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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 2
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 1, Architecture, 8-10: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0147

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GRAMMAIRE DES ARTS 1)1] DESSIN. 1Z,1

sur les façades de l'orient et de l'occident. Là, c'est encore le plus souvent
par une percée pratiquée, dans le faîte qu'est éclairé le lieu saint où
s'élève l'image du dieu. Ainsi l'extrême rareté des ouvertures semble
d'accord avec la sévérité du monument, et si un portique en facilite l'ac-
cès en offrant au peuple un abri sous le fronton ou sous les ailes du
temple, derrière ce portique se dresse une muraille infranchissable.

Au moyen âge, les églises catholiques présentent, il est vrai, de
grandes surfaces toutes percées de vitrages qui sembleraient devoir dimi-
nuer l'austérité de l'architecture; mais pour atténuer l'effet que produirait
ici l'abondance du jour, l'architecte a su amortir l'éclat de ses verrières
sous des rouges intenses, des bleus violents, des verts profonds, de sorte
que la fenêtre, colorant au passage les rayons du soleil, devient à demi
obscure et rétablit au dehors la gravité de l'édifice, tandis qu'elle répand
dans l'intérieur la mélancolie de ses sombres lumières.

Dans les temps modernes, un des hommes qui ont le mieux senti
l'expression sévère que peut obtenir l'architecture par la sobriété des
vides, est l'architecte Ledoux, qui fut en réputation au siècle dernier.
Tout ce qu'a produit cet artiste est marqué à l'empreinte d'une simpli-
cité forte et du plus rigide caractère. C'est lui qui éleva autour de Paris
ces barrières qu'on vient de détruire, et dont quelques-unes étaient des
chefs-d'œuvre à leur manière. Un philosophe qui aurait voulu habituer
les esprits à l'abolition des octrois n'eût pas mieux conçu son architec-
ture. De quelque point de l'horizon qu'il se dirigeât sur Paris, le mar-
chand, du plus loin qu'il apercevait ces pleines et lourdes murailles, ces
portes basses flanquées de colonnes trapues et ces très-rares fenêtres par
où il se sentait surveillé, songeait tout de suite à payer la rançon de l'in-*
dustrie et du travail. Partout l'architecte avait atteint son but en variant
l'application du même principe.

11 faut citer encore, comme un exemple frappant de l'expression des
pleins en architecture, la prison construite à Aix en Provence sur les des-
sins du même artiste. L'édifice est un quadrilatère aux quatre faces égales
et pareilles. Chacune se développe sur une grande ligne et présente une
surface nue et lisse, percée de quelques ouvertures très-étroites et très-
rares. Aux deux angles s'élèvent deux corps de bâtiment qui ne font point
saillie sur le nu du mur extérieur, mais qui se distinguent par un cou-
ronnement triangulaire sans aucune moulure, sans aucun vide apparent
ou réel. Au milieu de ces sombres façades s'ouvre un petit péristyle de
colonnes serrées et courtes : il semble de loin que le prisonnier n'y
 
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