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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 3
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Jacquemart, Albert: L' art dans les faiences hispano-moresques
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0276

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268

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

celui des Arabes ; néanmoins, comme les deux styles offrent des diffé-
rences bien tranchées, il me paraît important de ne pas les confondre.
On peut citer, par exemple, comme type du style arabe, la mosquée de
Gordoue, fondée au vme siècle, tandis que l'Alhambra de Grenade, palais
commencé vers la fin du xnr siècle, serait le type du style moresque. »

Certes la distinction est excellente: Mt Girault de Prangey l'avait net-
tement indiquée. On pourrait dire que dans l'art arabe le rameau mo-
resque correspond assez bien à ce qu'on nomme gothique flamboyant
dans l'architecture ogivale d'Occident. C'est la dernière expression d'une
recherche savante, c'est le luxe d'une imagination féconde épuisant ses
ressources dans les infinies combinaisons d'une donnée déjà riche par
elle-même.

Mais, sans chercher à définir ce qui ne peut l'être, jetons un rapide
coup d'œil sur les usines principales dont M. Davillier a résumé l'histoire.
Fidèle à son titre, le savant écrivain n'a voulu s'occuper que des localités
où la fabrication établie par les Mores a continué dans le même genre
et pour ainsi dire avec les mêmes procédés. Dès lors, trois centres seule-
ment, Malaga, Majorque et Valence, ont appelé son attention.

« C'est à Malaga qu'a commencé, suivant toute vraisemblance, la
fabrication des faïences hispano-moresques : son voisinage de Grenade,
sa situation maritime, ses relations fréquentes et son commerce avec
l'Orient, tout porte à le croire. » Un curieux passage du voyageur Ibn-
Batoutah, de Tanger, qui écrivait vers 1350, en fournit même la preuve1 :
« On fabrique à Malaga, dit-il, la belle poterie ou porcelaine dorée, que
« l'on exporte dans les contrées les plus éloignées. » Ce voyageur, qui
av.ait visité et décrit Grenade, n'y mentionne pas de fabriques de faïences,
ce qui permet de croire qu'il n'en existait pas, du moins, qui fussent
dignes d'être remarquées.

« On est donc autorisé à croire, poursuit M. Davillier, que le grand
centre de fabrication du royaume de Grenade était la ville de Malaga, et
puisque nous savons par Ibn-Batoutah qu'elle exportait ses belles poteries
dorées dans les centres les plus éloignés, nous devons en conclure qu'elle
les expédiait aussi dans l'intérieur du royaume et surtout dans la capi-
tale. Ceci admis, on peut, avec beaucoup de vraisemblance, rapporter à
la fabrique de Malaga le fameux vase de l'Alhambra, le plus beau monu-
ment de faïence moresque connu, et aussi le plus ancien ; et ce qui me
confirme encore dans cette opinion, c'est que le vase de l'Alhambra, autant
qu'on peut en juger par la forme des caractères et le style des ornements

I ■ Voyages d'Ibn-Batoutah, traduction Dufrémery. Paris, 1838 : in-8".
 
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