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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 3
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Delaborde, Henri: La collection de tableaux de M. Le Comte Duchatel, 2, Écoles des pays-bas, école allemande: les cabinets d'amateurs à Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0274

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266

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de Raphaël, un marbre de Phidias, si certain qu'on soit d'avance de
demeurer bien au-dessous de ces incomparables modèles, conseilleront
le travail et donneront l'envie de produire. Quel peintre, quel sculpteur,
sera tenté de se mettre à l'œuvre au sortir d'une galerie peuplée des
toiles de Gérard de Lairesse, des statues de l'Ammanati ou de tels autres
piètres morceaux? On dirait que plus la lutte paraît facile, moins on
se sent d'humeur à l'accepter, ou bien qu'il y a dans l'amour de l'art,
comme dans un autre amour, comme dans toutes les passions belles et
viriles, un redoublement d'ardeur, sinon d'espoir, en raison même de
la hauteur du but à atteindre et de l'impossibilité présumée du succès.
Aussi bien que la débauche, la misère de l'esprit est contagieuse. Qui-
conque veut se préserver de l'insalubrité et des souillures doit élever
sans cesse ses regards et son cœur, et, au risque de s'arrêter à mi-
côte, s'acheminer résolument vers les sommets.

Quelle que soit la condition où l'on se trouve, artiste, délégué de
l'État ou amateur, à quelque titre qu'on intervienne dans l'étude ou dans
le maniement des affaires de l'art, chacun a donc son rôle, ses devoirs,
sa part nécessaire d'influence et d'action; chacun, dans une certaine
mesure, a charge d'âmes, d'intelligences au moins. N'exagérons rien
toutefois. Nous savons le ridicule des grands mots en pareille matière,
et le danger ou l'inconvenance qu'il y aurait à transformer en sacerdoce
et en pontifes des fonctions et des gens qui, Dieu merci, n'y prétendent
pas; mais nous savons aussi qu'il ne serait ni moins malséant ni moins
périlleux de laisser absolument le soin du progrès aux hasards de l'in-
spiration, à la routine de certains procédés administratifs ou aux capri-
cieuses largesses des curieux de rencontre et des demi-connaisseurs.
Nous croyons, et nous oserons dire qu'en fait d'art et de beau, il faut aimer
trop pour aimer assez, être intolérant pour être juste, fanatique au besoin
pour rester convaincu. Nous croyons enfin que, dans le domaine des beaux-
arts, l'estimable ne saurait compter : il n'y a que l'excellent qui vaille.
L'examen de la galerie dont nous avons indiqué les richesses principales
n'eût-il d'autre résultat que de nous remettre en mémoire ce lieu com-
mun qui est toujours une vérité nouvelle, puisque nous agissons le plus
souvent comme si nous en avions perdu le souvenir, il y aurait là pour
chacun de nous quelque profit encore et quelque enseignement utile à
méditer.

U E N II I DELA.BOKDE.
 
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