^02 GAZETTE DES BEAUX - ARTS.
quer à l'École des beaux-arts, dans les sections de peinture et de sculp-
ture, l'institution de cours destinés à ouvrir l'esprit des jeunes gens, à
leur faire connaître la marche logique des arts, les conditions de leur
développement et de leur existence, l'histoire vraie des civilisations, bien
autrement fertile, à notre avis, que cette histoire quasi mythologique qui
remplit l'esprit d'idées vagues, à moins qu'on ne prenne sérieusement
la peine d'expliquer la mythologie; si, à côté de cet enseignement pure-
ment matériel devant le modèle, il n'y aurait pas à adopter la méthode,
si heureusement expérimentée, du dessin de mémoire; si, au lieu d'une
seule classe devant le modèle, corrigée indifféremment par plusieurs
professeurs, il n'y aurait pas lieu d'ouvrir autant d'académies qu'il y au-
rait de professeurs, afin de laisser à chaque groupe d'élèves, à chaque
atelier, son caractère; s'il ne serait pas prudent d'introduire des modi-
fications dans la manière de juger les concours. SNous demanderons
encore si une École des beaux-arts ne doit pas tendre à encourager les
esprits d'élite, les talents originaux. Découragez les médiocrités, au lieu
de chercher à faire passer les aptitudes et les intelligences diverses sous
un niveau commun, car on ne voit guère le profit que peut tirer une
société à favoriser l'égalité dans le médiocre, quand il s'agit des arts.
E. VIOLLET-LE-DUC.
(La suite prochainement.)
quer à l'École des beaux-arts, dans les sections de peinture et de sculp-
ture, l'institution de cours destinés à ouvrir l'esprit des jeunes gens, à
leur faire connaître la marche logique des arts, les conditions de leur
développement et de leur existence, l'histoire vraie des civilisations, bien
autrement fertile, à notre avis, que cette histoire quasi mythologique qui
remplit l'esprit d'idées vagues, à moins qu'on ne prenne sérieusement
la peine d'expliquer la mythologie; si, à côté de cet enseignement pure-
ment matériel devant le modèle, il n'y aurait pas à adopter la méthode,
si heureusement expérimentée, du dessin de mémoire; si, au lieu d'une
seule classe devant le modèle, corrigée indifféremment par plusieurs
professeurs, il n'y aurait pas lieu d'ouvrir autant d'académies qu'il y au-
rait de professeurs, afin de laisser à chaque groupe d'élèves, à chaque
atelier, son caractère; s'il ne serait pas prudent d'introduire des modi-
fications dans la manière de juger les concours. SNous demanderons
encore si une École des beaux-arts ne doit pas tendre à encourager les
esprits d'élite, les talents originaux. Découragez les médiocrités, au lieu
de chercher à faire passer les aptitudes et les intelligences diverses sous
un niveau commun, car on ne voit guère le profit que peut tirer une
société à favoriser l'égalité dans le médiocre, quand il s'agit des arts.
E. VIOLLET-LE-DUC.
(La suite prochainement.)