Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:
Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 1, Architecture, 8-10: architecture, sculpture, peinture
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0136

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
130

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

entre une façade et ses côtés.» Or, le sens matériel des diverses architectures
répond à leur signification poétique, à leur sens moral. Si le climat et la
nature des matériaux disponibles ont influé partout sur le caractère de
l'architecture, cette influence incontestable s'est fait sentir principale-
ment dans la couverture de l'édifice; quant au sens matériel de son déve-
loppement, il est lié sans aucun doute par un rapport secret avec les
idées de la nation, avec sa manière d'imaginer le monde moral et de
comprendre la divinité. Chez tous les peuples, les plus anciens artistes
furent des prêtres : voilà pourquoi l'architecture commença par être sym-
bolique, et ce symbolisme s'exprima tout d'abord par le choix de la
dimension dominante. Un coup d'œil jeté sur l'histoire nous fait aperce-
voir sur-le-champ trois genres de grandeur parfaitement distincts et sen-
sibles dans les constructions humaines. Les temples de l'Inde sont pro-
fonds, les temples de l'Égypte sont larges, les églises chrétiennes sont
hautes, et ces contrastes correspondent à des religions différentes; ils
expriment des pensées.

« Les religions de l'Inde, dit Lamennais, renferment toutes une idée
panthéistique, unie à un sentiment profond des énergies de la nature. Le
temple dut porter l'empreinte de cette idée et de ce sentiment. Or, le
panthéisme est à la fois quelque chose d'immense et de vague. Que le
temple s'agrandisse indéfiniment, qu'au lieu d'offrir un tout régulier, sai-
sissable à l'œil, il force, par ce qu'il a d'inachevé, l'imagination à l'étendre
encore, à l'étendre toujours, sans qu'elle arrive jamais à se le représen-
ter tout ensemble comme un et comme circonscrit en des limites déter-
minées, l'idée panthéistique aura son expression. Mais pour que le senti-
ment relatif à la nature ait aussi la sienne, il faudra que ce même temple
naisse en quelque manière dans son sein, s'y développe, qu'elle en soit
la mère, pour ainsi parler. C'est là, dans ses ténébreuses entrailles, que
l'artiste descendra, qu'il accomplira son œuvre, qu'il fera circuler la vie,
une vie qui commence à peine à s'individualiser en des productions à
l'état de simple ébauche : symbole d'un monde en germe,- d'un monde
qu'anime et qu'organise, dans la masse homogène de la substance pri-
mordiale, le souffle puissant de l'être universel. »

Ces belles considérations ne sont pas seulement d'un poëte : elles se
peuvent rigoureusement vérifier. Les temples indiens, ceux qui consti-
tuent véritablement l'architecture indigène, sont de vastes excavations
dans le roc vif pratiquées avec une patience quia duré des siècles. L'Inde
en est remplie et tous les jours on en découvre en deçà ou au delà du
Gange. Les plus fameuses sont celles de l'île de Ceylan, des environs de
 
Annotationen