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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 3
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 1, Architecture, 11: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0233

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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN.

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la porte triomphale, rien de tout cela n'existe par soi, ne s'explique
par soi-même; tous les esprits y cherchent ou un but pratique ou un
sens symbolique... Ce rapport à une fin est le vice incurable de l'ar-
chitecture. »

Hegel, au contraire, a distingué deux architectures : l'une indépendante,
celle qui est un symbole, c'est-à-dire qui exprime une pensée générale et
vague et qui est libre de toute destination positive, comme par exemple
un obélisque; l'autre dépendante, celle qui est soumise à l'utilité pra-
tique, comme par exemple la maison. Mais la dépendance de l'architecte
ne cesse, on le voit, que dans des œuvres d'une simplicité rudimentaire,
où la beauté ne peut trouver place, car le beau est inséparable de l'har-
monie, qui est elle-même inséparable de la variété. Un obélisque, une
pyramide peuvent être sublimes : ils ne sauraient être beaux. 11 est donc
vrai de dire que le beau de l'architecture n'est pas indépendant et absolu ;
il est relatif et subordonné à une lin : c'est là sans doute le vice de ce
grand art ; mais ce vice n'est pas ineurable.

L'homme est libre, avons-nous dit, en vertu du principe même qui lui
fait comprendre la nécessité. L'architecte peut donc reconquérir en
quelque sorte sa liberté, s'il transforme une nécessité physique en une
nécessité morale, c'est-à-dire s'il accomplit comme une œuvre de choix
volontaire ce qui lui est imposé par la nature des choses. Le sage fait de
la nécessité une vertu : l'architecte en fait une beauté.

11 est même à remarquer, en faveur de l'architecture, que ses œuvres
sont de pures créations de l'esprit. Si, d'une part, elle est forcée d'obéir
aux lois de la matière et aux rigueurs de la science, de l'autre, elle
n'est point assujettie, comme la peinture et la statuaire, à l'imitation
précise d'un modèle fourni par la nature. Au lieu d'avoir à imiter les
ouvrages de Dieu, elle n'imite que ses pensées. Tout ce qu'elle touche,
elle le façonne à son gré. Au moyen de matières inertes, pesantes, sou-
vent grossières, elle exprime l'invisible, l'impondérable, l'idéal. Par là
elle retrouve magnifiquement son indépendance et sa grandeur.

Nous avons déjà montré comment les idées et la religion des différents
peuples modifient les grands aspects de leurs monuments : nous devons
considérer maintenant les variétés qu'engendrent dans l'architecture le
climat, les matériaux et la configuration du sol.

Le Climat.—Transportons-nous au commencement de la civilisation,
dans les pays qui furent le berceau de l'humanité et d'où nous vient la
lumière. Les montagnes de ces contrées sont hautes et froides ; mais les

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