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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 2
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 1, Architecture, 8-10: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0156

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150

GAZETTE DES BEAUX-

ARTS.

un corps deux yeux semblables, deux oreilles semblables, deux bras
égaux, deux jambes pareilles en hauteur, en largeur, en épaisseur, nous
apercevons tout de suite l'unité de plan qui a présidé à la création du
corps humain. Si l'homme se présentait à nos regards avec un bras droit
qui fût plus long ou plus court, plus gros ou plus mince que le bras
gauche, nous croirions avoir devant nous deux êtres, tandis que la répé-
tition identique des membres accuse l'identité de la personne, sa parfaite
unité. La symétrie est ainsi comme un second coup de burin qui grave
plus profondément les traits que le premier coup n'avait fait que dessiner.
Ainsi l'entendent les grands maîtres de la musique, lorsque, pour faire
pénétrer clans l'âme de la foule le sentiment de leurs mélodies, ils y
insistent par une répétition quelquefois redoublée, et se font comprendre
à l'oreille par des phrases symétriquement similaires qui sont, à vrai"
dire, la construction architectonique de leur pensée.

En transportant dans l'architecture la loi de son être, l'homme a eu en
vue de reproduire l'harmonie qu'il avait admirée en lui-même, cette har-
monie qui est nécessaire à ses oreilles autant qu'à ses yeux, à son esprit
autant qu'à son corps, car il la veut, il la poursuit partout, en peinture,
en sculpture, en musique, dans tous les arts, dans tous les spectacles,
même dans ceux qui tiennent à l'ordre moral. « Quel mépris ne sentons-
nous pas, dit le père André (Essai sur le beau), quand nous voyons un
air cavalier dans un homme d'église, un air de village dans un courtisan,
un air de Gaton dans un jeune homme, un air de petit-maître dans un
vieillard, en un mot un air de masque sur un visage ? »

La première cause de l'harmonie en architecture, c'est l'unité de plan
qui engendre naturellement l'unité d'élévation et l'unité de style, surtout
lorsque l'entière exécution du plan a pu être dirigée par celui qui l'a
conçu. Nous en avons sous nos yeux plus d'un exemple. Le palais des
Tuileries, pour avoir été bâti, continué, modifié, interrompu, repris,
défait et refait par plusieurs architectes, présente le plus choquant de
tous les défauts d'harmonie. 11 semble qu'au lieu de dissimuler au moins
par la ressemblance du style les additions, les allongements successifs
qu'on y voulait faire, on ait pris à tâche d'accuser les disparates de
l'édifice en changeant d'architecture à chacune des pièces de rapport dont
se compose maintenant ce vaste palais.

Ce qui importe en architecture, c'est l'unité d'impression qui doit sor-
tir du sein de la variété et s'en dégager clairement. Si la pensée de l'ar-
chitecte est grave, que tout soit sérieux dans son œuvre jusqu'à la cou-
leur et au caractère des matériaux qu'il emploiera, que le plan soit
simple et formé de lignes rigides, que l'élévation ne soit pas tourmentée
 
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