Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Mantz, Paul: Decamps: artistes contemporains
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0103

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
98

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

illustres, ou, pour mieux dire, aux opinions que nous nous étions formées
d'eux. Cette étude, qui nous a permis d'entrer plus avant dans l'intimité
de leur génie, n'a jamais été sans profit, alors même qu'elle nous a enlevé
quelques illusions. C'est un travail semblable que nous voudrions faire
aujourd'hui pour Decamps. INous voudrions, rejetant loin de nous tout
parti pris d'école, nous rendre exactement compte de la valeur de cet
artiste compliqué, et savoir jusqu'à quel point nos sympathies ont fait
fausse route en donnant jadis à ce vigoureux peintre une place considé-
rable dans l'histoire de l'art de notre temps. La question n'a pas cessé
d'être à l'ordre du jour; elle vient d'ailleurs d'être remise sur le tapis
par quelques critiques qui, descendus après nous dans l'arène, y appor-
tent des tendances nouvelles et d'autres visées. La génération à laquelle
nous appartenons s'était montrée tout à fait favorable à Decamps : le
maître illustre reconnaissait lui-même, en 18bh, que la critique l'avait
toujours traité « en enfant gâté. » 11 eût pu, dès l'année suivante, chan-
ger de langage, car c'est de l'Exposition universelle qu'on peut dater la
première tentative d'opposition contre ce talent si goûté naguère. Depuis,
on est allé plus loin. Discuté par celui-ci au point de vue de l'idéal, par
celui-là au point de vue de la réalité, le maître que nous avons aimé, que
nous aimons encore, est pris ainsi entre deux feux, et quoiqu'il fasse
bonne contenance sous ces assauts multipliés, quoique l'hôtel Drouot
demeure inébranlable dans le haut prix de ses enchères, il n'est que trop
évident qu'il se fait contre Decamps un commencement de réaction. C'est
une raison de plus pour examiner à loisir l'œuvre qu'il a laissé, en com-
plétant çà et là cet examen par les renseignements que nous avons pu
recueillir sur sa vie. L'homme est d'ailleurs de taille à supporter une
enquête attentive; il mérite les honneurs d'un portrait en pied.

Nous avons été devancé dans cette étude par plus d'un critique intelli-
gent, etpar le plus considérable de tous, par Decamps lui-même. Dans une
lettre qu'on a déjà citée* bien des fois et qui demeure un des éléments
principaux de sa biographie, l'artiste, malade alors et découragé, s'est
peint en quelques vigoureux traits de plume, avec la fierté d'un homme
qui sent sa valeur, et sans rien cacher des tristesses que lui laissaient au
cœur ses ambitions mal satisfaites. On trouvera dans cette lettre fameuse,
qui a paru pour la première fois dans les Mémoires d'un Bourgeois de
Paris, le meilleur portrait qui ait été fait de Decamps. Nos lecteurs con-
naissent ces pages à la fois naïves et amères, et il n'y a pas lieu de les
reproduire. Mais nous ferons à cette autobiographie plus d'un emprunt,
en nous permettant toutefois de compléter, de corriger peut-être, par
nos propres informations, les souvenirs parfois trop sommaires de l'ar-
 
Annotationen