans l'État de Chiapa, celles do Mitla,
dans l'État d'Oajaca. Quels furent ses souffrances, les privations qu'il supporta, les
dangers qu'il courut, les obstacles de toutes sortes qu'il rencontra, les difficultés sans
nombre qui traversèrent sa marche ou ses travaux pendant ces trois voyages ou plutôt
ces trois expéditions, où il avait h traîner son appareil photographique avec lui, c'est
ce que peuvent, imaginer ceux qui connaissent, par les relations d'autres voyageurs,
les périls et les accidents ordinaires d'un voyage dans ces contrées, périls, accidents
que des circonstances particulières devaient aggraver encore pour M. Charnay. Tantôt
c'est le vomito qui l'arrête, ce tribut presque inévitable qu'exige des Européens le
climat de la Vera-Cruz; tantôt ce sont les brigands, fléau non moins commun do ces
contrées, qui le dévalisent et qui brisent ses clichés; une fois il est abandonné au
milieu des bois par son escorte d'Indiens, et il passe six jours seul, perdu, au milieu
d'une forôt vierge, vivant de maïs cru et souffrant d'horribles privations; une autre
fois, retenu prisonnier dans Vera-Cruz, alors assiégée, pendant une des guerres si fré-
quentes dans ce pays, il voit son lit coupé on deux par une bombe. Ajoutez à cela les
obstacles opposés par la nature môme des lieux, les excessives chaleurs, la rencontre
des bêtes sauvages, et, par-dessus tout, les difficultés éprouvées par l'artiste dans
l'ordre même de ces travaux, difficultés parfois insurmontables, et qui, lors même
qu'elles ont pu être surmontées, ont longtemps retardé pour M. Charnay le succès de
Gîtes et Ruines Américaines , recueillies cl photographiées
par M. D. Charnay. — Paris, Gide. 1861.
Une publication d'un grand intirètso prépare on ce moment. Un jeune Français,
M. Charnay, parti de France en 1837, vient de rapporter d'Amérique un album de pré-
cieuses photographies où le public pourra voir l'exacte reproduction des curieux monu-
ments qui s'élèvent encore, dans l'Amérique centrale, comme des témoins incompris de
civilisations depuis longtemps disparues. Nous avons vu ces belles épreuves qui repré-
sentent des édifices d'un caractère tout à fait original, dont les précédentes publica-
tions sur ce sujet ne nous avaient donné que des idées incomplôles ou fausses.
Aujourd'hui nous ne voulons que dire un mot du voyageur intrépide qui, au péril de
sa vie, au prix d'incroyables fatigues, est allé conquérir pour nous ces uniques docu-
ments de l'histoire d'un peuple dont le passage sur notre globe n'a pas laissé d'autres
traces, et dont le nom mémo est un problème pour nous.
Après avoir visité lo Canada, M. Charnay se rendit d'abord à Mexico, où il séjourna
huit mois pour y étudier la langue espagnole, et où il publia un album de photogra-
phies mexicaines. C'est de là qu'il a fait successivement trois voyages dans l'Yucatan
pour y prendre des photographies des ruines d'Uxmal, d'Izamal, de Chichen-Itza ; do
là qu'il a visité les ruines fameuses de Palenque, dans l'État de Chiapa, celles do Mitla,
dans l'État d'Oajaca. Quels furent ses souffrances, les privations qu'il supporta, les
dangers qu'il courut, les obstacles de toutes sortes qu'il rencontra, les difficultés sans
nombre qui traversèrent sa marche ou ses travaux pendant ces trois voyages ou plutôt
ces trois expéditions, où il avait h traîner son appareil photographique avec lui, c'est
ce que peuvent, imaginer ceux qui connaissent, par les relations d'autres voyageurs,
les périls et les accidents ordinaires d'un voyage dans ces contrées, périls, accidents
que des circonstances particulières devaient aggraver encore pour M. Charnay. Tantôt
c'est le vomito qui l'arrête, ce tribut presque inévitable qu'exige des Européens le
climat de la Vera-Cruz; tantôt ce sont les brigands, fléau non moins commun do ces
contrées, qui le dévalisent et qui brisent ses clichés; une fois il est abandonné au
milieu des bois par son escorte d'Indiens, et il passe six jours seul, perdu, au milieu
d'une forôt vierge, vivant de maïs cru et souffrant d'horribles privations; une autre
fois, retenu prisonnier dans Vera-Cruz, alors assiégée, pendant une des guerres si fré-
quentes dans ce pays, il voit son lit coupé on deux par une bombe. Ajoutez à cela les
obstacles opposés par la nature môme des lieux, les excessives chaleurs, la rencontre
des bêtes sauvages, et, par-dessus tout, les difficultés éprouvées par l'artiste dans
l'ordre même de ces travaux, difficultés parfois insurmontables, et qui, lors même
qu'elles ont pu être surmontées, ont longtemps retardé pour M. Charnay le succès de